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Un retour théâtral d’Alix Didier Fils-Aimé : le déjà-vu Prosper Avril de janvier 1990, dans une Haïti en ruine et livrée aux gangs

today2025-07-18

Un retour théâtral d’Alix Didier Fils-Aimé : le déjà-vu Prosper Avril de janvier 1990, dans une Haïti en ruine et livrée aux gangs
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Port-au-Prince, livré aux gangs et dont le ciel demeure fermé aux transporteurs aériens en raison d’une insécurité jamais résolue, a été jeudi le théâtre d’une mise en scène politique grossière rappelant à plusieurs égards les heures les plus sombres de l’histoire haïtienne à la fin des années 1980. Le retour d’Alix Didier Fils-Aimé, en provenance de Washington, a été « accueilli sous les acclamations d’une foule soigneusement mobilisée« , dénonce l’entrepreneur de l’Artibonite, Pierre Robert Auguste.

Banderoles déployées, slogans scandés, caméras prêtes à immortaliser l’instant — tout était orchestré pour projeter l’image d’un pouvoir défaillant encore enraciné. Pourtant, derrière ce décor, affirme M. Auguste, le spectacle masque un vide institutionnel profond et une colère populaire difficilement contenue, tandis que Marchand-Dessalines brûle simultanément.

Dans une entrevue accordée au journal, l’entrepreneur de l’Artibonite Pierre-Robert Auguste commente avec amertume : « Ce retour met en miroir celui du général Prosper Avril en 1990. Même rituel, même propagande, même dissimulation d’un pouvoir à bout de souffle. »

Effectivement, en janvier 1990, M. Avril rentrait d’un voyage diplomatique à Taïwan, accueilli par une cérémonie sous la pluie, symbole d’un règne isolé, discrédité à l’étranger et contesté à l’intérieur. L’illusion de légitimité, orchestrée par l’image et non par l’adhésion populaire, s’effondrait quelques semaines plus tard, alors que l’ancien putschiste quittait précipitamment le pouvoir sous la pression de l’opposition et des chancelleries occidentales.

Aujourd’hui, en 2025, on retrouve des échos troublants d’une autre époque. Alors qu’Alix Didier Fils-Aimé descend de l’hélicoptère à Port-au-Prince, le commissariat de police brûle à Marchand-Dessalines, des bandes armées occupent Lascahobas et Saut-d’Eau, et l’aéroport international demeure partiellement fermé. Le Département d’État américain, à peine vingt-quatre heures après avoir reçu Fils-Aimé à Washington, publie une alerte maximale déconseillant formellement tout voyage en Haïti. Pour Pierre-Robert Auguste, entrepreneur de l’Artibonite, « c’est une tragédie en deux actes : d’un côté, le chef du gouvernement parade ; de l’autre, l’État s’effondre, avec les gangs pavoisant dans le Centre. » Le pire, poursuit-il, « pas un seul communiqué pour masquer leur incapacité à diriger. »

Plus inquiétant encore, Auguste affirme que les foules accueillant Fils-Aimé ont été rémunérées avec des fonds publics. « C’est une comédie politique, financée par le contribuable haïtien, au bénéfice d’un gouvernement disqualifié », déclare-t-il. Cette stratégie d’illusion populaire, qui utilise l’espace public pour masquer la faillite politique, ne fait qu’accroître la fracture entre les élites dirigeantes et une population exsangue, abandonnée à l’arbitraire des groupes armés. Le simulacre remplace la politique, et le protocole tient lieu de légitimité.

À ce constat s’ajoute une série de promesses creuses : le retour annoncé du président colombien, la promesse d’élections sans date, la glorification d’un CEP contesté, et le silence absolu sur la tenue d’un référendum anticonstitutionnel. Ce silence est d’autant plus assourdissant que l’insécurité s’étend, que la jeunesse s’exile et que les institutions locales sont soit désertées, soit infiltrées. « Le retour de Fils-Aimé n’est pas un retour à la stabilité, mais un signal de plus de la dislocation de la gouvernance« .

Face à cette situation qu’il juge insoutenable, Pierre-Robert Auguste appelle à une mobilisation nationale le 3 août. Il exhorte les citoyens à reprendre la rue, à « désavouer ces retours-spectacles », et à réclamer une transition réelle vers un État responsable, doté de légitimité populaire.

Pour lui, « le pouvoir ne peut plus continuer à rejouer les scènes d’hier pendant que le pays s’enfonce. Ce théâtre doit prendre fin. » Le 3 août pourrait alors incarner une ligne de rupture, entre un passé de manipulations et l’espoir d’une reconstruction républicaine fondée sur la vérité, la justice et la participation citoyenne.

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