Il est presque cocasse de voir M. Renan Hédouville, dont le mandat à la tête de l’Office de la Protection du Citoyen (OPC) a officiellement expiré, se poser en ultime rempart de l’intégrité institutionnelle, lui qui, pendant sept ans, a su transformer l’OPC en une véritable « entreprise familiale ». On pourrait croire que, tout comme M. Conille avant lui – parachuté au poste de Premier ministre grâce au soutien de l’international mais incapable de résister aux pressions du Conseil présidentiel de transition (CPT) – M. Hédouville saurait reconnaître la fin de son règne. Mais non, voilà qu’il persiste à jouer les irréductibles protecteurs du citoyen, prêt à engager un duel perdu d’avance contre un CPT qui, visiblement, a déjà tourné la page de cette saga familiale.
Alors, M. Hédouville, ancien « chef d’entreprise » de l’OPC, espère-t-il réellement pouvoir tenir tête au CPT ? L’ironie du sort est manifeste : après avoir fait son beurre, voilà qu’il prétend encore défendre l’autonomie de cette institution qu’il a, de manière tout à fait opportune, érigée en fief personnel.
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Port-au-Prince, 14 novembre 2024 –
Renan Hédouville, ancien Protecteur du Citoyen, refuse de quitter la tête de l’Office de la Protection du Citoyen (OPC), bien que son mandat ait expiré le 27 octobre 2024. Ce bras de fer s’intensifie depuis la nomination intérimaire du juge Jean Wilner Morin par le Conseil présidentiel de transition (CPT), une décision que Hédouville dénonce comme une « manœuvre illégale » visant à affaiblir l’institution.
Lors d’une conférence de presse ce jeudi, Hédouville a contesté vigoureusement l’arrêté signé par Leslie Voltaire, arguant que celui-ci viole la loi organique de l’OPC. Cette loi stipule que la nomination d’un protecteur doit être réalisée par appel à candidatures, sous l’égide du parlement, avant l’expiration d’un mandat. Pour Hédouville, l’indépendance de l’OPC est essentielle pour garantir la défense des droits humains en Haïti, et il fustige les ingérences répétées de l’exécutif qui, selon lui, menacent l’intégrité de l’institution.
« Nous ne pouvons tolérer que l’OPC devienne un instrument au service d’intérêts politiques », a-t-il affirmé, déterminé à préserver l’autonomie de l’institution. En réponse à cette « tentative de prise de contrôle déguisée », Hédouville a annoncé son intention d’entreprendre des démarches judiciaires, soutenu par des avocats de renom, dont le cabinet de Patrick Laurent. Il envisage également de solliciter l’appui d’organisations internationales de défense des droits humains pour renforcer sa position.
Cependant, Hédouville ne fait pas l’unanimité. Des voix s’élèvent au sein de la société civile, notamment l’Organisation Citoyenne pour une Nouvelle Haïti (OCNH), qui l’accuse d’avoir transformé l’OPC en une « administration familiale », jetant ainsi le doute sur son engagement envers la mission de l’institution.
Cette situation pose de sérieuses questions sur l’avenir de l’OPC et sa capacité à opérer de manière indépendante dans un contexte de pressions politiques accrues. Les semaines à venir pourraient s’avérer cruciales pour l’avenir de la protection des droits des citoyens haïtiens, alors que Hédouville se prépare à mener ce combat pour l’intégrité de l’institution.
Ce face-à-face entre Hédouville et le CPT met en exergue les tensions croissantes entre les institutions de l’État, révélant les défis de la gouvernance dans un système politique fragmenté. La question demeure : Renan Hédouville s’est-il contenté d’étudier l’OPC, ou a-t-il également appris à naviguer dans les eaux troubles de la politique haïtienne ?
Guyno DUVERNE
duverneguyno@gmail.com
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