Privés de leur représentant à la présidentielle et encore abasourdis par son départ précipité vers l’Espagne, les opposants au régime chaviste veulent se convaincre que ce n’est pas la fin de leur combat.
Comme elle est amère, la presse anti-chaviste. Dans les pages d’El Nacional par exemple, on admet que González Urrutia rejoint la liste des Vénézuéliens contraints d’abandonner leurs terres, mais « il ne faut pas considérer cet éloignement avec désespoir », veut croire le journal. Au contraire, « l’histoire nous a montré que la résistance en exil, bien organisée et avec des objectifs clairs, peut être le prélude au retour triomphal de la démocratie ». Cela ressemble très fort à un vœu pieu, mais d’après El Nacional, l’exil d’Urrutia « n’est pas une défaite, mais une pause dans un combat qui n’est pas encore terminé ».
Comme aux échecs, écrit l’économiste Benjamin Tripier, le roi doit être protégé. Or, à tout moment, « les forces de la répression, les hommes cagoulés et les mercenaires auraient fini par capturer Edmundo et le tuer ». Il a été sauvé, et de toute façon, « il n’était pas raisonnable que les deux têtes de l’opposition restent à la portée de Maduro, l’un des deux devait être à l’extérieur pour la sécurité et la continuité de leur projet politique et pour préparer le 10 janvier 2025 », jour de l’investiture.
Le piège de l’oubli
Il faut ouvrir El Pais pour revenir sur Terre : le départ de González Urrutia « laisse un vide énorme », souligne le quotidien espagnol, que l’opposition doit combler dans un paysage politique complexe, « où n’importe qui peut être arrêté à n’importe quel moment ». Mais le piège de l’exil, « c’est qu’il s’accompagne de l’oubli, comme c’est arrivé à de nombreux opposants qui ont quitté le Venezuela pour des raisons de sécurité ».
Le dossier Amériques d’Edward Maille : la modification très politique des procédures électorales dans l’État de Géorgie
En Géorgie, le Conseil électoral pro-Trump vient de voter de nouvelles règles qui donnent aux comtés une marge d’autonomie inédite : ils ont désormais la possibilité de ne pas valider une élection s’il existe un « soupçon de fraude ».
Or, c’est à l’échelle locale, celle du comté, que se fait le décompte des voix. La démocrate Anita Tucker, rencontrée par RFI dans la banlieue d’Atlanta, s’interroge sur ces nouveaux pouvoirs conférés aux membres des micro-autorités électorales : « N’importe quel membre d’un conseil électoral local pourra faire ce qu’ils appellent une « enquête raisonnable ». Ce terme est très ambigu, très large, et les règles n’expliquent pas quelles en sont les limites. Ce qui signifie qu’une personne qui supervise les élections dans un comté pourrait décider d’arrêter le décompte des voix. »
Depuis la dernière élection en 2020, un nombre croissant de républicains n’ont plus confiance dans le processus électoral et estiment que Joe Biden a volé les élections. Avec cette nouvelle règle, la crainte des démocrates, c’est que ces mêmes républicains, dotés de responsabilités locales, refusent de valider les élections en cas de victoire de Kamala Harris.
Anita Tucker ne s’oppose pas par principe à la vérification des résultats, elle y est au contraire très attachée, dit-elle, mais elle estime que ce n’est pas au personnel des comtés de le faire : « Il y a déjà des processus, des contre-pouvoirs et des règles pour gérer n’importe quelle irrégularité qui pourrait survenir après le décompte des voix. Mais les enquêtes doivent être menées par le Conseil électoral de l’État, pas à l’échelle du comté. »
Avec le Parti démocrate, elle a récemment porté plainte contre les nouvelles règles mises en place dans l’ensemble de la Géorgie, qui, selon elle, laissent craindre le pire : « Le pire scénario serait qu’il y ait une telle confusion, un tel chaos en Géorgie, que personne ne puisse décider quel vote compte, et quel vote ne compte pas, et l’on pourrait rater nos échéances. Si l’on ne transmet pas nos voix au collège électoral en décembre, nos voix ne compteront pas pour l’élection présidentielle. »
Les suffrages des électeurs de Géorgie seraient pourtant primordiaux pour une victoire en novembre prochain : en 2020, Joe Biden avait remporté cet État avec seulement 12 000 voix d’avance.
Veille de débat crucial pour les deux camps
Ce mardi 10 septembre à 21h, heure française, sur la chaîne ABC, en direct d’un studio installé à Philadelphie, place à 90 minutes de joute verbale lors du premier débat entre Donald Trump et Kamala Harris. Il sera scruté d’autant plus près que c’est une revanche, car les Républicains mènent 1 à 0. La première manche, ce n’est pas tellement Donald Trump qui l’a gagnée, mais Joe Biden qui s’est écroulé, miné par ses absences, ses bafouilles et ses oublis. La catastrophe a été telle qu’elle a miné la confiance des démocrates et fini par pousser Kamala Harris sur le ring.
Donald Trump de nouveau à l’offensive ?
Dans le Washington Post, Marc Thiessen, ancien stratège du Parti républicain et plume de l’ex-président George W. Bush, propose à Donald Trump un plan pour convaincre les indécis. Il tient en quatre points : d’abord, assumer son programme. Thiessen met sur la table un sondage du mois de juillet, selon lequel la majorité des sondés approuvent le programme des républicains et 54% d’entre eux le bilan de la présidence Trump. D’après Thiessen, il doit donc se concentrer sur ses mesures et rappeler aux indécis ce pourquoi ils le connaissent.
2. Attention à l’agressivité, aux noms d’oiseau et aux petites phrases assassines. Chacun sait qu’il adore ça, mais les indécis, eux, n’apprécient pas. Et la première chose à faire pour Donald Trump, c’est de rester sous les radars, même si, d’après Thiessen, « Kamala Harris va le pousser à la faute. S’il se met par exemple à parler du 6 janvier 2021 ou à défendre les envahisseurs du Capitole, il va perdre ».
3. Faire le lien entre Harris et Biden. La vice-présidente, poursuit Thiessen, veut se faire passer pour le renouveau du pays. La tâche de Trump, c’est de la ramener dans les pattes du patron de la Maison Blanche, au bilan de Joe Biden, « et si elle tente de s’en démarquer, lui demander pourquoi elle n’assume pas, ce qui a cloché ces quatre dernières années », alors qu’elle et lui étaient au pouvoir.
4. Souligner ses contradictions, et c’est vrai, il y en a beaucoup. Elle a changé d’avis sur la fracturation hydraulique, sur la santé, sur l’écologie ou sur l’immigration. Si Trump parvient à mettre ces revirements en exergue et surtout à lui faire dire pourquoi elle a changé (seulement pour se faire élire, selon Thiessen), il peut coincer Kamala Harris aussi bien qu’il a coincé Biden.
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