Restitution et développement : Pierre Robert Auguste esquisse une stratégie locale pour Haïti (vidéo)

Le vendredi 4 juillet 2025, à la salle Marc Exavier du Centre culturel L’Amaranthe des Gonaives, Pierre Robert Auguste a prononcé une conférence remarquée autour du thème : « Comment la restitution de la double rançon peut aider à constituer des pôles de développement dans le pays ». En s’appuyant sur une lecture historique, juridique et économique de la question, il a plaidé pour une affectation ciblée des fonds restitués, notamment dans des projets d’infrastructure locale, sous contrôle communautaire.

L’intervenant a proposé la mise en place de mécanismes de gouvernance décentralisée appuyés par des comités citoyens, afin d’assurer la transparence et la durabilité des investissements issus de la restitution. Il soutient que ces pôles territoriaux de développement, s’ils sont pensés en cohérence avec les besoins de chaque zone, peuvent générer un effet d’entraînement et rétablir la confiance entre populations et institutions.

Par ailleurs, dans un entretien distinct accordé à Pasteur Nixon Dieudonné – initiateur du
Pôle de Développement de l’Artibonite – dans le cadre de l’émission « Éduquer pour changer », Pierre Robert Auguste a exhorté la diaspora haïtienne à prendre pleinement conscience de son poids dans l’économie nationale, notamment à travers sa contribution substantielle au budget du pays. Il appelle à une mobilisation plus structurée de la diaspora, dans une perspective de sortie progressive de la dépendance extérieure.

« Il faut moraliser l’État », affirme M. Auguste, plaidant en faveur d’un véritable changement de paradigme, même en l’absence d’un processus électoral effectif en 2025. Selon lui, cette mutation passe par une réforme des mentalités, une refondation institutionnelle et un engagement soutenu des forces sociales, y compris celles établies à l’étranger.

L’entrepreneur propose, à cet effet, la création d’un fonds d’investissement destiné à stimuler la production nationale et générer des emplois locaux durables.

L’intégralité de l’entretien est à retrouver ci-dessous.

INTERVIEW AVEC PIERRE ROBERT AUGUSTE

COMMENT AFFECTER LA RESTITUTION DE LA DOUBLE RANÇON DE L’INDÉPENDANCE AU DÉVELOPPEMENT D’HAITI?

Q.- Vous avez prononcé ce vendredi 4 juillet au centre culturel Amaranthe des Gonaives une conférence sur l’utilisation de la restitution de la double rançon de l’Indépendance à des fins de développement d’Haiti, sur quoi vous soutenez votre thèse?

-PRA.- Le dossier de la double dette de l’Indépendance, explicable par le paiement forcé aux esclavagistes français á la pointe des canons du roi Charles X en 1825 de 150 millions francs or et par l’exigibilité d’un emprunt bancaire grevé de taux usuraires au profit des banques françaises se sera inscrit parmi les grands dossiers internationaux du 21e siècle ,surtout par sa portée casuistique. Aujourd’hui, la conscience de la France éclairée s’est cristallisée autour de la reconnaissance de ce fait historique indéniable qui a été soulevé et défendu en 2003 par le président Jean Bertrand Aristide. Il a droit à cet hommage.

Bref, des experts comme Thomas Picketty dont l’ouvrage Le Capital est réédité en Haiti par C3 éditions de Fred Brutus, à la suite des journalistes tels Constant Méheut,Matt Apuzzo, Catherine Porter, Selam Gebrekidan, sont parvenus à une estimation de plus de 30 milliards d’euros ,soit environ 40 milliards de dollars américains le montant actuel de cette restitution. Cette valeur doit servir au développement global, équitable d’Haiti. Pour cela, il faut créer des pôles de développement dans les dix départements, sur la base d’un partenariat intelligent et responsable entre les universités locales, les milieux des affaires, les villageois, la société civile, la diaspora d’origine, les collectivités locales, les représentants des zones marginales en utilisant le dialogue interactif sincère sur les problématiques sociétales à la recherche du bonheur pour tous. Ainsi, on aura inséré dans les moeurs sociales et individuelles les valeurs de la démocratie, de la solidarité sociale et de la fraternité humaine.

