L’opposition conteste les résultats proclamés par le Conseil national électoral, qui donnent Nicolas Maduro réélu avec 51% des suffrages, et la colère gagne plusieurs régions du pays.
Tout a commencé sur les balcons de Caracas, à coup de casseroles, pour dénoncer ce que l’opposition dénonce comme une fraude généralisée. Puis le mouvement s’est transporté dans la rue. Certains manifestants ont tenté d’encercler le Palais de Miraflores, la résidence présidentielle avant d’être repoussés par les forces de sécurité.
On a vu des drapeaux vénézuéliens portés à bout de bras, des pneus et des feux de joie allumés sur les boulevards, du matériel électoral et des affiches représentant Nicolas Maduro incendiés, des statues en bronze d’Hugo Chavez démolies, décapitées, attachées et traînée à l’arrière des motos.
La mobilisation a pris dans plusieurs quartiers de la capitale, y compris dans certains quartiers pauvres de la capitale, autrefois considérés comme des bastions chavistes et la contestation va se poursuivre ce mardi. La journée promet d’être très agitée, car d’un côté, l’opposition promet de mettre sur la place publique les preuves de sa victoire et appelle à des assemblées populaires dans tout le pays. De l’autre, le directeur de campagne de Nicolas Maduro annonce de grandes marches pour « célébrer la victoire et défendre la paix de la République ».
Deux rhétoriques irréconciliables
Dans la presse vénézuélienne, comme toujours, deux sentiments que tout oppose. D’abord, El Nacional, proche de l’opposition, sur le détail des résultats : « On n’a jamais vu, à moins qu’il ne s’agisse d’autocraties comme celle de Cuba ou du Nicaragua, qu’un résultat électoral ne soit pas accompagné de données précises, bureau de vote par bureau de vote, qui soutiennent les chiffres présentés par le pouvoir. Dans ces conditions, il n’y a pas de résultat électoral à proprement parler. » Et par extension, pas de victoire de Nicolas Maduro.
En face, la presse chaviste, comme Ultimas Noticias, dans son style très ampoulé : « Ce que le pays exige, c’est que les fascistes abandonnent les voies de la violence, reconnaissent leur défaite et se consacrent à la co-gouvernance. Avec ce vote, poursuit le journal, les frères vénézuéliens confirment qu’ils ne veulent pas des barricades, qu’il faut arrêter l’invention de la fraude et qu’il faut reconstruire le Venezuela, car, avec les sanctions et les manœuvres de l’opposition extrémiste, ce sont eux, les Vénézuéliens, qui ont le plus souffert. »
Les ambiguïtés de la position américaine
Et les États-Unis ? On les a connus beaucoup plus incisifs à propos de Nicolas Maduro. L’administration Biden se contente d’exprimer ses « sérieuses inquiétudes », mais ne parle pas de fraude, ni ne prévoit, à ce stade, de sanctions supplémentaires contre le gouvernement vénézuélien.
Pourquoi un telle retenue ? Avant tout, explique Politico, pour des raisons migratoires. « Plus de 8 millions de Vénézuéliens ont fui leur pays depuis 2014 et beaucoup d’entre eux demandent l’asile aux États-Unis, s’installent au Texas et en Floride. Un regain de violence au Venezuela pourrait encore alourdir la pression migratoire dans la région. »
Il y a aussi cette hypothèse ressassée depuis des mois : celle d’un deal scellé entre Washington et Nicolas Maduro, dont les termes seraient presque trop simples : je lève les sanctions, tu garantis la sincérité de l’élection. La Maison Blanche, avance Politico, y croirait encore et, par conséquent, se garderait d’appeler trop vite au retrait pur et simple de NIcolas Maduro. Difficile à confirmer et difficile d’y voir autre chose qu’un raté. Dans le Washington Post, Max Boot constate qu’à l’époque Trump, les Américains tapaient aussi fort que possible sur Maduro. Que l’équipe Biden a changé d’optique en entrant dans des négociations secrètes. Mais qu’au bout du compte, en matière de relations avec le pouvoir vénézuélien, personne n’arrive à rien. « On parvient, écrit-il, aux limites de la puissance américaine. Certains problèmes simples n’ont pas de solution évidente. En tout cas, pas de solution made in USA. »
En Haïti, le scandale de tentative de corruption qui éclabousse le Conseil national de transition
Retour sur ce dossier « qui remue l’opinion », selon notre confrère Gotson Pierre, directeur de l’agence haïtienne Alterpresse et invité de l’antenne de RFI chaque mardi. Les conseillers présidentiels Louis Gérald Gilles, Smith Augustin et Emmanuel Vertilaire auraient exigé du président de la Banque nationale de crédit, une institution d’État, des centaines de milliers de dollars américains afin de le reconduire à son poste. Smith Augustin dément toute malversation, mais l’Unité de lutte anti-corruption s’est saisie du dossier et les Haïtiens attendent qu’une véritable enquête soit menée, avec la collaboration des six autres membres du CNT, invités à sortir de leur silence.
