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PRA – CE QUE JE PENSE: DEVOIR MÉMORIEL

today2024-08-29 1

PRA – CE QUE JE PENSE: DEVOIR MÉMORIEL
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CE QUE JE PENSE : DEVOIR MÉMORIEL

Par Pierre Robert Auguste

En suivant aujourd’hui la commémoration très médiatisée des 80 ans de la libération de Paris de l’étau inhumain du nazisme, la ferveur mémorielle intergénérationnelle, que j’ai vue déployer les Français, m’a plongé dans une profonde tristesse. Cette tristesse naît de la comparaison avec l’insouciance mémorielle de nos dirigeants, aggravée par l’amnésie historique de nos élites et par une certaine tendance sociale sacrilège et iconoclaste. C’est comme si notre passé glorieux n’existait pas, ne valait plus sa transcendance universelle.

Il y a deux semaines, c’était le 14 août, date où l’humanité des esclaves se dressait comme un char militaire à l’assaut de l’oppression raciste. Il y a une semaine, ce fut le 21 août, où la détermination des Noirs s’est mariée à leur égrégore enflammé contre tous les symboles de l’esclavagisme, jusqu’à la fécondation des racines de la liberté, de l’égalité, de la fraternité encore retenues dans le cep de l’égoïsme individuel. Bientôt, en octobre, ce sera l’anniversaire de la mort de Christophe et de l’assassinat de Dessalines; en novembre, celui d’un des plus hauts faits de l’histoire militaire mondiale : la défaite, le 18 novembre 1803, de la plus grande armée de l’époque devant celle des indigènes, que le président Aristide allait détruire en 1994 pour son insatiable soif de pouvoir personnel, et que d’autres trahissent jusqu’à aujourd’hui par lâcheté et manque de sens de la dignité nationale.

Notre histoire s’étiole de génération en génération, dans ses manifestations. Le ministère de la Culture a été créé, mais on n’a jamais eu un véritable ministre de la Culture, hormis quelques volitions fragmentaires d’un Frankétienne, d’un Daniel Elie et d’un Pierre Raymond Dumas. Même les chroniques historiques, les éphémérides, s’effacent dans le répertoire des médias. La Société Haïtienne d’Histoire et de Géographie survit difficilement. Or, la magnification des faits historiques, les débats et les recherches qui s’y orchestrent sont appelés à jouer un rôle important dans la formation collective. Il est temps de couler la culture haïtienne dans le béton. Les générations ont besoin de se rendre dans les galeries, dans les musées, de repérer les sites patrimoniaux, de découvrir, dans une rue, sur le mur d’une maison, une plaque rendant hommage à un personnage illustre. Il faut créer cette habitude de valoriser, d’enrichir ce qui a été pour que ce qui sera devienne le lien entre les hommes et femmes d’hier et ceux d’aujourd’hui et de demain. La muséomanie doit s’infiltrer dans les mœurs comme un sentiment d’attachement au patrimoine individuel, local, national. La mémoire du passé n’est pas seulement un devoir, mais une manière pour un homme ou une femme de signifier qu’ils se nourrissent de leur dignité d’être.

Gonaïves, le 25 août 2024
Pierre Robert Auguste


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Écrit par: Viewcom04

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