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Les visites de Powell et Clinton, Secrétaires d’État américains, ont laissé une trace ineffaçable en Haïti. Quelle sera celle d’Antony Blinken après sa visite du 5 septembre ?

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Les visites de Powell et Clinton, Secrétaires d’État américains, ont laissé une trace ineffaçable en Haïti. Quelle sera celle d’Antony Blinken après sa visite du 5 septembre ?
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La visite d’Hillary Clinton en Haïti en janvier 2011 s’inscrit dans une longue tradition d’ingérence étrangère dans les affaires politiques haïtiennes, a fait remarquer le Dr Josué Renaud de NEHRO. Cette tradition, selon lui, avait déjà été marquée quelques années auparavant par l’intervention du secrétaire d’État américain Colin Powell en 2004.

En effet, Powell s’était rendu en Haïti au milieu d’une crise politique intense et avait assuré au président Jean-Bertrand Aristide qu’il pourrait terminer son mandat. Pourtant, a rappelé M. Renaud, « peu de temps après le départ de Powell, Aristide a été contraint de quitter le pouvoir, un événement qui a renforcé l’image des États-Unis comme acteur principal dans la déstabilisation politique d’Haïti. »

Cette intervention a laissé un goût amer en Haïti, où elle est souvent perçue comme une trahison de la part des États-Unis, qui avaient pourtant promis de soutenir la stabilité du pays. « Le Core Group allait devenir les vrais détenteurs du pouvoir en Haïti. »

Sept ans plus tard, en janvier 2011, a poursuivi le leader des droits humains, « c’est au tour d’Hillary Clinton d’intervenir directement dans le processus électoral haïtien pour imposer le dévergondé et chef de gang Michel Martelly. »

Alors que les résultats préliminaires des élections présidentielles plaçaient Jude Célestin, le candidat soutenu par le président René Préval, en deuxième position pour un éventuel second tour, « la visite de Clinton a changé la donne, » a-t-il expliqué dans un entretien à Rezonodwes.com. « Sous la pression américaine, le Conseil Électoral Provisoire a retiré Célestin de la course, remplaçant son nom par celui de Michel Martelly, un chanteur populaire mais politiquement inexpérimenté, qui ne se trouvait pourtant pas en position d’aller au second tour. »

Ce geste a été perçu par beaucoup comme un coup électoral orchestré par les États-Unis pour installer un dirigeant plus aligné sur leurs intérêts.

En 2022, ces manipulations ont été officiellement confirmées par l’ancien sénateur Joseph Lambert, qui a révélé que Préval avait été contraint de céder à la pression américaine pour retirer Célestin de la course. De plus, le président des opérations électorales du CEP, Pierre-Louis Opont, a également avoué que les résultats annoncés publiquement ne correspondaient pas aux votes réels, confirmant ainsi les soupçons de fraude électorale.

Martelly, qui a ensuite été « élu » ou fait président, a été accusé dernièrement par le département du Trésor américain d’avoir alimenté les gangs en munitions, participé au blanchiment d’argent, et collaboré avec des trafiquants de drogue colombiens pour transformer Haïti en un point de transit pour la drogue à destination des États-Unis.

Aujourd’hui, à la veille de la visite d’Anthony Blinken en septembre 2024, le pays est à nouveau en proie à l’incertitude. Blinken, qui s’exprime couramment en français, « arrive en Haïti avec des objectifs multiples, » a soutenu le secrétaire exécutif de la New England Humans Rights Organization. « Il s’agirait probablement de faire pression pour organiser des élections en 2025, malgré l’insécurité croissante qui paralyse le pays, » a avancé Josué Renaud.

Cependant, a-t-il insisté, « la sécurité demeure la priorité des Haïtiens, qui se demandent si des élections peuvent réellement se tenir sans un rétablissement préalable de l’ordre public. » La mission kényane, mandatée par le Conseil de sécurité de l’ONU pour stabiliser le pays, n’a jusqu’à présent pas réussi à endiguer l’influence des gangs, laissant planer de sérieux doutes sur l’avenir immédiat d’Haïti.

L’autre enjeu de la visite de Blinken, le 5 septembre prochain, selon l’analyse de Renaud, concerne la gouvernance actuelle du pays, notamment la question des conseillers présidentiels accusés de divers méfaits, y compris le braquage de banques. Ces conseillers, tels que le Dr Loui Gérald Gilles, Me Emmanuel Vertillaire et le Dr Smith Augustin, ont été largement critiqués, et Blinken pourrait bien exiger leur retrait en faveur de nouvelles figures politiques, « les mêmes Yes Sir« .

En outre, la question de la réforme constitutionnelle et du rôle du CEP dans ce processus reste un point de tension, car de nombreux observateurs et patriotes nationalistes conséquents estiment que toute modification constitutionnelle devrait être le fruit d’un processus parlementaire légitime, et non imposée par un groupe restreint et par-dessus tout illégitime.

Ainsi, trois visites de secrétaires d’État américains en Haïti—celle de Colin Powell en 2004, d’Hillary Clinton en 2011, et maintenant celle de Blinken en 2024—ont marqué des moments clés de l’histoire politique haïtienne, chaque visite laissant derrière elle des souvenirs contrastés, souvent empreints de désillusion. Il reste à voir quel souvenir Blinken laissera à son tour, alors que le pays traverse l’une des périodes les plus critiques de son histoire, avec des dirigeants soumis au « pape twèl » aux commandes depuis le 29 février 2004.

Sources :

  • Center for Economic and Policy Research (CEPR), Clinton E-Mails Point to US Intervention in 2010 Haiti Elections.
  • Common Dreams, Hillary Clinton and Electoral Coup in Haiti.
  • Current Affairs, What The Clintons Did To Haiti.

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Écrit par: Viewcom04

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