Le Premier ministre Garry Conille, comme ses prédécesseurs du régime PHTK-Tèt Kale, qui semblent figés dans une spirale d’inaction et de promesses creuses, ne peut que se réjouir de cette situation. Mais faut-il se contenter de regarder, de suivre l’expiration des mandats qui s’achèvent sans jamais aboutir aux élections tant attendues ? L’expérience récente d’Ariel Henry, qui avait déjà promis ces élections en 2021, n’a-t-elle pas suffi à nous apprendre que ces engagements annuels restent lettre morte ? Comment se fait-il qu’en mars 2024, nous soyons à nouveau confrontés à la même désillusion, face à une incapacité chronique à organiser des élections ?
Chaque 1er janvier, le peuple haïtien attend avec impatience le discours présidentiel, promettant que l’année sera celle de la transition démocratique, « l’année électorale ».. Mais ce rituel, devenu une rengaine lassante et creuse, a perdu toute crédibilité. De Jovenel Moïse en 2020 et 2021 à Ariel Henry de 2022 à 2024, et maintenant Garyy Conille en 2025, les déclarations se suivent, se ressemblent et se dissipent. Cette répétition ne constitue-t-elle pas une mascarade institutionnelle, un exercice rhétorique qui occupe l’espace sans jamais générer d’action ?
Annoncer un référendum en février 2025 sans infrastructure solide relève au mieux de l’utopie, au pire de la provocation. Le Conseil Electoral Provisoire, structure déjà bancale, manque cruellement de légitimité et ses membres ont été critiqués pour leur insuffisance académique. Peut-on vraiment croire que cette institution puisse organiser une élection d’une telle ampleur dans de telles conditions ? La question de la qualité et de la transparence de nos institutions se pose avec acuité.
L’insécurité reste un obstacle incontournable à la tenue d’élections » crédibles « . L’incapacité des autorités à rétablir un minimum d’ordre pose des questions capitales : comment un électeur peut-il imaginer quitter Port-au-Prince pour aller voter en province, que ce soit à Saint-Marc, Petit-Goâve ou Les Cayes, dans un contexte où la violence est omniprésente ? L’insécurité chronique transforme ce qui devrait être une fête démocratique en un test de survie.
Nouvelle constitution et loi électorale : l’absurdité de la précipitation
À moins de deux mois de la fin de l’année, il est inadmissible de proposer une nouvelle constitution suivie d’une loi électorale en un temps record. Cette précipitation n’est-elle pas un signe d’irrespect des processus démocratiques ? Une constitution n’est pas une simple formalité : elle est le fondement de la légitimité de l’État. Une rédaction et une adoption hâtives risquent de générer plus de chaos que de stabilité, d’affaiblir l’État au lieu de le renforcer.
En perpétuant ces promesses vides et ces projets irréalistes, Haïti risque de devenir un objet de dérision sur la scène internationale. Le respect de soi et la cohérence institutionnelle sont des valeurs fondamentales ; leur absence érode la crédibilité de la nation et affaiblit sa souveraineté. Comment pouvons-nous attendre le respect de la communauté internationale si nous démontrons constamment notre incapacité à nous organiser sérieusement ? Faudra-t-il attendre la prochaine administration américaine pour que nous soyons à nouveau l’objet de remarques méprisantes ? Ce cycle de promesses non tenues, d’humiliations et de désillusions doit être brisé.
Le moment est venu de mesurer pleinement la profondeur de notre inertie collective. Nos dirigeants doivent saisir que l’incohérence de leurs actions, loin d’être inoffensive, s’enracine dans un mal insidieux qui affecte non seulement la population actuelle, mais s’étend, comme une ombre pesante, aux générations à venir. Il est impératif d’abandonner ces illusions de scrutins inaccessibles et ces promesses réformatrices, énoncées avec emphase mais constamment trahies par l’inaction. Sommes-nous réellement disposés à attendre le 7 février 2026 pour constater, une fois de plus, l’échec de Garry Conille, qui n’aura ni sécurisé le pays ni réduit à néant les « territoires perdus » avant d’initier les élections tant promises ? Serons-nous éternellement pris dans la boucle implacable de l’histoire, tels qu’en 2021, lorsque le pouvoir fut confié à Ariel Henry par un simple tweet, pour qu’en chaque 1er janvier il promette des élections, sans jamais les concrétiser, jusqu’à nous laisser, en ce mois de mars 2024, face à un statu quo devenu accablant ?
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