Ohio | Dossier consommation de viande de chien – Les autorités haïtiennes se contentent d’un communiqué, sans aller jusqu’à Springfield ici, dénonce un pasteur

Ohio | Les autorités haïtiennes se contentent d’un communiqué, sans se rendre à Springfield, dénonce un pasteur résident de la zone dans un entretien exclusif avec le journal Rezo Nòdwès

Pasteur Elias Vernet Moïse, prédicateur établi depuis un peu plus d’un an à Columbus, la capitale de l’Ohio, est également présent les dimanches pour assurer des services religieux à Springfield, où il connaît une grande partie de la communauté haïtienne.

Dans cet entretien exclusif accordé à Rezo Nòdwès, le Pasteur Moïse a dénoncé l’absence de suivi du gouvernement haïtien après les rumeurs colportées contre la communauté haïtienne par de hauts responsables américains, notamment le candidat à la présidence des États-Unis, Donald Trump. Bien que la ministre haïtienne des Affaires étrangères et des Haïtiens Vivant à l’Étranger, Dominique Dupuy, ait émis un communiqué, aucune action concrète n’a été entreprise jusqu’à présent, dénonce le révérend. En ce sens, Moïse appelle les autorités à envoyer des représentants sur le terrain, notamment à Springfield, pour rencontrer les Haïtiens et tenter d’apaiser les tensions. Il regrette qu’aucun officiel du gouvernement haïtien ne se soit rendu sur place, même après la diffusion de ces rumeurs nuisibles et dommageables pour la diaspora haïtienne aux États-Unis.

Deux grands établissements médicaux de Springfield ont été brièvement fermés samedi matin, s’ajoutant à la longue liste des établissements de la région ayant reçu des alertes à la bombe non crédibles au cours des trois derniers jours.

Un communiqué de la ville de Springfield publié peu après 12 h 30 samedi indique que « plusieurs » établissements de la ville ont reçu des alertes à la bombe samedi, et que tous ont fait l’objet d’une enquête et ont été jugés sûrs.

Entretien avec le Pasteur Moïse sur la peur et les fausses accusations contre la communauté haïtienne à Springfield

Rezo Nòdwès : Pasteur Moïse, bonsoir. Comment se porte la communauté haïtienne à Springfield, en Ohio et quelle est la situation actuelle?

Pasteur Moïse : Bonsoir M. Auguste. La communauté haïtienne à Springfield est inquiète. Depuis les déclarations de l’ancien président Trump, il y a beaucoup de peur. Il a été dit que les Haïtiens mangent de la viande de chien et de chat, ce qui est totalement faux, mais ces rumeurs continuent de circuler. Aujourd’hui, nos compatriotes ont peur d’être victimes de représailles.

Rezo Nòdwès : Vous parlez de représailles. Pouvez-vous préciser de quoi il s’agit? Cette peur est-elle liée à des questions de statut légal ou de déportation?

Pasteur Moïse : Non, ce n’est pas une question de déportation. La majorité des Haïtiens de Springfield ont un statut légal, que ce soit à travers le TPS ou d’autres documents. La véritable peur vient des accusations fausses et infondées selon lesquelles les Haïtiens consommeraient de la viande de chien et de chat. Les gens craignent d’être agressés ou même exécutés dans la rue à cause de ces rumeurs, qui ne sont rien d’autre que des mensonges.

Rezo Nòdwès : Vous affirmez donc que ces accusations sont totalement fausses. D’où viennent-elles alors, selon vous?

Pasteur Moïse : Oui, ces accusations sont archi fausses. Les Haïtiens de Springfield n’ont jamais volé ni mangé les animaux domestiques des résidents. Ces rumeurs viennent principalement de certains groupes républicains qui cherchent à alimenter ces histoires dans le cadre de leurs stratégies électorales. C’est une manière pour eux de créer un climat de méfiance envers la communauté haïtienne et de la marginaliser.

Rezo Nòdwès : Y a-t-il eu sur place des réactions publiques à ces accusations, que ce soit de la part des autorités ou des résidents?

Pasteur Moïse : Oui, même des résidents non haïtiens ont pris position contre ces rumeurs. Par exemple, il y a eu un incident où un jeune homme blanc a été tué accidentellement par un Haïtien. Son père, un résident de l’Ohio, s’est publiquement exprimé contre ces accusations et a dit que c’était faux. Il a refusé de croire à ces mensonges sur la communauté haïtienne.

Rezo Nòdwès : Lorsque la ministre haïtienne des Affaires étrangères, Dominique Dupuy, a publié un communiqué à ce sujet, quel impact cela a-t-il eu sur la communauté ici?

Pasteur Moïse : À vrai dire, la communauté n’a pas eu connaissance de ce communiqué. Aucun membre du consulat haïtien, que ce soit de Philadelphie ou de New York, n’est venu jusqu’à présent nous rencontrer pour savoir ce qui se passe réellement sur le terrain. Il y a un manque total de communication avec les autorités haïtiennes. Nous espérons qu’ils prendront ces rumeurs très au sérieux et qu’ils feront tout en leur pouvoir pour défendre la communauté haïtienne à l’étranger. Jusqu’à maintenant, aucun officiel du gouvernement haïtien n’a fait le déplacement à Springfield. Nous avons besoin de leur soutien sur le terrain.

Rezo Nòdwès : Comment la communauté haïtienne réagit-elle à cette situation? Que fait-elle pour se défendre face à ces rumeurs dans ce cas?

Pasteur Moïse : La communauté est en train de s’organiser. Ils portent samedi des t-shirts spéciaux pour dénoncer cette situation inacceptable. Nous cherchons à sensibiliser le public sur le fait que ces accusations sont sans fondement. Nous espérons que la vérité prévaudra et que ces rumeurs cesseront. En attendant, nous restons vigilants et solidaires les uns des autres.

Rezo Nòdwès : En résumé, Pasteur Moise, quelle est la principale chose que vous voudriez que les gens sachent à propos de cette situation?

Pasteur Moïse : Je veux que tout le monde sache que les Haïtiens ici en Ohio ne mangent pas de chiens ni de chats. Ces accusations sont des mensonges propagés à des fins politiques. Nous sommes une communauté pacifique qui respecte les lois et la culture locales. Nous espérons que les gens comprendront cela et ne céderont pas aux préjugés.

propos recueillis par cba

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