Depuis l’arrivée de plus de 400 soldats étrangers déployés pour « restaurer la sécurité » en Haïti, une question revient sur toutes les lèvres : à quoi sert réellement cette mission ? Alors que des millions de dollars américains ont été injectés pour bâtir une base ultra-sécurisée à proximité de l’aéroport de Port-au-Prince, la situation sécuritaire continue de se dégrader.
Un bunker à l’aéroport : et après ?
Positionnée stratégiquement près de l’aéroport, cette base flambant neuve semble avoir un objectif clair : protéger ses occupants. Pendant ce temps, l’aéroport, symbole de souveraineté et de connexion au monde extérieur, est régulièrement paralysé par les menaces de gangs qui prolifèrent aux alentours. Ironie du sort, cette force « multinationale » n’a même pas réussi à garantir la sécurité des voyageurs ni à rétablir les activités normales de l’aéroport.
Avec ses 450 soldats, cette mission ressemble davantage à une forteresse isolée qu’à une véritable force de changement. Les quartiers de Port-au-Prince et les villes environnantes continuent de sombrer sous le contrôle des criminels, tandis que cette mission semble plus préoccupée par la protection de sa propre base que par la libération des zones étouffées par les gangs.
Un coût exorbitant pour un impact dérisoire
Les États-Unis ont déjà alloué plus de 130 millions de dollars pour financer cette opération, principalement destinés à la construction et à la gestion de la base. Ces ressources colossales auraient pu être investies dans le renforcement de la Police Nationale d’Haïti (PNH), dans l’éducation ou dans des programmes sociaux ciblant les causes profondes de l’insécurité. Mais non, ces millions servent surtout à loger des troupes confortablement installées dans des bunkers climatisés.
Pendant ce temps, les habitants de Cité Soleil, Martissant et Carrefour continuent de vivre dans la peur constante. Des familles entières fuient leurs foyers transformés en zones de guerre, sans aucun espoir de secours rapide. Pourtant, cette mission, censée appuyer la PNH, se contente d’un rôle de spectateur face à un pays en proie aux flammes.
Une mission qui suscite l’ironie plutôt que la confiance
Soyons clairs : cette mission multinationale semble avoir un rôle précis, mais limité – donner l’illusion qu’on agit. Comment justifier qu’avec un tel financement et une expertise internationale, les gangs continuent de gagner du terrain ?
À ce rythme, les troupes étrangères finiront par se limiter à défendre leur propre base, tandis que le reste du pays sombrera dans le chaos. Peut-être serait-il plus juste de la rebaptiser « Mission Multinationale d’Auto-protection », tant il semble évident que la sécurité des civils n’est pas leur priorité.
Et si on changeait de cap ?
Face à ce tableau affligeant, il est temps de poser les vraies questions. Haïti a-t-elle besoin de troupes étrangères confinées dans une base ou d’un soutien stratégique pour renforcer ses institutions ? Le problème de l’insécurité dépasse les simples gangs. Il est enraciné dans des décennies de mauvaise gouvernance, de pauvreté et d’exclusion sociale.
La solution réside dans des réformes structurelles, un investissement massif dans l’éducation, la justice et une coopération internationale qui ne se limite pas à montrer les muscles. Tant que ces priorités seront ignorées, toutes les missions – aussi coûteuses soient-elles – ne resteront que des pansements sur une plaie béante.
Une illusion coûteuse
Au final, la mission multinationale d’appui à la sécurité en Haïti semble être davantage une opération de relations publiques qu’une réelle initiative de pacification. Pendant que les Haïtiens souffrent, des millions de dollars sont dépensés pour maintenir une illusion de sécurité. Peut-être qu’au prochain chapitre, ces forces proclameront protéger le soleil et les étoiles – à condition, bien sûr, que ces derniers ne s’approchent pas trop de l’aéroport.
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