C’est la question que se pose la presse nord-américaine après que Donald Trump a suspendu, pour un mois, son projet d’imposition de droits de douane au Canada et au Mexique.
« Qu’est-ce que Donald Trump cherche à obtenir du Canada et du Mexique ? », s’interroge The New York Times. Selon le journal, le président américain a toujours assumé son intention « d’utiliser les tarifs douaniers comme un levier économique contre les pays qui refusent de céder à ses exigences ». Pourtant, il reste flou sur la nature exacte de ces exigences — une stratégie qui lui permet de revendiquer une victoire à tout moment.
Donald Trump affirme vouloir stopper les flux migratoires à la frontière et limiter l’exportation de Fentanyl. Mais, comme le souligne The New York Times, « il n’a fixé que des critères vagues pour mesurer la coopération de ces deux pays ». Difficile, donc, d’évaluer l’impact réel des concessions obtenues : côté canadien, la création d’une force spéciale conjointe contre le crime organisé et le blanchiment d’argent ; côté mexicain, le déploiement de 10 000 membres de la Garde nationale pour renforcer le contrôle aux frontières.
Le démantèlement de l’agence de développement USAID
Son site officiel reste fermé. Officiellement, le secrétaire d’État Marco Rubio a pris la direction de l’agence, mais son avenir demeure incertain. Dans les colonnes du Washington Post, le sénateur démocrate Chris Coons plaide pour son maintien : « Notre aide internationale nous permet de nous faire des alliés, de renforcer notre leadership et de neutraliser les menaces à distance. Les programmes de l’agence jouent un rôle clé dans la lutte contre les pandémies et le terrorisme. » Et il conclut : « USAID n’est pas une agence parfaite. Si l’administration Trump souhaite discuter de réformes, je suis prêt à en parler. Mais ce qu’elle fait actuellement n’est pas une réforme, c’est une destruction. Et ce sont les Américains qui en paieront le prix. »
Le Salvador propose d’accueillir des prisonniers détenus aux États-Unis
C’est à la une de La Prensa Gráfica. Le président salvadorien Nayib Bukele a annoncé hier (3 février 2025) qu’il accepterait l’expulsion vers son pays de migrants en situation irrégulière ayant commis des crimes graves aux États-Unis. Il a également proposé d’accueillir dans ses prisons des criminels américains actuellement incarcérés aux États-Unis.
Mais El Faro s’interroge : le Salvador a-t-il les capacités d’absorber un afflux massif de détenus ? Nayib Bukele assure que chaque prisonnier accueilli fera l’objet d’une compensation financière versée par Washington, ce qui garantirait la viabilité du système carcéral salvadorien.
Sur ce point, CNN rappelle que le département d’État américain met en garde les voyageurs contre les conditions de détention difficiles au Salvador, où les prisonniers n’auraient pas toujours accès à une procédure régulière.
La grande question est de savoir si le Salvador est prêt à recevoir un flux plus important d’expulsions, non seulement de Salvadoriens sans papiers détenus sur le territoire américain, mais aussi de demandeurs d’asile. En 2024, les États-Unis étaient le pays qui comptait le plus grand nombre de demandes d’asile au monde, selon les données des Nations unies, avec plus de 3,1 millions de demandeurs d’asile. Parmi eux, 115 460 demandes émanaient de Salvadoriens, ce qui place les États-Unis au quatrième rang des pays d’Amérique centrale en termes de nombre de demandeurs d’asile, après le Nicaragua, le Honduras et le Guatemala.
Trois spécialistes consultés par El Faro doutent de la capacité du pays à accueillir davantage de personnes. Les plus pessimistes affirment qu’il n’y a pas de conditions sociales ou économiques pour absorber plus de personnes, entre autres parce que la pauvreté a augmenté de 22,8 % en 2019 à 27,2 % en 2023, selon l’enquête sur les ménages et les usages multiples. Cela signifie que 21,1 % de la population ne dispose pas d’un revenu suffisant pour acheter un panier alimentaire de base élargi.
Bukele a ensuite confirmé l’accord avec Rubio sur X, en déclarant dans un message : « Nous sommes prêts à n’accueillir que des criminels condamnés (y compris des citoyens américains condamnés) dans notre méga-prison (CECOT) en échange d’une redevance ».
Le Centre de Confinement du Terrorisme du Salvador, communément appelé CECOT, est la plus grande et la plus récente des prisons du pays, avec une capacité maximale de 40 000 détenus.
« La redevance serait relativement faible pour les États-Unis, mais importante pour nous, ce qui rendrait l’ensemble de notre système pénitentiaire viable », a-t-il ajouté.
M. Bukele a été crédité d’avoir considérablement réduit la violence des gangs dans ce pays d’Amérique centrale depuis le lancement d’une vaste campagne de répression en 2022, qui a vu l’incarcération de plus de 81 000 personnes. Mais si le taux de criminalité du pays a baissé, le traitement des personnes emprisonnées a suscité l’indignation des organisations de défense des droits de l’homme, qui qualifient les prisons salvadoriennes d’inhumaines.
Les conseils aux voyageurs du département d’État pour le Salvador avertissent également que les personnes emprisonnées dans le pays sont soumises à des conditions de détention « difficiles » et n’ont pas accès à une procédure régulière.
Washington ignore Haïti, mais la crise s’invite à Santo Domingo
Le secrétaire d’État américain entame une visite en République dominicaine sans escale prévue en Haïti, une décision qui suscite des réactions vives, nous apprend Gotson Pierre, le directeur d’Alterpresse, lors de notre interview hebdomadaire. Pour certains observateurs, cette absence traduit une volonté de privilégier la sécurité dominicaine face au chaos haïtien. Le secrétaire d’État Marco Rubio, notamment, s’inquiète des risques de débordement de la crise haïtienne vers le territoire voisin. Pendant ce temps, les discussions entre Washington et Santo Domingo pourraient inclure Haïti sans les Haïtiens, ce qui alimente les inquiétudes, dit-il.
La situation demeure critique en Haïti, où la capitale a encore tourné au ralenti, paralysée par la peur. Des rumeurs d’attaques circulant sur les réseaux sociaux ont entraîné la fermeture de plusieurs écoles et une réduction des transports publics. À Delmas, au nord-est de Port-au-Prince, des barricades enflammées ont perturbé la circulation. Les violences persistantes ont contraint près de 1 700 personnes à fuir leurs foyers dans certaines zones particulièrement touchées, comme Cité Soleil.
Hier encore, les gangs ont attaqué la commune de Kenscoff, à l’est de la capitale, malgré la présence des forces de l’ordre. Des maisons, des véhicules et des motos ont été incendiés, tandis que policiers et militaires tentaient de repousser les assaillants. Selon des témoins, le bilan humain s’alourdit, avec plusieurs dizaines de morts et de nombreux otages. Entre insécurité grandissante et absence de réponse internationale concrète, Haïti semble de plus en plus abandonnée à son sort, constate Gotson Pierre.
Au Pérou, les étudiants se mobilisent pour la biodiversité
Le Pérou est l’un des pays les plus riches au monde en biodiversité : 1 800 espèces d’oiseaux, 4 000 de papillons et plus d’une centaine de reptiles différents. Pourtant, la préservation de ces animaux et des écosystèmes exceptionnels du pays n’est pas une priorité pour les dirigeants. L’économie souterraine menace cette richesse, au point que des étudiants en droit ont décidé de se mobiliser juridiquement pour protéger l’environnement. C’est un reportage de Martin Chabal.
Journal de la 1ère
La campagne sucrière démarre dans quelques jours.