Port au prince, le théâtre de l’absurde et des ombres dansantes

Dans les entrailles sombres de Port-au-Prince, les ombres s’éveillent et dansent une sarabande macabre. Les rues, autrefois animées par le tumulte de la vie, sont devenues des scènes de théâtre de l’absurde, où la mort tient le rôle principal avec une cruauté implacable. Ici, la vie ne tient qu’à un fil ténu, un souffle fragile emporté par le vent de la violence.

L’eau, source vitale, se raréfie, laissant place à un océan de sang qui inonde les pavés. Les corps jonchent les trottoirs, témoins silencieux d’une tragédie qui se répète inlassablement. Les gens, dont les yeux sont empreints de peur, errent dans les décombres, cherchant un refuge illusoire dans un monde qui s’est effondré.

Les murs des maisons, autrefois témoins de rires et de joies, portent désormais les cicatrices des balles et des explosions. Les marchés, jadis débordant de couleurs et de saveurs, sont réduits à des étals désolés, où la faim et le désespoir se partagent les maigres ressources.  La nuit, les ombres s’allongent et se confondent avec les silhouettes des âmes errantes. Les cris de douleur et les coups de feu résonnent dans l’obscurité, rappelant sans cesse la présence de la mort. Les espoirs s’amenuisent, et la peur s’insinue dans les cœurs, les paralysant.

Pourtant, au milieu de ce chaos, quelques âmes résistent. Des femmes courageuses, aux mains calleuses, tentent de nourrir leurs enfants avec ce qu’elles trouvent. Des hommes, le regard sombre mais déterminé, s’organisent pour protéger leurs quartiers. Des jeunes, avec leurs mots, peignent et écrivent l’espoir sur les murs décrépis. La solidarité, tel un flambeau vacillant, éclaire les ténèbres. Les voisins se soutiennent, les amis se réconfortent, la famille tend la main. La vie, malgré tout, persiste, s’accrochant à l’espoir d’un avenir meilleur.

Port-au-Prince, ville des ombres dansantes, est aussi la ville de la résilience. Les âmes qui l’habitent, malgré les épreuves, refusent de se laisser engloutir par le désespoir. Elles portent en elles la flamme de l’espoir, la conviction que la lumière finira par dissiper les ténèbres. Mais au-dessus de ce théâtre de l’horreur, les dirigeants se tiennent, figures fantomatiques dans leurs tours d’ivoire. Leur silence est un écho assourdissant, une trahison qui résonne dans chaque rue ensanglantée. Ils observent, impassibles, la lente agonie de leur peuple, leurs regards vides reflétant l’indifférence. Leur inaction est un crime contre l’humanité, une abdication de leur devoir.

Dans leurs palais, les échos des discours creux se mêlent aux bruits des festins. Ils parlent de paix et de justice, mais leurs paroles sont des mensonges qui se brisent contre les murs de la réalité. Leur pouvoir est une illusion, un masque derrière lequel ils cachent leur lâcheté. Ils sont les gardiens de l’ordre établi, un ordre injuste qui sacrifie les faibles et les innocents.

En addition, leurs mains sont tachées du sang des victims – leurs consciences rongées par le remords. Ils sont les architectes de ce chaos, les fossoyeurs de l’espoir. Leur inaction est une forme de violence, une complicité tacite avec les bourreaux. Ils sont les spectres qui hantent Port-au-Prince, les ombres qui se mêlent à celles des morts.

Et pourtant, même dans cette obscurité, une lueur persiste. La flamme de la résistance brûle dans le cœur des opprimés, alimentée par la soif de justice et de liberté. Les dirigeants peuvent se cacher derrière leurs murs, mais ils ne peuvent pas étouffer la voix du peuple. Car un jour, les ombres se dissiperont, et la lumière révélera la vérité : leur complicité, leur lâcheté, leur trahison.

Jimmy Osias 

osiasjimmy@yahoo.fr

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