L’Unité de lutte contre la corruption du gouvernement haïtien vient d’accuser de corruption trois des neuf membres du Conseil présidentiel de transition.
Plus précisément, Louis Gérald Gilles, Smith Augustin et Emmanuel Vertilaire sont accusés de corruption passive, de versement de pot-de-vin et d’abus de fonction.
Se trouvera-t-il des Haïtiens pour s’en étonner?
Malheureusement, à travers ces accusations, c’est l’ensemble du Conseil présidentiel de transition qui est sali. Au point où d’autres accusations contre d’autres membres de ce Conseil paraissent être une simple question de temps.
Aggravation
En parallèle, la crise s’aggrave en Haïti. Près de la moitié de la population souffrirait de faim.
Les violences ne se sont pas atténuées, malgré l’arrivée de la Mission multinationale dirigée par le Kenya.
En plus, la République dominicaine, qui partage la même île qu’Haïti, vient de décider d’expulser les immigrants haïtiens illégaux qui se trouvent sur son sol au rythme de 10 000 par semaine. Déjà en 2023, 250 000 d’entre eux avaient été chassés de République dominicaine.
Et pour être bien certain qu’ils ne reviendront pas, le gouvernement dominicain a décidé de poursuivre la construction d’un mur de 164 km entre les deux pays, en plus de renforcer les mesures de surveillance de la frontière.
À l’évidence, Haïti n’a pas fini de s’enfoncer et les pauvres Haïtiens n’ont pas fini de souffrir non plus.
Peu de solutions
Au stade de pourriture politique où est parvenu Haïti, il n’existe plus beaucoup de solutions. La force multinationale ne parvient pas à rétablir l’ordre. La culture haïtienne de corruption est plus forte même que l’urgence nationale.
Dans ces conditions, Haïti continuera de péricliter jusqu’à ce que de nouvelles forces intérieures plus ou moins criminelles finissent par prendre pleinement le pouvoir.
Idéalement, le pays devrait être placé sous tutelle par les Nations Unies, pour une période de 20 ou 30 ans.
Tutelle
Mais les Haïtiens ne sont pas prêts à accepter cette solution qui serait vécue comme une recolonisation.
Pourtant, ce n’est pas le peuple qui est responsable du délabrement du pays, mais plutôt une bonne partie de ses élites.
La mise sous tutelle est une pratique exceptionnelle, mais acceptée dans les démocraties, lorsque des situations de corruptions deviennent extrêmes dans une institution, une administration ou une ville.
C’est le cas du gouvernement haïtien, de l’exécutif au législatif, en passant par le judiciaire. Seule une minorité d’Haïtiens semble échapper à la culture de corruption qui règne dans le pays.
La population haïtienne finira peut-être par comprendre les avantages d’une tutelle.
Cependant, les élites politiques et économiques ont tellement à perdre dans une tutelle qu’elles s’y opposeront avec vigueur.
À moins qu’elles ne parviennent à comprendre que l’alternative, c’est-à-dire la victoire de bandes criminelles armées, serait bien pire pour elles.
Ne retenez pas votre souffle.
Haïti de mal en pis. Vers une mise en tutelle? | JDM (journaldemontreal.com)
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