De mon point de vue, il faudra:

1⁰) éliminer la dette de l’Etat haitien, environ 3 milliards de dollars américains
2°) créer une banque de développement et une société de capital-risque avec un tiers de cet argent ;
3°) consacrer un autre tiers au développement rural en privilégiant la primauté du respect des droits humains des communautés villageoises. Car ce sont les paysans qui ont peyé cette écrasante;
4°) disposer du tiers restant aux infrastructures en prescrivant prioritaire l’aménagement de trois mega campus universaires et de centres technologiques d’une capacité de 20,000 à 30,000 têtes chacun au Centre, au Nord ,au Sud.

-Q.- Ne craignez-vous pas que des pièges soient ficelés par la France pour reprendre cet argent par d’autres moyens?

-PRA.- Le risque existera toujours. Il y aura lieu d’éviter l’absolutisme prédateur qui voudrait tout avoir sans partage ni concession, aussi bien que le courbettisme complexé et fainéant prêt à tout accepter sous les fastes déroutants du clinquant cérémonial. La souveraineté éditoriale doit rester à l’Etat haitien même s’il faut conclure un arrangement transactionnel, mais il doit être honorable, très honorable.

Le gagnant-gagnant doit pouvoir inspirer et guider. Un rapprochement avec la Martinique et la Guadeloupe, deux territoires français, méritent d’être explorés

Il faut des experts nationaux chevronnés, maitrisant les arcanes de la diplomatie, auréolés de la force de caractère et de la grandeur patriotique pour mener ces négociations avec la France maitresse des rouages de la diplomatie la plus raffinée. Il faut comprendre le jeu subtil de la diplomatie française qui invite des historiens comme Pierre Buteau pour venir soutenir des thèses contreproductives et atténuer le choc moral ressenti par le monde civilisé de cette double rançon, obligeant le vainqueur à payer le vaincu. La France, après avoir vaincu l’Allemagne à la première guerre mondiale, aurait-elle accepté de payer aux allemands sous la menace armée ou non?

Cette question de restitution,hautement stratégique, relève de notre sécurité nationale

-Q. – Vous avez évoqué l’Etat haitien ,mais c’est l’entité qui manque le plus sur la planète?

-PRA.- En effet, l’Etat haitien est déconstruit par le Core group avec la complicité soudoyée de larges franges d’hommes et femmes politiques et d’oligarques irresponsables. A la commande de ce même Core group, la Caricom et l’OEA foncent comme des chacals sur la dépouille de cet état moribond. Et le Core group, ce syndicat diplomatique malfaisant, et la Caricom et l’OEA oublient que l’Etat haitien existera dans les statuts des organisations et internationales auxquelles il est partie avec des droits et obligations tant que son ossature solide, le peuple hatien, respire, survit.

La plus grande menace existentielle contre l’Etat haitien reste et demeure le CPT et le gouvernement de Alix Fils Aimé , qui représentent aujourd’hui une honte internationale pour leurs géniteurs étrangers aux yeux du monde éclairé. Comment des gens qui ont les meilleurs penseurs, centres de recherches, les universités les plus performantes peuvent accoucher de ce qui est plus incompréhensible sur les plans intetellectuel, moral, politique? Une bêtise modélisée.

Pour que l’Etat puisse renaître et jouir de ses droits internationaux imprescriptibles, pourque l’Etat haitien puisse prétendre á la restitution de la double rançon de l’Indépendance, le CPT et le gouvernement de Alix Fils Aimé, vermoulus par la corruption et l’incapacité, doivent s’en aller de manière négociée dans l’ordre ou être renversés de manière imprévisible.

The post Restitution et développement : Pierre Robert Auguste esquisse une stratégie locale pour Haïti (vidéo) first appeared on Rezo Nòdwès.