Le silence officiel de la Primature haïtienne face à l’effondrement social et à la violence qui lacère le pays interroge.
Depuis le 21 février, aucune communication n’a été diffusée sur les canaux numériques officiels de la Primature, laissant place à une absence qui résonne avec la brutalité du quotidien. Le dernier acte consigné remonte à la visite du Premier ministre Alix Didier Fils-Aimé, transporté par hélicoptère pour inaugurer deux centres de santé dans une zone reculée des Nippes. Ces infrastructures, bien que présentées comme un souffle d’espoir, s’inscrivent dans une réalité où les centres de santé eux-mêmes peinent à fonctionner, privés de ressources de base, souvent déconnectés des besoins criants de la population. Cette séquence médiatique, figée depuis environ deux semaines contraste avec la frénésie mortifère qui ensanglante Delmas, Carrefour-Feuilles, Kenskoff, Poste Marchand, Tabarre ou encore Pétion-Ville.
Que signifie cette absence prolongée de la voix gouvernementale alors que les rues se remplissent de corps sans vie, transportés sur des brouettes par des familles hantées par la peur, dépossédées de tout sauf du désir de rendre un dernier hommage ?
À Delmas 30, par exemple, la terreur impose ses rites, substituant aux cérémonies funéraires traditionnelles des funérailles clandestines, à l’abri des regards et des balles. Pendant ce temps, la Primature reste murée dans un silence numérique et institutionnel. Est-ce la crainte de reconnaître l’effondrement de l’autorité de l’État ? Ou une stratégie délibérée de gestion de l’image, où la visibilité se limite à des actes ponctuels de communication instrumentalisés, évacuant toute reconnaissance de la crise humanitaire ?
Quelle responsabilité incombe à ceux qui occupent les plus hautes fonctions de l’État lorsqu’ils choisissent de se taire face à l’agonie d’un peuple ?
Cette forme d’abandon institutionnel s’apparente-t-elle à une complicité passive avec les forces qui sèment la terreur ? La population haïtienne, par ses impôts et sa patience érodée, finance-t-elle une machine étatique vouée à l’inertie ? Si gouverner consiste à protéger, comment justifier l’absence de tout mécanisme visible de protection ? Peut-on envisager qu’au cœur même de la Primature, le silence soit devenu la seule réponse face à l’indicible ?
Le plus récent message de la Primature, publié le 21 février, se réfère à un événement du 17 février.
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