Vers une nouvelle Constitution sans le peuple et jamais soumise à l’intelligence collective ? – Retour sur la déclaration du Premier ministre de facto Alix Didier Fils-Aimé, candidat malheureux aux sénatoriales de 2015, sous l’égide de la Constitution de 1987
Le Premier ministre de facto, M. Alix Didier Fils-Aimé, s’est prononcé en faveur d’une nouvelle Constitution dans un message publié sur le réseau social X, « à la demande de ses tuteurs », comme l’ont souligné les manifestants qui n’ont pas pu porter samedi leur cahier de revendications aux portes de la Primature. Cette déclaration n’émane pas de la Primature, mais de son compte personnel, et revêt néanmoins un caractère politique majeur. « Depuis 38 ans, la Constitution de 1987 est le socle de notre démocratie, garante de nos libertés et de nos droits », a déclaré M Fils-Aimé. À première vue, cette reconnaissance de la valeur historique de la Constitution pourrait passer pour un acte anodin, mais les propos qui suivent trahissent une volonté assumée de rompre avec le passé.
Fils-Aimé affirme que, face aux crises à répétition, « notre nation », dépourvue de tout et livrée aux gangs, pieds et poings liés se doit d’évoluer. Il martèle ensuite qu’« il est temps d’écrire une nouvelle page de notre histoire » — comme si cette histoire ne se réécrivait pas déjà, dans les ruelles en flammes, par des groupes armés terroristes en mission ‘commandée’, redessinant à leur manière la carte géopolitique d’un pays sans boussole ni garde-fou.
Il laisse planer, dans les non-dits de son propos, l’ombre de responsabilités politiques, sans jamais en désigner les visages, ni même en tracer les contours. Pourtant, ironie de l’histoire ou tragique de la circonstance, c’est lui-même qui, à la faveur d’une vacance institutionnelle, s’est vu propulsé à la tête du gouvernement, sans l’onction d’un Parlement élu, dans un paysage républicain en friche, où les institutions sont suspendues, vidées de leur substance, ou livrées à l’arbitraire. Peut-on dès lors, dans un tel vide de légitimité, entreprendre la refondation d’un contrat social qui engage l’avenir de la nation ? La question demeure en suspens, comme un silence trop pesant dans la trame de son message.
Dans un élan rhétorique tourné vers l’avenir, M. Fils-Aimé en appelle à la jeunesse, aux femmes, à l’ensemble des citoyens, les conviant à s’engager pour une Constitution qu’il voudrait « plus forte, plus adaptée aux défis d’aujourd’hui et de demain ». Mais derrière cette adresse aux forces vives de la nation, se profile une posture ambivalente : celle d’un homme qui se fait à la fois arbitre et promoteur, juge de l’ordre ancien et artisan d’un avenir encore sans visage. Car cette « nouvelle Constitution » qu’il invoque n’existe pour l’heure que dans les limbes d’un projet tenu à l’écart du débat public. Rien ne rappelle le souffle participatif de 1987, où les voix du peuple résonnaient dans les assemblées, les quartiers, les urnes. Aujourd’hui, aucune esquisse n’a été soumise à la lumière. Aucun appel au dialogue ne traverse les institutions. Aucun lieu de délibération ne s’ouvre à la parole collective. Tout semble s’écrire à huis clos.
Plus troublant encore : la Constitution elle-même, dans l’inaltérable rigueur de son article 284.3, interdit toute révision par voie référendaire, érigeant ainsi un rempart contre les tentations de l’unilatéral. Ce garde-fou, pensé comme une garantie ultime de l’équilibre démocratique, est aujourd’hui soigneusement contourné, absent des discours, effacé des intentions déclarées. Tandis que circule la rumeur d’un référendum fixé au 11 mai, aucun cadre procédural ne vient baliser cette entreprise, aucune transparence n’en éclaire les contours. Tout se trame dans l’ombre, au sein d’un silence institutionnel assourdissant, où le peuple – pourtant premier concerné – semble une fois encore tenu à l’écart, relégué au rang de spectateur d’un processus dont il fut naguère l’acteur central.
Ainsi, sous l’apparente brièveté de la déclaration de Alix Didier Fils-Aimé, candidat malheureux aux sénatoriales de 2015 sous l’égide de a Constitution de 1987, affleure une dissonance plus grave : celle d’un pouvoir illégitime, illégal et inconstitutionnel qui s’autorise à redessiner l’architecture constitutionnelle du pays sans enracinement démocratique, sans débat, sans même l’esquisse d’un projet soumis à l’intelligence collective. Cette tension n’est pas nouvelle, mais elle se fait ici plus aiguë, car elle touche au principe même de légitimité. Car non, le respect des formes démocratiques n’est pas affaire de protocole : il est la sève du pacte républicain, la condition première de toute autorité qui se veut juste. Dès lors, il en résulte un questionnement simple et inévitable :: peut-on refonder une Constitution sans le peuple – et au mépris des principes mêmes sur lesquels elle repose ?
Depuis 38 ans, la Constitution de 1987 a été le socle de notre démocratie, garantissant nos libertés et nos droits. Mais face aux crises à répétition, notre nation doit évoluer. Il est temps d’écrire une nouvelle page de notre histoire. Jeunes, femmes, citoyens, engageons-nous…
— Alix Didier Fils-Aimé (@citoyendidier) 29 mars 2025
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