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Ponts culturels entre la Pologne et Taiwan : entretien avec la traductrice Wei-Yun Lin-Górecka

today2024-07-04 2

Ponts culturels entre la Pologne et Taiwan : entretien avec la traductrice Wei-Yun Lin-Górecka
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Les endroits reculés en Pologne sont appelés « Tajwan »

Publié à l’origine sur Global Voices en Français

Wei-Yun Lin-Górecka (林蔚昀), photo utilisée avec permission.

La Pologne et Taïwan ne sont pas seulement géographiquement éloignés l’un de l’autre, ils le sont aussi culturellement. Et pourtant, ces deux nations entretiennent depuis bien longtemps une relation de lien culturel, peu connue hors des cercles d’initiés. L’un de ces liens n’est autre que la traductrice Wei-Yun Lin-Górecka (林蔚昀), traduisant la littérature polonaise en taïwanais. Elle est également chercheuse, poète et écrivaine. Elle est la première personne originaire de Taïwan à recevoir la Médaille du Mérite culturel polonais. Elle a récemment publié un ouvrage de non-fiction intitulé Les Clés du Monde (世界之鑰 en version originale), ouvrage dans lequel elle aborde l’histoire de l’échange culturel entre Taïwan et la Pologne.

À la suite de nombreuses rencontres à Taipei, Global Voices a mené un entretien par courrier électronique avec Wei-Yun Lin-Górecka, l’interrogeant sur cet étrange lien culturel.

Filip Noubel (FN) : Comment s’est passée votre rencontre avec la culture polonaise ?

林蔚昀: 2000年左右,我在愛丁堡唸書時,看到一家波蘭海報店,走了進去⋯⋯受到波蘭海報深深吸引,尤其是薩多夫斯基(Wiktor Sadowski)的海報。雖然那時候我一個波蘭字都看不懂,但我決定,有一天一定要去波蘭看看。後來,我開始閱讀波蘭文學,包括維卡奇(Witkacy)的《水鴨》(Kurka wodna)、貢布羅維奇(Witold Gombrowicz)的《伊沃娜,柏甘達的公主》(Iwona, księżniczka Burgunda)、塔德烏什.魯熱維奇(Tadeusz Różewicz)的詩⋯⋯當我讀了布魯諾.舒茲(Bruno Schulz)的作品,我決定要去波蘭學波蘭文,然後有一天要翻譯他的作品。後來,我真的翻譯了他的《鱷魚街》(Sklepy cynamonowe,在台灣出版是用Ulica krokodyli作為書名)和《沙漏下的療養院》(Sanatorium pod klepsydrą)分別在2012和2014年出版。之後十幾年,我一直翻譯波蘭文學。

Wei-Yun Lin-Górecka (WYLG) Around 2000, I was studying in Edinburgh, and one day I saw a shop selling Polish posters,  walked in… and became deeply attracted by Polish posters, especially those by Wiktor Sadowski. Although I couldn’t understand a word of Polish at the time, I decided that one day I must visit Poland. Later, I began to read Polish literature, including Witkacy‘s “Kurka wodna” (The Water Duck) and Witold Gombrowicz’s “Iwona, księżniczka Burgunda” (Iwona, Princess of Burgundy), Tadeusz Różewicz‘s poems… When I read Bruno Schulz, I decided to go to Poland to learn Polish, and that one day, I would translate his works. Later, I actually translated his “Sklepy cynamonowe” (“The Cinnamon Shops”, published in Taiwan under the title “Ulica krokodyli” – “The Street of Crocodiles”) and “Sanatorium pod klepsydrą” (“Sanatorium Under the Sign of the Hourglass” ), which were published in 2012 and 2014 respectively. For more than ten years, I have continued to translate Polish literature.

