Non classé

À la Sorbonne, le Recteur de l’UEH relance le combat pour la restitution et la réparation de la dette de 1825

today2025-12-18

À la Sorbonne, le Recteur de l’UEH relance le combat pour la restitution et la réparation de la dette de 1825
share close

Le professeur Dieuseul Prédélus plaide pour une justice historique entre Haïti et la France lors d’une conférence internationale à Paris.

Le professeur Dieuseul Prédélus, Recteur de l’Université d’État d’Haïti (UEH) et président du Comité National Haïtien de Restitution et de Réparation (CNHRR), a porté la voix d’Haïti au cœur de l’Université Panthéon-Sorbonne, à l’occasion d’une conférence publique consacrée au thème : « Haïti–France, 1825-2025 : Indemnités postcoloniales, bilan et perspectives ». Cette rencontre a réuni universitaires, intellectuels haïtiens et étrangers, membres de la diaspora ainsi que des étudiants, autour de la question de la « double dette » imposée à Haïti par la France en 1825.

D’entrée de jeu, le président du CNHRR a livré une déclaration forte et symbolique, inscrivant son intervention dans une quête de justice historique. « C’est avec une émotion particulière que je me tiens aujourd’hui dans cette prestigieuse enceinte de La Sorbonne […] pour porter devant vous une parole qui résonne depuis deux siècles dans le cœur du peuple haïtien », a-t-il déclaré, évoquant une exigence de dignité, de restitution et de réparation.

Revenant sur les faits historiques, le professeur Prédélus a rappelé que, sous la menace des canonnières françaises, Haïti fut contrainte de verser une indemnité exorbitante aux anciens colons, condition imposée pour la reconnaissance de son indépendance. « Un peuple qui avait conquis sa liberté au prix de son sang devait payer pour ne pas être remis en esclavage », a-t-il souligné, dénonçant l’absurdité morale et l’injustice profonde de cette transaction.

Contractée auprès de banques françaises à des taux qualifiés d’usuraires, cette dette a, selon lui, enfermé Haïti dans une spirale d’endettement pendant plus d’un siècle, freinant durablement son développement. « Chaque école non construite, chaque route non tracée, chaque hôpital non bâti pendant plus d’un siècle porte l’empreinte de cette dette inique », a-t-il affirmé.

Au cœur de son intervention, le président du CNHRR a tenu à préciser que la revendication haïtienne ne relevait ni de la charité ni de la revanche. « La restitution que nous réclamons n’est pas une faveur, c’est un acte de justice élémentaire », a-t-il insisté, s’appuyant sur le droit international contemporain et les principes des Nations unies relatifs aux crimes contre l’humanité. Il a rappelé que l’esclavage transatlantique, crime contre l’humanité, constitue le fondement même de la dette de 1825, évoquant des estimations situant sa valeur actualisée entre 21 et 115 milliards de dollars américains.

L’intervention a également mis en lumière une évolution notable du débat en France. Le professeur Prédélus a salué l’émergence d’« une nouvelle génération de Français » disposée à affronter la vérité historique, citant la création d’une commission mixte d’historiens franco-haïtiens ainsi que la résolution adoptée par l’Assemblée nationale française le 5 juin 2025, invitant le gouvernement à explorer des voies de restitution. « Ceci témoigne de l’avènement d’une autre communauté d’idées en France qui pense à écrire l’histoire autrement entre nos deux peuples », a-t-il déclaré.

Résolument tourné vers l’action, le CNHRR entend structurer son combat. Son président a présenté une feuille de route pour 2026, comprenant la mise en place de sous-groupes de travail, l’organisation de colloques scientifiques, l’octroi de bourses de recherche, la publication d’ouvrages de référence et la création d’une chaire universitaire dédiée à la question de la double dette. « Le CNHRR ne s’est pas enfermé dans un attentisme, mais entend bien engager ce combat à bras le corps », a-t-il martelé.

Dans un appel vibrant à l’unité nationale, le professeur Prédélus a rappelé que cette lutte dépasse les clivages politiques, sociaux ou générationnels. « Tous les Haïtiens ont hérité des conséquences de cette spoliation », a-t-il souligné, invitant particulièrement la diaspora à jouer un rôle actif dans la mobilisation internationale.

Pour le président du CNHRR, la restitution et la réparation ne constituent pas un règlement de compte avec le passé, mais une opportunité historique. « Pour Haïti, c’est une question de dignité retrouvée et de développement enfin possible. Pour la communauté internationale, c’est une opportunité de corriger une injustice », a-t-il conclu.

Animée par le professeur Jean Marie Théodat, la conférence a également été marquée par l’intervention du professeur Ronald Jean Jacques, qui a apporté des précisions sur les objectifs et le fonctionnement du CNHRR. Les échanges nourris avec le public ont confirmé l’actualité et la portée universelle du débat sur la restitution et la réparation, au cœur des enjeux de justice historique et de dignité humaine.

À lire aussi:

Coupe du monde 2026 : la FIFA lance des billets à 60 dollars pour calmer la colère des supporters

Écrit par: Viewcom04

Rate it

Articles similaires


Radio Tv Dromage
Résumé de la politique de confidentialité

Ce site utilise des cookies afin que nous puissions vous fournir la meilleure expérience utilisateur possible. Les informations sur les cookies sont stockées dans votre navigateur et remplissent des fonctions telles que vous reconnaître lorsque vous revenez sur notre site Web et aider notre équipe à comprendre les sections du site que vous trouvez les plus intéressantes et utiles.