Bicentenaire de la dette de l’indépendance : le CPT crée un Comité National de Restitution et de Réparation
À la date symbolique marquant les 200 ans de l’ordonnance du roi Charles X imposant une indemnité pour la reconnaissance de l’indépendance d’Haïti, le Conseil Présidentiel de Transition (CPT) a officiellement annoncé, par arrêté publié dans Le Moniteur, la création du Comité National Haïtien de Restitution et Réparation (CNHRR).
Selon l’arrêté, cette initiative majeure, qui s’inscrit dans une dynamique régionale et historique, vise à structurer et renforcer la revendication haïtienne de réparations pour les crimes liés à l’esclavage, à la colonisation et à la rançon imposée à Haïti au XIXe siècle par la France et d’autres puissances coloniales.
Le CNHRR, rattaché au Rectorat de l’Université d’État d’Haïti (UEH), travaillera en étroite collaboration avec le Ministère des Affaires Étrangères. Il représentera Haïti auprès de la Commission des Réparations de la CARICOM ainsi que d’autres instances internationales concernées par la question des réparations.
Le Comité a pour missions principales de :
- conduire des études et des enquêtes pour étoffer le dossier haïtien relatif aux réparations ;
- finaliser les calculs des montants à réclamer, en les actualisant selon leur valeur économique contemporaine ;
- informer, sensibiliser et mobiliser les secteurs organisés de la société haïtienne, ainsi que l’opinion publique nationale et internationale, autour des enjeux du dossier ;
- identifier et mobiliser des acteurs et partenaires stratégiques, tant au niveau national qu’international, pour faire avancer la cause ;
- former une grande coalition en faveur de la restitution et des réparations ;
- veiller à l’utilisation efficiente et transparente des ressources qui seraient obtenues dans ce cadre.
La création de ce Comité intervient exactement le 17 avril, date marquant les 200 ans de l’ordonnance royale de 1825 par laquelle la France exigeait d’Haïti le paiement de 150 millions de francs or en échange de la reconnaissance de son indépendance, acquise en 1804 après une révolution victorieuse contre le système esclavagiste français. Ce lourd tribut, souvent qualifié de rançon de l’indépendance, a pesé pendant près d’un siècle sur l’économie haïtienne.
Le Comité National Haïtien de Restitution et Réparation (CNHRR) est composé de vingt-et-un (21) membres, reflétant une représentativité diversifiée de l’État, de la société civile et du monde académique. Il comprend ainsi : un représentant de la Présidence, un de la Primature, un du Ministère des Affaires Étrangères, et un du Ministère de l’Économie et des Finances. La société civile haïtienne y est représentée par cinq membres, désignés en fonction de leur engagement dans les luttes sociales et mémorielles. Enfin, le comité intègre douze personnalités issues du monde académique et scientifique, tant d’Haïti que de la diaspora, apportant une expertise pluridisciplinaire essentielle à la solidité et à la crédibilité du dossier haïtien sur la scène internationale.
Une nomination en accord avec le president Macron
L’arrêté présidentiel a également fait part de la nomination de Gusti Klara Gaillard-Pouchet comme membre de la Commission mixte franco-haïtienne sur la dette, créé par le president français dans sa déclaration officielle.
Cette initiative de l’Etat haïtien s’inscrit dans un contexte régional où plusieurs États membres de la CARICOM revendiquent désormais des réparations pour les crimes historiques de l’esclavage et de la colonisation.
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