À lire aussi dans Alterpresse, cette nouvelle manifestation contre la criminalité dans le département de l’Artibonite à l’appel de la société civile et, face à la criminalité organisée, la résistance par la culture, avec la remise hier du Prix Albert Mangonès, dédié à la préservation du patrimoine haïtien.
Les JO 2024, bilan à mi-parcours pour la délégation haïtienne
À suivre ce soir, à partir de 20h30 heure de Paris, 14h30 à Port-au-Prince, l’entrée en lice du boxeur Cédrick Belony-Dulièpre face au Brésilien Wanderley de Souza Pereira dans le cadre des huitièmes de finale de la catégorie 80 kilos.
Hier, élimination du judoka et porte-drapeau de la délégation haïtienne, Philippe Metellus, tombé face au Thaïlandais Masayuki Terada. Il reste un espoir, la nageuse Mayah Chouloute, engagée ce samedi matin sur les séries du 50 mètres nage libre.
Le dossier Amériques : un procès pour l’Histoire en Argentine
Pour la première fois de l’histoire argentine, l’homicide présumé d’un homme transgenre fait l’objet d’une audience judiciaire : Tehuel de la Torre, 21 ans, disparu il y a plus de trois ans sans que son corps ne soit jamais retrouvé.
Cette affaire symbolise les violences subies par la communauté trans, dont l’espérance de vie plafonne à 37 ans, contre la moyenne nationale de 77 ans, malgré des lois très progressistes votées ces dernières années.
D’après l’avocate de la défense, interrogée par notre correspondante Noémie Lehouelleur, « les preuves sont suffisantes pour démontrer qu’il s’agit d’un crime de haine, que Tehuel a été assassiné parce que c’était un homme trans. C’est important que l’État reconnaisse ces situations que vivent les communautés LGBT, la discrimination, le mépris, l’exclusion, simplement parce qu’elles sont non-binaires ».
Tehuel de la Torre s’est volatilisé dans le nord de Buenos Aires, après s’être rendu à un entretien de travail chez Luis Alberto Ramos, chez qui des taches de sang et des restes de vêtements brûlés ont été découverts. L’enquête a en outre montré qu’il était connu pour la violence de ses propos homophobes et transphobes.
L’Argentine a beau se trouver à l’avant-garde du combat pour les droits de la communauté LGBT, avec des mesures comme le mariage pour tous adopté en 2010, l’autodétermination du genre entérinée en 2012 ou le quota minimum d’1% d’employés trans et travestis dans les services publics, il reste beaucoup de travail pour faire évoluer les mentalités et sortir ces publics de la précarité.
Les avocats de la partie civile et le ministère public ont requis la réclusion à perpétuité contre Luis Alberto Ramos. Le verdict sera rendu le 30 août.
L’actualité des outre-mers avec nos confrères de la 1ère
En Guyane, les statues représentant deux autochtones envoyés dans des « zoos humains » ont été accueillies lundi par leurs descendants et leur communauté.