Wei-Yun Lin-Górecka (WYLG) : Quand j’étais étudiante à Édimbourg dans les années 2000, je suis passée près d’un magasin vendant des affiches polonaises, et lorsque j’y suis rentrée… je fus happée par la beauté de ces affiches, surtout celles de Wiktor Sadowski. Même si je ne parlais pas encore un mot de polonais, je me suis dit qu’il fallait que j’aille dans ce pays un jour. Je me suis alors mise à lire de la littérature polonaise, dont des œuvres comme La Poule d’eau (Kurka wodna) de Witkiewicz, Yvonne, princesse de Bourgogne (Iwona, księżniczka Burgunda) de Gombrowicz, ou bien les poèmes de Tadeusz Różewicz… mais ce n’est que lorsque j’ai enfin lu du Bruno Schulz que je me suis décidée à aller en Pologne pour apprendre la langue, afin de pouvoir un jour traduire des œuvres polonaises. J’ai d’ailleurs traduit deux de ses œuvres : Les Boutiques de cannelle ainsi que Le Sanatorium au croque-mort, respectivement publiés à Taïwan en 2012 et 2014. Cela fait plus de dix ans que je traduis des ouvrages polonais.

Couverture de Les Clès du Monde, le dernier ouvrage de Wei-Yun Lin-Górecka. Photo utilisée avec permission.

FN : Les Polonais écrivent au sujet de Taïwan depuis le 17ᵉ siècle, encore connu à l’époque sous son nom portugais de « Formosa ». Dans votre livre, vous associez ce terme, en plus de « Tajwan », à des dizaines d’endroits souvent reculés ou entourés d’eau en Pologne.
Mais pourquoi portent-ils ce nom ?

林蔚昀: 波蘭的「台灣」和「福爾摩沙」之所以叫做「台灣」和「福爾摩沙」,和一九五○年代全球性的歷史事件如韓戰、國共內戰息息相關。當時,國共內戰在波蘭人民共和國被大幅報導,人們經常在報紙上看到,在電台上聽到台灣(通常是「美帝傀儡」、「蔣介石最後浮木」、「中共要解放台灣」這一類的),對台灣這個名字有印象,於是開始用「台灣」來稱呼他們周遭環境中的事物,通常是長得像座島(或真的是座島,在海上、湖中,或是下雨的時候與世隔絕)、遠離中心、很窮(戰後台灣在波蘭人心目中很窮苦,當時台灣也確實很窮苦)、治安不好的地方。但是我有去統計、研究過,這些地方多半還是因為「遠離中心」才被稱為台灣,即使是那些被認為是因為「混亂」和「貧窮」所以才被稱為「台灣」的地方,一開始命名的原因也是「遠」.

The reason why places in Poland are called “Tajwan” or “Formoza” is closely related to global historical events in the 1950s, such as the Korean War and the Civil War between the Kuomintang and the Communist Party. At that time, the Chinese civil war was widely covered in the People’s Republic of Poland: People often saw it mentioned in newspapers, and heard on the radio about Taiwan – usually described as “a puppet of US imperialism”, or as “Chiang Kai-shek’s last driftwood”, and slogans such as “the Chinese Communist Party wants to liberate Taiwan”. Thus they formed an impression of the name Taiwan, and began to use the term”Tajwan” to refer to things in their own environment that usually looked like an island, or indeed were real islands, whether on the sea, in a lake, or underwater. It then extended to places that become isolated in heavy rain weather, places located far away from the center, or very poor (in Polish mindset of the time, Taiwan was a very poor place after the civil war, and indeed it was), or unsafe. I have conducted my own research and came up with statistics showing that most of these places are still called Taiwan because they are “far away from the center.” The locations initially called “Tajwan” because of being associated to social chaos or poverty have also retained that name, but also because they are considered remote.

WYLG : Il est vrai qu’il existe de nombreux endroits portant le nom « Tajwan » ou « Formoza » en Pologne. Ces endroits sont généralement liés à divers événements historiques des années 50, comme la guerre de Corée ou bien la guerre civile entre le Kuomintang et le parti communiste en Chine. La guerre civile chinoise était très médiatisée en République populaire de Pologne, et il n’était pas rare de voir des journaux définir Taïwan comme « la marionnette de l’impérialisme américain » ou bien « le dernier rempart de Tchang Kaï-chek ». Des slogans comme « Le parti communiste chinois ne souhaite que la libération de Taïwan » étaient aussi très répandus à cette époque. La population polonaise s’est alors mise à associer Taïwan, qu’ils comprenaient comme Tajwan, avec des choses qui pouvaient leur faire penser à Taïwan. Ils commencèrent avec des sortes d’îles, qu’elles soient sur la mer, dans un lac ou sous-marine. Puis, ces appellations se sont étendues à des endroits inondés par la pluie, avant de finir par désigner des endroits pauvres, reculés ou dangereux (les Polonais avaient une image de Taïwan comme un pays pauvre). Après avoir fait quelques recherches, je suis arrivée à la conclusion que ces endroits sont toujours appelés « Tajwan » en raison de la   « distance qu’ils partagent avec le centre ». Les endroits qui portent le nom de « Tajwan » à cause de la pauvreté ou de la dangerosité n’ont pas non plus été renommés.

