L’Edito du Rezo
L’attaque contre Pont-Sondé, menée par les groupes armés terroristes de la base Gran Grif dans la nuit du 29 au 30 novembre, relève de ce que la doctrine désigne comme un praenuntiatum facinus, un acte annoncé dans sa logique comme dans son déroulement. Les alertes se succédaient depuis plusieurs jours : mouvements suspects, menaces verbales largement diffusées sur les réseaux sociaux, avertissements de leaders communautaires. Rien, pourtant, n’a été conçu pour éviter l’assaut parfaitement prévisible. Ni dispositif préventif, ni usage raisonné des moyens aériens pourtant mobilisés avec une célérité remarquable à Santos pour d’autres objectifs inavouables. L’État défaillant, réduit à une présence sporadique, a laissé les habitants face à une offensive que tous savaient imminente.
Plus d’une dizaine de citoyens assassinés, plusieurs maisons incendiées, des familles dispersées : les faits traduisent un effondrement opérationnel désormais structurel et observable de région en région. Les autorités, elles, ont agi strictement après coup, dans une logique défensive en contradiction frontale avec les proclamations d’une « doctrine offensive » affirmée par le DG de la PNH lors de son bilan des cent jours. Une déclaration qui prête à sourire tant l’écart est patent. Ce décalage systémique entre la parole publique et la réalité du terrain — véritable contradictio in terminis — nourrit une défiance profonde dans la société civile.
Dans ce contexte, le rôle du Premier ministre Alix Didier Fils-Aimé, surnommé « pope twèl » pour sa gestion approximative des affaires de l’État, devient central dans l’analyse. Souvent décrit comme le chef d’un gouvernement de « doublure », son champ d’action semble verrouillé par un encadrement diplomatique qui oriente l’essentiel des décisions. Le pouvoir qu’il occupe s’apparente à la potestas sine auctoritate — une position dépourvue d’autorité véritable — davantage qu’à une responsabilité politique assumée. Cette architecture institutionnelle ouvre un vide stratégique dont les groupes armés profitent, organisés, mobiles et capables d’attaquer à leur convenance.
La tragédie de Pont-Sondé renvoie à un scénario sinistrement familier : la prise de Kenscoff, il y a plus de dix mois, où l’appareil exécutif (CPT 1) avait lui aussi failli à prévenir une offensive pourtant annoncée. À cette époque comme aujourd’hui, Gary Conille, à la tête d’un gouvernement composé de ministres extérieurs aux réalités haïtiennes, avait opté pour la paralysie plutôt que pour la prévention. Le résultat reste identique : populations abandonnées, police mobilisée trop tard, institutions réduites à commenter leur propre impuissance.
Dans cette répétition dramatique, Alix Fils-Aimé obtient une fois de plus la palme de « l’incompétence », sous les applaudissements tacites de ses tuteurs diplomatiques, visiblement disposés à le transformer — ironie politique assumée — en Ariel II, roi de l’immobilisme administratif. Res ipsa loquitur : les faits parlent d’eux-mêmes.
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