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Trump n’a aucun intérêt dans l’expulsion des 500 000 haïtiens bientôt sans statut aux États-Unis

today2025-07-01

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Trump face à l’expulsion de 500 000 Haïtiens sans statut : à quel prix ?

Alors que Donald Trump, favori républicain pour la présidentielle de novembre 2024, multiplie les promesses radicales sur l’immigration, une mesure extrême ressurgit dans les discours : expulser massivement les migrants sans statut, incluant environ 500 000 Haïtiens vivant sans papiers ou sous statut temporaire aux États-Unis. Mais une telle opération, politiquement explosive, serait aussi humainement tragique et économiquement coûteuse, au point de faire douter de sa faisabilité réelle.

Coût astronomique pour l’État fédéral

Selon les données du Department of Homeland Security (DHS), expulser un migrant sans statut coûte en moyenne 17 000 à 20 000 dollars par personne, incluant l’arrestation, la détention et le transport vers le pays d’origine.

Pour 500 000 Haïtiens, cela représenterait un budget total variant entre 8,5 et 10 milliards de dollars.

À cela s’ajoutent les coûts administratifs, juridiques, et de coordination avec les autorités haïtiennes, déjà débordées. Il faudrait également organiser des centaines de vols charters, voire mobiliser des avions militaires, puisque Haïti n’a pas la capacité logistique pour recevoir un tel afflux de déportés.

Un choc pour l’économie américaine

Les Haïtiens sans statut occupent majoritairement des emplois dans les services, la santé, la restauration, l’agriculture et la construction. Leur disparition brutale du marché du travail provoquerait un manque de main-d’œuvre dans plusieurs secteurs déjà en tension.

Des villes comme Miami, New York, Boston ou Atlanta ressentiraient une pénurie immédiate dans des domaines essentiels. À Miami, par exemple, un travailleur sur vingt dans les soins à domicile est haïtien. L’expulsion de dizaines de milliers d’aides-soignants, livreurs, cuisiniers ou travailleurs agricoles désorganiserait des chaînes économiques entières.

Les entreprises, déjà confrontées à une inflation salariale, pourraient voir leurs coûts exploser. Des économistes estiment que la perte de main-d’œuvre haïtienne pourrait coûter plusieurs milliards de dollars par an à l’économie américaine.

Drames humains et familles déchirées

Beaucoup de ces migrants vivent depuis plus de 10, parfois 20 ans aux États-Unis. Ils ont fondé des familles, payé des impôts, parfois élevé des enfants citoyens américains. L’expulsion d’un parent signifierait soit la séparation de familles entières, soit le départ d’enfants américains vers un pays qu’ils ne connaissent pas.

Le cas du TPS (Temporary Protected Status), encore actif pour des dizaines de milliers de Haïtiens, complique la situation. Le supprimer reviendrait à expulser des personnes qui vivent légalement aux États-Unis depuis le séisme de 2010 ou l’ouragan Matthew, malgré un renouvellement temporaire sous Biden.

Les images d’enfants pleurant dans les bras de policiers ou de familles brisées risqueraient de provoquer une onde de choc médiatique et d’indignation dans l’opinion publique américaine et internationale.

Calcul politique risqué pour Trump

D’un point de vue stratégique, Trump pourrait vouloir envoyer un signal fort à son électorat dur, en affirmant qu’aucun migrant sans statut ne sera toléré. Mais l’expulsion de 500 000 Haïtiens n’est pas sans danger politique :

  • Les États-clés comme la Floride (avec une forte communauté haïtienne) pourraient basculer, tant les réactions dans la diaspora seraient virulentes.
  • Les églises, de nombreux élus locaux, y compris républicains, et même certains gouverneurs risqueraient de s’opposer à une telle opération, à cause de son impact social.
  • Sur la scène internationale, cela entacherait davantage l’image des États-Unis, déjà critiqués pour les traitements inhumains réservés à des migrants haïtiens en 2021 à Del Rio, au Texas.
Trump a-t-il réellement intérêt à expulser les Haïtiens ?

Politiquement, non. Si le discours d’expulsion massive séduit une frange électorale, le passage à l’acte coûterait cher – financièrement, humainement, et politiquement. Une telle mesure pourrait provoquer une crise avec Haïti, attiser l’instabilité régionale et donner des munitions à ses adversaires démocrates, qui dénonceraient un “nettoyage ethnique migratoire”.

De plus, de nombreux Haïtiens vivant sans statut sont intégrés, bilingues, travailleurs, et non criminels. Les renvoyer dans un pays en proie à l’effondrement sécuritaire et institutionnel aggraverait le chaos haïtien et pourrait créer une nouvelle vague migratoire dans la Caraïbe – l’effet inverse de ce que Trump prétend viser.

Expulser 500 000 Haïtiens des États-Unis est une idée aux allures de coup de force politique, mais qui ressemble plus à un cauchemar logistique, éthique et économique. Si Donald Trump franchissait ce pas, il s’exposerait à une tempête médiatique, judiciaire et internationale – et peut-être à une fracture durable avec les diasporas afro-caribéennes, voire une partie de son propre électorat.

Elensky Fragelus

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