FN : Taïwan est-il enfin vu comme un pays à part entière en Pologne ? Ou est-ce que la population pense toujours que ce n’est que « l’autre Chine » ou encore « la Chine des gentils » ?

林蔚昀:我必須很遺憾地說,很多時候台灣依然被貼上「另一個中國」或「好中國」的標籤並被視為「好中國」⋯⋯這個現象在波蘭漢學家和波蘭國際關係學家之中,特別嚴重,而且他們的想法難以改變。不過,也開始有部分中生代和青年學者開始注意到台灣獨特的認同和文化,這是好事,但這樣的人目前還不夠多。相較之下,我反而覺得一般民眾比較好溝通。我在做地名研究的時候,訪談了波蘭四十八個地方的居民(這些地方有叫做「Tajwan」或是「Formoza」的地方),我除了問他們當地「Tajwan」和「Formoza」的由來,也有問他們對台灣知道些什麼?對台灣有什麼了解?許多人對台灣的了解很模糊,有些人一開始也會覺得台灣是「好的中國」、「民主中國」,但當我開始和他們談台灣有什麼獨特文化,台灣有什麼漂亮的山⋯⋯他們就開始對台灣有認識、有興趣。我覺得,重點是要找到共同的語言、共同感興趣的事。我希望這樣的溝通對話可以提升波蘭人對台灣的認識,甚至認同。這麼做的人也不只是我,也有許多台灣人這麼做,我們都在做國民外交。

WYLG: Unfortunately, I have to say that Taiwan is still often labeled as “the other China” or “the good China” and regarded as “the good China”… This phenomenon is a serious problem among Polish sinologists and Polish international relations scholars. It is extremely difficult to change their mindset. However, a number of middle-age and young scholars are beginning to notice Taiwan’s unique identity and culture. This is a good thing, but such people are still very few. In comparison, I think the task is much easier when dealing with average Poles. When I was doing research on the names of those locations, I interviewed residents of forty-eight places in Poland (some of these places are called “Tajwan”, others “Formoza”). In addition to asking them about the origins of the local “Tajwan” and “Formoza”, I also asked them what they know about Taiwan. Many people have a vague understanding of Taiwan, and while some may indeed still think that Taiwan is “the good China” or “the democratic China” at first, yet when I start telling them about Taiwan’s unique culture and beautiful mountains Taiwan, they begin to understand and become interested in Taiwan. I think the key is to find a common language and common interests. I hope that this kind of communication and dialogue can enhance Polish people’s understanding – and even recognition- of Taiwan. I am not the only one doing this, there are many Taiwanese people engaging in this kind of people’s diplomacy.

 WYLG : Non, ces termes sont malheureusement toujours utilisés pour parler de Taïwan… C’est le genre de terribles déclarations que l’on peut entendre être répétées par bien des experts en relations étrangères… Même certains sinologues font cette erreur, et cela peut s’avérer assez difficile de changer leur point de vue. Cependant, de plus en plus de jeunes spécialistes comprennent la nature désobligeante de ces remarques et commencent à s’intéresser de plus près à la culture et à l’identité de Taïwan. Mais malgré la nature positive de ce changement, ces personnes ne sont qu’une minorité… En revanche, éduquer les Polonais sans aucune attache scientifique s’avère être une tâche bien plus simple. Lors de mes recherches sur les origines des endroits encore appelés « Tajwan » ou « Formoza », j’ai eu la chance de pouvoir interroger les habitants de quarante-huit endroits différents. En plus de leur demander des renseignements sur ces noms, je me suis permis de les questionner sur leurs connaissances de Taïwan. Beaucoup n’avaient que de vagues à priori, perpétuant les clichés sur Taïwan et « la Chine des gentils ». Mais après leur avoir décrit les merveilles du pays, comme la culture ou les magnifiques montagnes qui occupent le paysage, ils ont tous voulu en savoir plus. Je pense que le meilleur moyen pour arriver à détruire ces clichés, c’est de trouver un terrain d’entente entre les deux cultures. J’espère que ce genre de conversation permettra aux Polonais de mieux appréhender, voire d’apprécier, la beauté de Taïwan.
Je ne suis pas non plus la seule à essayer de changer les mentalités en Pologne. De nombreux citoyens taïwanais entreprennent également ce genre de discussions interculturelles.

