Le 2 juin 2024, se tiendront les plus grandes élections de l’histoire du pays : les Mexicains choisiront leurs députés, leurs sénateurs, leurs gouverneurs, leurs maires et leur président.
Il y a trois candidats en lice pour succéder au chef de l’État, Andrés Manuel López Obrador, mais le match devrait se jouer entre deux femmes. La première s’appelle Claudia Sheinbaum, elle est la dauphine du président sortant et la seconde est l’opposante de centre-droit, Xótchil Galvez. Pour en parler, le Journal d’Haïti et des Amériques recevait David Recondo, chargé de recherche au CERI à Sciences Po.
Pour l’instant, Claudia Sheinbaum domine la course, et « il y a de fortes chances que ce soit la continuité qui l’emporte », affirme David Recondo.
La campagne a été particulièrement violente : un centre de réflexion mexicain a compté 45 assassinats liés aux élections en quelques mois seulement. « Les gens pourraient être amenés à moins aller voter, et quand les gens votent moins, ce sont les candidats du parti au pouvoir qui sont avantagés », analyse le chercheur.
Mais le bilan du président sortant, Andrés Manuel López Obrador, qui a placé l’armée aux commandes de la stratégie de sécurité publique du pays, et provoqué des violations des droits humains, pourrait desservir sa dauphine.
« Ce bilan peut lui nuire, tout comme les scandales de corruption sur lesquels insiste l’opposante Xotchil Galvez, rappelle David Recondo, qui nuance cependant : la perception de l’insécurité dans le pays est variable, la présence de l’armée peut être perçue comme une garantie de sécurité par les uns, et comme une atteinte aux libertés fondamentales pour les autres. Mais ces derniers temps, cette perception a été moindre, donc plus en faveur de la candidate Claudia Scheinbaum. »
Des munitions volées en Colombie, arrivées en Haïti ?
À la crise sécuritaire en Haïti, menace désormais de se rajouter une nouvelle crise politique. Les nominations du président du Conseil de transition et son Premier ministre ne font pas l’unanimité au sein des groupes qui constituent l’organe, alors que les gangs continuent eux de semer la terreur dans le pays, à l’aide d’armes qui proviendraient de Colombie. On parle avec Frantz Duval, rédacteur en chef du Nouvelliste, journal qui célèbre cette semaine ses 126 ans d’existence.
Le président colombien, Gustavo Petro, a alerté (mercredi 1er mai 2024) sur la disparition de munitions au sein de l’armée de son pays. Elles ont « probablement fini dans des conflits à l’étranger, le plus proche étant Haïti, à sept heures en bateau à moteur de la base de La Guajira (au nord de la Colombie, ndlr) », a-t-il déclaré.
L’implication de la Colombie dans la situation sécuritaire déplorable en Haïti n’est pas nouvelle. Frantz Duval, rédacteur en chef du Nouvelliste, rappelle que c’est un commando colombien qui a « selon toute vraisemblance participé à l’assassinat du président Jovenel Moïse le 7 juillet 2021 ».
Accès rétabli au terminal pétrolier de Varreux
Les gangs, eux, continuent de terroriser la population, « particulièrement dans le centre de Port-au-Prince », souligne Frantz Duval. Hier (1er mai), ils se sont attaqués aux quartiers de Solino et Delmas 24. « Des enfants, des femmes, des vieillards… Tout le monde courait dans tous les sens pour se mettre à l’abri d’une nouvelle razzia et la police nationale haïtienne n’arrive pas à repousser ces gangs ». Seule victoire des forces de l’ordre : le rétablissement de l’accès au terminal pétrolier de Varreux, sous le joug des groupes armés depuis deux semaines.
Le Conseil présidentiel de transition en mauvaise posture
Pendant ce temps, la menace d’une crise politique plane sur le Conseil présidentiel de transition. Plusieurs organisations qui le composent n’acceptent pas la désignation du président Edgard Leblanc Fils et de son Premier ministre Fritz Bélizaire. Pour le rédacteur en chef du Nouvelliste, « c’est un véritable coup d’État qui s’est produit au conseil. Il n’y a même pas eu d’élections, puisqu’ils sont quatre à l’avoir désigné, et sur un conseil de sept membres, ils ont la majorité. »
La Colombie rompt ses liens diplomatiques avec Israël
Lors des manifestations de soutien à son gouvernement le 1er mai, le président colombien Gustavo Petro a annoncé la rupture des relations de son pays avec Israël. La presse colombienne n’en a pas été surprise, en revanche, le journal El Espectador désapprouve la forme du discours, prononcé sur la place principale de Bogota.
«Cela montre comment le travail délicat de la diplomatie, autrefois astucieux et discret, a été remplacé par des discours provocateurs dans l’espace public et sur les réseaux sociaux», peut-on lire dans le quotidien. El Espectador estime que cette rupture des relations risque d’impacter le quotidien des Colombiens : Israël est l’un des principaux alliés du pays en matière de sécurité, et les relations avec les États-Unis, traditionnels soutiens de l’État Hébreu, risquent aussi de se refroidir, redoute le journal.
Mais la question principale reste celle de la diaspora colombienne en Cisjordanie et en Israël. Une représentation diplomatique devait voir le jour à Ramallah, en Cisjordanie, mais elle n’a toujours pas ouvert. «Pour éviter que les Colombiens ne soient laissés à la dérive sans lien diplomatique, écrit le journal, il aurait d’abord fallu ouvrir le bureau de Ramallah, avant de rompre les relations avec Israël.»
Dans le Journal de la 1ère
Les « Petites Antilles » se retrouvent plus que jamais au cœur du trafic de stupéfiants dans la mer des Caraïbes.
Morceau musical : «Suíte Norte, Sul, Leste, Oeste», du musicien brésilien Hermeto Pascoal.