Comment une nouvelle mission, sous une appellation différente, pourrait-elle réellement apporter une aide efficace ? Les Haïtiens gardent encore en mémoire les ravages causés par l’épidémie de choléra…
Le drame humain qui se déroule en Haïti atteint de nouveaux sommets alarmants. Selon un récent rapport des Nations Unies publié vendredi, le pays a vu près de 13 personnes tuées en moyenne chaque jour cette année. Ce rapport, issu du Haut-Commissariat des Nations Unies aux droits de l’homme, exhorte la communauté internationale à renforcer le contrôle sur le trafic d’armes et à prendre des mesures urgentes face à la crise grandissante provoquée par la guerre des gangs, qui exacerbe une situation humanitaire déjà critique.
Au total, ce sont 3 451 personnes qui ont été tuées depuis le début de l’année, une réalité tragique soulignée par le Haut-Commissaire Volker Türk. Dans sa déclaration, il rappelle avec force : « Plus aucune vie ne devrait être sacrifiée à cette criminalité insensée. » Ce constat intervient alors que le mandat de la force de sécurité de l’ONU, chargée d’appuyer la police haïtienne, arrive à expiration.
Initialement sollicitée en 2022, cette mission internationale a été approuvée il y a un an, mais la lenteur de son déploiement est frappante. Seule une infime fraction des troupes promises par divers pays a été effectivement déployée, et les fonds alloués demeurent largement insuffisants. Face à ce manque de ressources, Haïti a fait appel aux Nations Unies pour transformer la mission actuelle en une véritable opération de maintien de la paix, dans l’espoir d’obtenir des financements stables et une capacité d’intervention plus robuste.
Le rapport de l’ONU met en exergue les préoccupations du Haut-Commissaire Türk quant à la mission actuelle. Selon lui, il est impératif de fournir des équipements et des effectifs adéquats pour lutter contre les gangs de manière efficace et durable, afin de prévenir la propagation de leur influence et les ravages qu’ils infligent sur les populations.
La violence endémique s’est d’ailleurs intensifiée suite au premier déploiement de la mission en juin dernier, ce qui a poussé les gangs à recruter massivement des enfants dans leurs rangs. La situation est telle que près de 100 enfants ont été tués depuis le début de l’année, que ce soit lors d’attaques de gangs ou d’opérations policières. Le phénomène ne se limite plus seulement à la capitale, mais s’étend également aux régions périphériques, alimenté par un trafic d’armes persistant en provenance principalement des États-Unis, mais aussi de la République dominicaine et de la Jamaïque, malgré un embargo international sur les armes.
Les frontières poreuses du pays, les côtes mal surveillées et les espaces aériens insuffisamment contrôlés contribuent à cette escalade de la violence. Les gangs parviennent ainsi à se procurer des armes de gros calibre, des drones, des embarcations, et un flot ininterrompu de munitions, transformant Haïti en véritable zone de guerre.
Sur le plan humanitaire, la situation est tout aussi désastreuse. Le nombre de personnes déplacées internes a presque doublé au cours des six derniers mois, dépassant les 700 000 individus. Par ailleurs, environ 1,6 million de personnes sont désormais confrontées à une insécurité alimentaire aiguë, une situation d’urgence qui précède de peu le stade de la famine.
Dans ce contexte, les appels à une action internationale rapide et coordonnée se multiplient. Il est impératif que la communauté internationale s’engage non seulement à fournir un soutien logistique et financier à la mission de sécurité en Haïti, mais aussi à aborder les racines structurelles de cette crise humanitaire, incluant le renforcement du contrôle des frontières et des efforts accrus pour empêcher le trafic d’armes qui alimente les violences et compromet l’avenir d’Haïti.
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