FN : Vous traduisez également de la littérature polonaise en taïwanais. Comment sont reçus ces ouvrages ?

林蔚昀:波蘭文學在台灣的能見度以及受喜愛的程度滿高的。知名度最高的應該是安傑.薩普科夫斯基的《獵魔士》系列,在台灣讀者讀到小說之前,許多人就已經玩過電玩《巫師》。繪本作家亞歷珊卓‧米契林斯卡(Aleksandra Mizielińska)和丹尼爾‧米契林斯基(Daniel Mizieliński)的作品如《地圖》(Mapa)、《出發吧!環遊世界國家公園》(Którędy do Yellowstone?)也很受歡迎。但是除了這些比較大眾的文學之外,其他作家如朵卡萩(Olga Tokarczuk)、布魯諾.舒茲、辛波絲卡(Wisława Szymborska)、柯札克Janusz Korczak、沙博爾夫斯基(Witold Szabłowski)的作品也有忠實的讀者。台灣一個很特殊、有趣的現象是:台灣讀者對波蘭的作品共鳴度很高(可能是因為台灣讀者覺得,波蘭和台灣一樣都有受壓迫的歷史),而且台灣讀者在讀和波蘭歷史相關的作品時,會投射到自己身上。比如,台灣讀者在讀沙博爾夫斯基講中東歐國家威權歷史的《跳舞的熊》(Tańczące niedźwiedzie),會想到台灣的威權歷史、民主化的困難過程以及去除不掉的威權遺緒。我也想到了這個,這是為何我引進這本書給台灣出版社,這是為什麼這本書在台灣賣得這麼好。另外,台灣讀者在讀辛波絲卡的〈時代的孩子〉(Dzieci epoki)、〈結束與開始〉(Koniec i początek)時,也會想到自己的時代也是一個「政治的時代」,所有的一切都被政治影響,沒有什麼「文化/運動歸文化,政治歸政治」這種事。因為他們覺得這些詩也描述了台灣的社會,他們於是在一些社會運動場合(從太陽花到反課綱運動,到支持香港的反送中行動,到最近的青鳥行動)用〈時代的孩子〉、〈結束與開始〉或辛波絲卡其他的詩來做政治的表態。這是一個非常有趣的現象,表示許多台灣人對波蘭文化、歷史、文學有很深的共鳴。可惜,目前在波蘭無法看到同等的共鳴,但我相信有一天會有這樣的共鳴,無論要等多久,無論結果如何,我會朝這個方向繼續努力。

WYLG: Polish literature is highly visible and popular in Taiwan. The most famous work is probably Andrzej Sapkowski‘s series “The Witcher“: Before Taiwanese readers read the novels, many people had already played the video game “The Witcher”. Picture book writers Aleksandra Mizielińska and Daniel Mizieliński who wrote “Map” (“Map”) and “Let’s Go to National Parks Around the World (Którędy do Yellowstone?) are also popular. But other writers such as Olga Tokarczuk, Bruno Schultz, Wisława Szymborska, Janusz Korczak, and Witold Szabłowski also have loyal readers. There is a very special and interesting phenomenon in Taiwan: Taiwanese readers resonate well with Polish books, (probably because Taiwanese readers feel that Poland, like Taiwan, has a history of oppression), and thus they also read works about Polish history. This is a form of self-projection. For example, when Taiwanese readers read “Dancing Bears” (Tańczące niedźwiedzie) by Szabłowski about the authoritarian history of Central and Eastern European countries, they immediately think about Taiwan’s authoritarian history, the difficult process of democratization, and the indelible legacy of authoritarianism. I also thought about this. This is why I introduced Szabłowski’s book to a Taiwanese publishing house and why this book sells so well in Taiwan. In addition, when Taiwanese readers read Szymborska’s poem “Children of the Age” (Dzieci epoki) and “The End and the Beginning” (Koniec i początek), they can relate because their own experience in Taiwan is one of a “political era”.  When it comes to the influence of politics, there is no such thing as “culture/social movement belongs to culture, and politics belongs to politics.” Taiwanese readers felt that Szymborska’s poems also describe Taiwan’s society, thus they used “Children of the Age” in social movement situations (including the 2014 Sunflower protest movement,  the 2015 anti-Black Box curriculum movement, the 2019 anti-extradition law movement in support of Hong-Kong, and the May 2024 Blue Bird protest movement, as well as “End and Beginning” and other poems to make political statements. This is a very interesting phenomenon, which means that many Taiwanese people relate to Polish culture, history, and literature. It is a pity that we cannot see the same resonance in Poland at present, but I believe that one day, it will happen. No matter how long it takes and no matter what the result is, I will continue to work hard in this direction.

