IMPRÉVOYANCE ET TENTATION AUTORITARISTE
Par Pierre Robert Auguste
L’héritage duvaliérien et l’autoritarisme persistant
Il est une tendance dont les politiciens haïtiens ont du mal à se défaire : l’autoritarisme. Au sommet de l’État, ils s’accrochent à vouloir imiter le présidentialisme duvaliérien sans prendre conscience qu’ils vivent à une autre époque et qu’ils ne peuvent rivaliser avec les moyens de François Duvalier. Un autre travers, morbide celui-ci, est de prendre l’appui de l’international, particulièrement américain, pour une toute-puissance gagée.
Deux états d’âme opposés : présidentialisme contre autonomisme
La crise qui couve entre le Conseil Permanent (CP) et le Premier ministre désigné de justice Garry Conille oppose deux états d’âme : l’un, celui d’un présidentialisme outrancier cher aux membres du CP, qui ne présentent aucun penchant démocratique ; l’autre, celui d’un autonomisme intransigeant et méfiant caractéristique de Garry Conille. Les premiers ont des dettes politiques à payer. Le second doit honorer l’engagement de rompre avec les vieilles pratiques d’une classe politique en mal chronique de crédibilité. Les deux camps se trompent et n’ont rien de l’esprit magnanime qui, dans ce moment critique, est indispensable pour réhabiliter l’État et sa puissance publique.
Les enjeux du pouvoir : une quête sans honneur
Tout se joue pour le pouvoir, un pouvoir sans honneur. La théorie du partage des responsabilités, ou de la distribution contractuelle de postes affinitaires, est aussi infondée que dangereuse. Déjà, la meute de partisans se mobilise en veillée d’armes dans l’attente de nominations. Les manœuvres politiciennes se déchaînent contre les prétentions autonomisantes du Premier ministre Conille.
L’absence de mécanisme de médiation : une imprévoyance fatale
Dans le narratif littéraire, publié sous forme de décret, rien n’a été prévu pour trancher les différends, les conflits. Il aurait dû y avoir un mécanisme de médiation. Lorsqu’on est pressé par les besoins pressants du pouvoir, on se jette dans l’imprévoyance sous un nuage épais d’illusions et ne s’en rend compte qu’à la chute fatale. La formation du gouvernement est une route vers la géhenne. Celle du CEP, préconçue de défauts congénitaux, pourrait déboucher sur des convulsions sanglantes si elle n’offre aucune garantie de neutralité.
Pour une gouvernance magnanime et équilibrée
Il faut un esprit magnanime pour corriger l’imprévoyance, modérer les avidités, imposer l’équilibre et moraliser les manières de faire pour une autre gouvernance séparée des petitesses et égale à la majesté de l’État.
Gonaïves, le 6 juin 2024
Pierre Robert Auguste (PRA)
The post PRA – CE QUE JE PENSE: IMPRÉVOYANCE ET TENTATION AUTORITARISTE first appeared on Rezo Nòdwès.