Auteur : Ralf Dieudonné JN MARY Auteur, conférencier, mentor et enseignant haïtien Ingénieur civil diplômé de la Faculté des Sciences de l’Université d’État d’Haïti �: jeanmaryralf@gmail.com �: (+509) 34520855
Il y a des vérités qu’on ne peut plus taire. Et parmi elles, celle-ci : Haïti perd du territoire. Oui, pendant que nous comptons les jours et observons, parfois dans l’ironie, la présidence tournante du Conseil Présidentiel de Transition, une autre perte plus sourde, plus grave, plus dangereuse s’opère. Une perte que nous avons collectivement choisi d’ignorer. Elle ne fait pas de bruit. Elle ne poste pas de vidéos. Mais elle grignote lentement, sûrement, ce que nous avons de plus précieux : notre sol.
Chaque fois qu’un membre du CPT quitte son poste de présidence, les réseaux sociaux se plaisent à dresser, souvent avec moquerie, la liste de ses “réalisations”. Parmi elles, on souligne les territoires qui ont basculé sous contrôle d’hommes lourdement armés — sans jamais les nommer, par prudence ou par peur. Cette ironie cache une amertume réelle : le sentiment que, sous chaque direction, l’ordre recule davantage.
Alors oui, il est bon de dénoncer ce qui fait mal, ce qui ronge, ce qui déraille. Mais à quoi bon dénoncer si c’est pour détruire des personnalités qui, malgré tout, ont accepté dans un contexte critique de porter un fardeau national ? Peut-être que le travail promis n’est pas toujours réalisé. Pas encore, en tout cas. Peut-être qu’ils doivent rendre compte. Mais cela ne nous donne pas le droit de salir des vies qu’il a fallu des années à bâtir. Dénoncer ne devrait jamais être un prétexte pour détruire des personnalités. Dénoncer ne devrait jamais rimer avec haine ou moquerie. Ce n’est pas ainsi qu’on bâtit un pays.
Mais pendant que nous sommes occupés à nous regarder les uns les autres, à pointer du doigt, à rire de nos malheurs, à changer de président comme on change de saison, pendant que l’attention du pays entier se fixe sur des pertes intérieures, un autre drame se joue silencieusement à notre frontière.
Ce drame, c’est la lente et douloureuse perte de notre territoire. Un territoire que l’on continue à enseigner dans les livres comme s’il était intact, figé, éternel : 27 750 kilomètres carrés. Mais sur le terrain, chaque jour, chaque année, quelque chose grignote ce chiffre. Quelque chose avance, prend racine, repousse les bornes et les mémoires. Cela ne date pas d’hier. Cela ne s’est pas déclenché avec le CPT. Cela dure depuis longtemps. Pendant que nous nous entredéchirons, pendant que nous nous accusons mutuellement de nos misères, un autre pays grandit. Littéralement.
Envoyez des drones si vous voulez. Consultez les cartes d’hier et celles d’aujourd’hui. Comparez. Parlez aux habitants des zones frontalières. Vous verrez. Ce n’est pas un mythe. Ce n’est pas une exagération. Pendant que nous nous battons entre nous, un autre avance sans bruit. Pendant que nous faisons des tableaux ironiques sur qui a perdu quoi sous tel ou tel mandat, un autre consolide ses gains, agrandit son espace, trace son avenir.
Autrefois, je croyais qu’un pays, à la différence d’un être humain, ne pouvait pas grandir. Après tout, un pays ne mange pas, ne boit pas, ne dort pas. Et pourtant, j’en connais un qui grandit. Il grandit parce qu’il se nourrit — non pas de pain, mais de terre. De notre terre.
Mais tandis que nos regards sont rivés sur les territoires intérieurs perdus — territoires que nous pourrons un jour récupérer, car le bien finit toujours par triompher —, notre frontière, elle, continue de s’effriter dans un silence inquiétant. Chaque jour, un peu plus de notre terre glisse de l’autre côté, pendant que nous nous entre-déchirons. Ce constat nous oblige : nous avons un besoin urgent d’hommes et de femmes courageux, intègres, décidés à se lever pour sécuriser notre frontière. Pas pour alimenter des conflits, mais pour protéger ce qui nous reste, pour veiller sur l’héritage de demain.
Une nation sans frontières sécurisées est une nation sans défense. Et une nation sans défense finit par disparaître.
Nous devons nous regarder en face. Ce ne sont pas des armées étrangères qui ont foulé notre sol. Ce sont nos propres divisions, nos propres querelles, nos propres désordres qui nous affaiblissent. Ce ne sont pas des ennemis venus d’ailleurs qui nous dépouillent : c’est notre inaction qui ouvre la voie.
Alors unissons-nous. Recollons les morceaux. Que ceux qui ont un rôle à jouer et qui savent qu’ils ne l’ont pas encore joué se lèvent. Que ceux qui doivent se rendre le fassent. Même si vous êtes à l’étranger, si vous sentez que vous avez un rôle à jouer, alors jouez-le maintenant.
Et à ceux qui me lisent : je n’écris pas pour dénoncer. Mon encre n’a pas pour mission de salir. Au contraire. Je crois que la parole peut construire. Oui, il faut dénoncer ce qui ronge. Mais si dénoncer consiste à détruire des personnes, des réputations, des familles, alors taisons-nous. Par contre, si dénoncer nous conduit à bâtir un chemin de conscience collective, à réveiller l’amour du pays, alors écrivons, parlons, militons !
Car voyez-vous, nous sommes un grand peuple. Et si vous en doutez, sachez ceci : nous sommes tellement grands que nous occuper est un rêve. Un rêve pour certains, mais un cauchemar pour ceux qui y croient. Protégeons notre intégrité. Réaffirmons notre dignité. Rassemblons notre courage. Et prouvons au monde que Haïti est encore debout.
Haïti, ce n’est pas qu’un territoire à défendre, c’est un rêve à protéger.
Un rêve que nos ancêtres ont semé en versant leur sang pour la liberté. Un rêve que nos enfants portent dans leurs yeux pleins d’innocence et de promesses. Un rêve que nous devons refuser de voir mourir dans l’indifférence.
Alors relevons-nous, pas par orgueil, mais par amour. Et que chacun, où qu’il soit, fasse vibrer ce rêve. Car tant que le rêve d’Haïti vivra en nous, Haïti ne mourra pas.
Ralf Dieudonné JN MARY
Celui qui croit qu’on peut encore sauver une nation avec une plume habitée de conscience et d’amour. Je ne tiens pas une plume pour diviser, mais pour rallumer la lumière dans les cœurs qui n’ont pas oublié Haïti.
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