Rapport ULCC | Dépenses excessives : les transactions de plus d’un million de Gourdes de Louis Gérald Gilles (SDP) avec la carte de crédit BNC et les retards de paiement associés

Louis Gérald Gilles, médecin de formation, ancien sénateur de la République d’Haïti et acteur politique de premier plan, croule sous de graves accusations liées à des soupçons de corruption financière. Dans un contexte marqué par un dysfonctionnement institutionnel et une défiance généralisée à l’égard de la classe politique, les révélations concernant la gestion de sa carte de crédit à la Banque Nationale de Crédit (BNC) ont fait apparaître sous un jour cru les pratiques de gouvernance au sein de l’Etat haïtien. Les enquêtes menées par l’Unité de Lutte Contre la Corruption (ULCC) ont révélé des transactions financières suspectes qui interpellent sur le respect des normes éthiques et des procédures légales par des personnalités publiques de premier plan.

Les investigations menées ont en effet démontré que Louis Gérald Gilles a effectué d’importantes dépenses via une carte de crédit émise par la BNC. Entre le 1er juin et le 4 août 2024, ses transactions ont atteint la somme substantielle de 1 027 336,82 gourdes, sans qu’aucun remboursement significatif n’ait été effectué. Seul un paiement de 55,700.00 gourdes a été versé le 2 août 2024, ce qui suscite des interrogations sur les pratiques de remboursement, ainsi que sur les critères d’utilisation de ces fonds. Ces révélations indiquent non seulement une désinvolture à l’égard des obligations financières, mais mettent également en évidence une mauvaise utilisation potentielle des ressources publiques.

Outre les transactions financières, l’enquête de l’ULCC a dévoilé un réseau complexe de sollicitations de fonds auprès de la BNC, qui n’a pas respecté les procédures réglementaires. Gilles, ainsi que d’autres personnalités telles que Smith Augustin (ancien ambassadeur) et Lonick Léandre (consul), ont ainsi sollicité des montants totalisant 100 000 000.00 gourdes. Leurs témoignages lors des audiences de l’ULCC ont été marqués par des dénégations et des tentatives de justification, jetant un doute sur la transparence et la légalité de leurs actions. Les circonstances entourant ces transactions sont révélatrices d’une violation des principes de gestion financière et de responsabilité politique.

Les déclarations de Louis Gérald Gilles lors de l’audition témoignent d’une attitude ambiguë à l’égard des accusations. Ses interactions avec Raoul Pascal Pierre-Louis, président du conseil d’administration de la BNC, et ses déclarations subséquentes dénotent une banalisation des pratiques de financement politique. Gilles a indiqué que l’approche de Pierre-Louis était destinée à compléter l’administration du Conseil d’administration de la BNC, dont Pierre-Louis était le président. Cette rationalisation pose des questions sur la frontière souvent floue entre les pratiques courantes dans la sphère politique haïtienne et les violations potentielles de l’éthique publique.

Les déclarations de Gilles, empreintes de familiarité et d’ambiguïté, dénotent un manque apparent de discernement quant aux implications juridiques de ses actes. L’une de ses principales expressions, « Prezidan mwen ou pote plent au lieu jere nou ? » (Président, je vois que vous portez plainte au lieu de nous gérer ?), dénote un manque de discernement quant aux implications juridiques de ses actes. (Président, je vois que vous portez plainte au lieu de nous gérer ?), traduit une posture défensive qui cherche à détourner le débat des questions éthiques et juridiques pour le ramener aux relations interpersonnelles et à la loyauté envers le réseau politique. Cette tentative de minimisation des faits reflète une culture de l’impunité profondément ancrée dans les milieux politiques haïtiens, où la démarcation entre la solidarité politique et la malversation financière reste floue.

De plus, les propos de Gilles trahissent une certaine tolérance à l’égard de comportements jugés inappropriés au regard des normes légales et éthiques. La mention de l’expression « au lieu ou jere nou » (plutôt que gérer) est révélatrice d’une acceptation implicite de pratiques douteuses, voire d’une collusion potentielle avec des activités corrompues. Ces éléments nourrissent des inquiétudes quant à la capacité des acteurs politiques à respecter les normes de bonne gouvernance et à assumer leurs responsabilités dans la gestion des fonds publics.

L’implication de Gilles dans des affaires de mauvaise gestion financière s’inscrit dans une dynamique plus large, où d’autres personnalités, telles que Smith Augustin, Lonick Léandre, et Raoul Pascal Pierre-Louis, sont également accusées de pratiques similaires. Ces allégations, accumulées et corroborées par des preuves, dressent le portrait d’une classe politique embourbée dans des pratiques de gouvernance opaques, avec des ramifications complexes entre intérêts personnels et fonctions publiques. La question de la gestion des cartes de crédit de la BNC est un exemple de favoritisme, de sollicitations financières illégales et de manœuvres politiques visant à consolider les positions de pouvoir.

Le cas de Louis Gérald Gilles quant à lui rappelle la fragilité des institutions haïtiennes face aux tentatives de détournement des ressources publiques. La transparence et la responsabilité, principes fondamentaux de l’État de droit, sont apparemment bafouées, ce qui compromet la confiance des citoyens envers leurs dirigeants. En poursuivant ses investigations, l’ULCC se propose de faire la lumière sur ces pratiques, tout en établissant des responsabilités précises afin de redéfinir les standards de la gouvernance en Haïti.

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