 WYLG : La littérature polonaise est très accessible à Taïwan. L’œuvre la plus célèbre est probablement la série The Witcher d’Andrzej Sapkowski : avant que les lecteurs taïwanais ne lisent les romans, beaucoup avaient déjà joué au jeu vidéo “The Witcher”. Les auteurs de livres d’images Aleksandra Mizielińska et Daniel Mizieliński, qui ont écrit Map (Carte) et Let’s Go to National Parks Around the World (Którędy do Yellowstone ?) sont également très populaires. Des auteurs comme Olga Tokarczuk, Bruno Schulz, Wisława Szymborska, Janusz Korczak, et Witold Szabłowski ont par ailleurs d’avides lecteurs, suivant impatiemment chaque sortie ou re-sortie. Il est d’ailleurs très intéressant de noter que les Taïwanais s’identifient beaucoup aux romans polonais, peut-être est-ce parce que les lecteurs taïwanais associent la Pologne à une nation ayant, comme eux, connus l’oppression ? Et ce serait pour cela qu’ils aiment particulièrement lire sur l’histoire polonaise, car ils peuvent se projeter dans leur peau. Par exemple, lorsqu’un Taïwanais vient à lire Les Ours Dansants de Szabłowski, livre abordant l’histoire dictatoriale des pays d’Europe Centrale et de l’Est, ils pensent directement à l’histoire similaire de Taïwan, d’à quel point il a été difficile d’instaurer la démocratie, mais aussi à l’héritage ineffaçable de l’autoritarisme dans le pays. C’était aussi à cela que je pensais quand j’ai lu ce livre. C’est la raison pour laquelle je l’ai conseillé à une maison d’édition, et c’est aussi grâce à ces similarités qu’il est tant populaire dans le pays. Pareillement, lorsqu’un lecteur taïwanais lit des poèmes de Szymborska, Dzieci epoki (Les Enfants de cette Époque) ou encore Koniec I początec (Fin et Début), il peut facilement associer ces récits à ses propres expériences, car lui aussi vit dans une « époque de politique ». Quand on aborde la politique, il est important de comprendre que des phrases telles que « il ne devrait pas y avoir de politique dans la culture » sont totalement absurdes. C’est parce que les lecteurs taïwanais ont pu s’identifier aux poèmes de Szymborska qu’ils se sont permis d’utiliser certains de ses poèmes, comme Dzieci epoki ou bien Koniec I początec, lors de mouvements sociaux, tels que le Mouvement Tournesol des Étudiants en 2014, le Mouvement Anti-Révision des Manuels Scolaires en 2015, les mouvements de soutien aux manifestations hongkongaises de 2019 ainsi que le mouvement Bluebird en mai 2024. C’est très intéressant de le noter, car cela veut dire que beaucoup de Taïwanais comprennent et s’identifient à la culture polonaise, à sa littérature, mais également à son histoire. C’est vraiment dommage que les Polonais ne résonnent pas de la même manière avec la culture taïwanaise, mais je suis certaine que cela va arriver, un jour. Et peu importe combien de temps cela prendra, ou de la manière dont cela arrivera, je continuerai mon travail, et je ferai tout mon possible pour faire le pont entre ces deux cultures.

À lire :  A snapshot of Taiwan’s Sunflower movement ten years later (Dix ans plus tard, le mouvement des tournesols de Taïwan est à l’honneur)

Écrit par: Viewcom04

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