Kenya : un homme accusé d’avoir tué 42 femmes parvient à s’échapper de sa cellule de garde à vue

Fuite d’un présumé tueur en série à Nairobi : une nation en état de choc face à une nouvelle défaillance des forces de l’ordre

The Washington Post

NAIROBI — L’évasion spectaculaire de Collins Jumaisi Khalusha, un homme de 33 ans suspecté d’avoir tué au moins 42 femmes, dont sa propre épouse, a suscité une vague d’indignation à travers le Kenya. L’homme, qui avait avoué ces meurtres selon la police, a réussi à s’échapper de la cellule du poste de police de Gigiri à Nairobi en découpant un grillage métallique et en escaladant les murs périmétriques. Son évasion, qui a été découverte le lendemain matin, a exacerbé la colère dans un pays déjà traumatisé par la découverte macabre de corps démembrés dans une carrière abandonnée plus tôt cet été.

Khalusha, dont l’avocat a nié les accusations en affirmant que son client avait été torturé pour obtenir des aveux, était en détention provisoire alors que les enquêteurs cherchaient à rassembler davantage de preuves avant d’engager des poursuites formelles. Cependant, la fuite de Khalusha avec 12 autres détenus a mis en lumière des failles béantes dans le système de sécurité du pays.

Lors d’une conférence de presse tenue mardi soir, l’Inspecteur général de la police par intérim, Gilbert Masengeli, a révélé que des policiers avaient aidé les 13 détenus à s’évader du poste de police de Gigiri. « Nos premières investigations indiquent que cette évasion a été facilitée de l’intérieur, compte tenu de la présence d’agents affectés à la garde de la station », a-t-il déclaré, précisant que l’affaire fait l’objet d’une enquête par l’unité des affaires internes et que toute personne reconnue coupable devra répondre de ses actes.

La découverte des corps démembrés dans une carrière abandonnée remplie d’eau et de déchets a choqué le pays. Plusieurs corps, trouvés enfermés dans des sacs en plastique et ligotés avec des cordes, ont été découverts dans la zone de Kware à Nairobi le 12 juillet. Un employé de la morgue de Nairobi, qui a requis l’anonymat, a confirmé que 13 corps avaient été découverts sur le site, et les autorités estiment que Khalusha est lié à de nombreux autres décès.

Kyalo Wambua, un travailleur de la carrière âgé de 29 ans, a raconté avoir aidé à récupérer les corps après qu’une femme, croyant que sa sœur disparue pourrait y être, ait donné un tuyau. Descendant dans la décharge, maintenu par une corde, Wambua a découvert un premier corps dans un sac, suivi de plusieurs autres. « J’ai été choqué parce que je n’avais jamais vu quelque chose de semblable », a-t-il déclaré, ajoutant que plusieurs corps étaient ceux de jeunes femmes.

La nouvelle de l’évasion de Khalusha a provoqué une onde de choc chez les activistes des droits humains, qui peinent à comprendre comment un tel individu a pu échapper à la surveillance. « Dans ce pays, nous n’avons pas de justice, ni en tant que femmes, ni en tant que peuple », a déclaré Millian Nyamoita, une militante des droits humains de 22 ans résidant à Kware.

Cet incident rappelle tristement l’évasion d’un autre présumé tueur en série en 2021, accusé d’avoir tué 10 enfants sur une période de cinq ans. Trois jours après son évasion, il avait été lynché par une foule après avoir été reconnu dans sa ville natale. Plus récemment, un autre détenu, Kevin Kangethe, accusé d’avoir tué sa petite amie à Boston en novembre 2023, s’était échappé de sa cellule à Nairobi avant d’être à nouveau arrêté.

La répétition de ces évasions tragiques soulève de sérieuses questions sur la compétence des forces de l’ordre et sur la sécurité des citoyens. Le pays tout entier reste suspendu aux conclusions de l’enquête en cours, dans l’espoir que justice soit rendue et que les responsables soient tenus pour responsables de leurs actes.

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