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Kenya – Le Président Ruto s’attaque à la corruption à grande échelle dans l’administration publique

today2025-02-20 1

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Le gouvernement kényan durcit le ton face à la corruption endémique qui gangrène l’administration publique. Sous l’impulsion du président William Ruto, une nouvelle directive impose désormais des sanctions financières aux agents publics impliqués dans la mauvaise gestion des ressources de l’État. Ce virage, marqué par une volonté affichée de responsabiliser chaque fonctionnaire, repose sur l’Agenda de Transformation Économique Bottom-Up (BETA), censé instaurer une gestion plus rigoureuse des finances publiques.

Dans une lettre officielle datée du 11 février 2025, le chef de cabinet et responsable du service public, Felix Koskei, a ordonné aux secrétaires principaux d’appliquer des pénalités financières aux fonctionnaires coupables de détournements ou de dépenses illégales. Cette directive s’appuie sur les constats alarmants de l’Auditeur général, dont les rapports annuels mettent en lumière des cas récurrents de gaspillage, de fraude et d’abus de pouvoir dans l’usage des fonds publics. Les institutions gouvernementales sont pointées du doigt pour des pratiques opaques qui compromettent le développement économique et affaiblissent la confiance des citoyens envers l’État.

La mesure prévoit que tout agent public reconnu responsable d’une perte financière pour l’État devra en assumer personnellement les conséquences en remboursant les sommes détournées. Ce dispositif s’appuie sur les articles 226 (5) et 232 (b) de la Constitution kényane, qui stipulent que tout gestionnaire de fonds publics doit rendre des comptes en cas de faute ou d’infraction aux principes de bonne gouvernance. Parmi les infractions visées figurent le non-respect des obligations comptables, la violation des procédures de contrôle budgétaire, l’engagement de dépenses non autorisées ou encore le retard dans le paiement des factures approuvées.

Pour garantir l’efficacité de cette réforme, Koskei a ordonné aux responsables administratifs de mettre en place des procédures de recouvrement des fonds détournés et d’engager des poursuites disciplinaires contre les fonctionnaires fautifs. Un mécanisme de surveillance renforcé sera instauré pour identifier les cas de corruption et assurer un suivi systématique des pertes financières. Par ailleurs, chaque ministère et agence publique devra soumettre un rapport détaillé sur les mesures prises avant le 14 avril 2025.

Cette offensive anticorruption s’inscrit également dans une dynamique plus large de contrôle international. En novembre 2024, le gouvernement kényan a sollicité l’expertise du Fonds Monétaire International (FMI) pour conduire un audit approfondi des pratiques de gouvernance au sein des ministères et des entreprises publiques. Cette initiative découle des exigences des bailleurs de fonds internationaux, qui conditionnent une partie de leur soutien financier à une plus grande transparence des institutions kényanes. Lors du KRA Summit 2024, le Premier secrétaire du cabinet, Musalia Mudavadi, a confirmé que cette demande avait été faite en concertation avec le président Ruto et d’autres parties prenantes clés.

Toutefois, cette approche volontariste ne fait pas l’unanimité. Certains analystes estiment que la simple application de sanctions financières ne suffira pas à enrayer la corruption si des réformes structurelles plus profondes ne sont pas mises en place. La question de l’impunité demeure au cœur du débat, de nombreux hauts responsables ayant échappé à des poursuites judiciaires malgré des preuves accablantes de malversations. De plus, les tensions politiques autour de cette politique anticorruption pourraient provoquer des résistances au sein même de l’appareil d’État, où certains acteurs influents bénéficient depuis longtemps d’une culture de la rente et de l’opacité.

Si la volonté de responsabiliser les gestionnaires publics est saluée par une partie de la société civile, sa mise en œuvre pose encore question. La capacité du gouvernement à imposer ces mesures sans favoritisme ni interférences politiques sera déterminante pour l’avenir de cette réforme. Le Kenya se trouve ainsi à un tournant décisif : soit il parvient à renforcer les mécanismes de contrôle et à restaurer la confiance dans l’administration publique, soit cette nouvelle politique ne sera qu’un énième signal d’alarme sans véritable impact sur la gouvernance du pays.

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