Primé à l’international, Mouhamed Zamal Guèye rappelle le riche héritage littéraire du Sénégal

“Ma sœur exigeait que je résume les livres, faute de quoi je perdais mon argent de poche.”

Initialement publié le Global Voices en Français

Mouhamed Zamal Guèye sur la droite de l’image. Capture d’écran de la chaîne YouTube de Lofleaudumal.

La littérature sénégalaise continue d’enrichir le monde francophone: un jeune poète sénégalais, Mouhamed Zamal Guèye vient de remporter un prix prestigieux et international de poésie.

Âgé de 26 ans, Guèye a remporté le 5 juillet l’édition 2025 du Concours international de poésie organisé par l’association Femmes au Secours de la Paix, une ONG créée en 2015 en France par des femmes luttant pour la paix. Le prix est décerné en marge de la Journée internationale de la Paix qui est célébrée le 21 septembre dans le monde.

C’est avec brio que Guèye décroche le premier prix du concours axé sur le thème ” La paix dans mon jardin”. Sur son compte X, il écrit :

Ce qui m’arrive aujourd’hui n’est pas le fruit du hasard, ni le simple résultat d’un effort personnel. C’est plus grand que moi, plus juste, plus profond. C’est un signe, un souffle, une bénédiction. Je le ressens dans chaque regard bienveillant, dans chaque message reçu, dans… pic.twitter.com/EnZLNbIsGO

— Zamal_gueye (@gueye_zamal) July 7, 2025

Guèye continue une tradition bien établie au Sénégal: il est poète, auteur d’un recueil intitulé Symphonie des émotions, mais aussi expert en finances, après avoir mené des études en France.

Ce parcours n’est pas sans rappeler celui du premier président, Léopold Sédar Senghor (1906-2001), qui était un grand poète et le premier Africain à entrer à l’Académie française, tout en embrassant une carrière politique non seulement française puis sénégalaise, mais aussi panafricaine. De même, le Sénégalais Mohamed Mbougar Sarr a remporté en 2021 avec son roman La plus secrète histoire des hommes, le Goncourt, un des prix littéraires les plus prestigieux en France et dans le monde francophone. Il a d’ailleurs fréquenté le lycée Prytanée Militaire de la ville de Saint-Louis au nord du pays, dont Guèye dit ceci dans une interview au journal sénégalais Le Soleil:

J’ai ensuite fréquenté les enfants de troupes du Prytanée Militaire, les meilleurs élèves du pays, et je m’efforçais d’être à leur niveau : je lisais des dictionnaires, je mémorisais des mots, je me dépassais. Ce culte de l’excellence, je le dois à cette exigence précoce, à ce désir de toujours faire mieux.

Dans cette vidéo qui combine les langues wolof et française, Guèye explique son parcours et détaille le sens de son recueil de poésie:

Comme il l’indique dans la même interview au journal Le Soleil, la discipline est une des clés de son succès:

Ma grande sœur Binetou Dieye exigeait que je résume les livres, faute de quoi je perdais mes goûters et mon argent de poche. À travers ces rituels, elle m’a transmis une discipline intellectuelle qui, avec le temps, s’est transformée en passion.