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RADIO DROMAGE
minute de la rédaction
Justice équitable : l’art de se juger entre copains
Quand des membres du Conseil Présidentiel de Transition et de la Primature, eux-mêmes visés par des accusations de corruption et de détournement de fonds publics, signent un communiqué de presse appelant à « une justice équitable pour lutter contre l’impunité », on se demande s’il s’agit d’un appel sincère ou d’un sketch mal fignolé. Le comble de l’ironie est atteint : ces champions de la transparence, qui jonglent avec les recours juridiques pour se disculper, deviennent soudain les porte-paroles de la rigueur judiciaire. On aurait pu rire, si ce n’était pas si tragique.
À bien y regarder, cette sortie de M. Alix Didierr Fils-Aime, un diseur de bonne aventure, tombe à pic : juste avant une visite diplomatique de M. Alphonse Jean à la Jamaïque. À croire que la justice haïtienne fonctionne à géométrie médiatique. Dès qu’un avion est prêt à décoller, hop ! une note de presse tombe du ciel, promesse creuse en bandoulière. Une manière habile de fabriquer un semblant d’action publique dans un pays où l’État est aux abonnés absents, et où l’on gouverne surtout par communiqués interposés.
Sur le terrain, la justice n’est plus rendue, elle est négociée. Fils-Aime n’en ignore pas. Le Palais de Justice est aux mains des gangs, le Tribunal de 1ère Instance a été déplacé à la Croix-des-Bouquets comme un marché de fortune, sans sécurité ni structure. Les tribunaux du pays, sans parler de la Cour d’appel et de son fameux verdict en faveur des trois braqueurs de la BNC, sont devenus des décors fantomatiques, et les juges, quand ils osent encore siéger, doivent d’abord s’assurer que leur vie ne dépend pas d’un arrêt de bus mal fréquenté. Le tout dans un climat où, selon Transparency International, Haïti est classée au bas de l’échelle régionale avec un score de 17/100. Une performance olympique de la méfiance.
Alors, quand les mêmes qui contribuent au naufrage de l’appareil judiciaire se drapent dans les habits de redresseurs de torts, il devient difficile de distinguer la mauvaise foi de l’autoparodie. Une justice équitable ? Peut-être. Mais pour qui, et surtout contre quoi ? Car pour l’instant, le seul verdict qui tombe avec régularité, c’est celui de l’opinion publique : dégoût, méfiance, et sentiment d’abandon.
cba
The post Pour une « justice équitable » en Haïti, Alix Didier Fils-Aimé et les membres du CPT, des diseurs de bonne aventure first appeared on Rezo Nòdwès.
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