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L’insécurité routière en Haïti : la grande faucheuse silencieuse

today2025-02-20

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par Elensky Fragelus

L’insécurité routière en Haïti est une réalité alarmante qui cause chaque année des centaines de morts et de blessés. Dans un pays où les infrastructures routières sont souvent dégradées et où le respect du code de la route est insuffisant, les accidents de circulation constituent une véritable hécatombe silencieuse.

Selon les données de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) publiées en 2020, les accidents de la route en Haïti ont entraîné 2 115 décès. Le taux de mortalité ajusté selon l’âge est de 19,91 pour 100 000 habitants, classant Haïti au 75ᵉ rang mondial.

En 2022, l’organisation haïtienne STOP-Accidents a recensé 1 155 accidents à travers le pays, causant 5 234 victimes, dont 654 décès et 4 580 blessés. Une diminution notable des accidents a été observée au cours des quatre derniers mois de l’année, attribuée à la hausse des prix et à la pénurie de carburant.

Les données disponibles indiquent que les accidents de la route touchent majoritairement les jeunes adultes. En 2016, une étude a révélé que 56 % des victimes hospitalisées à la suite d’accidents étaient âgées de 21 à 40 ans.

Entre 2000 et 2010, la majorité des accidents de la route en Haïti se sont produits en milieu urbain, avec 29 583 accidents recensés en zones urbaines contre 16 200 en zones rurales.

Il est important de noter que ces chiffres sont probablement sous-estimés en raison du manque de systèmes de collecte de données exhaustifs et fiables dans le pays. Néanmoins, ces statistiques illustrent l’ampleur du défi en matière de sécurité routière en Haïti.

Un réseau routier défaillant

Haïti souffre d’un réseau routier mal entretenu, avec des routes en piteux état, jonchées de nids-de-poule et souvent dépourvues de signalisation adéquate. Dans les zones rurales, certaines routes sont impraticables, forçant les véhicules à emprunter des chemins accidentés, augmentant ainsi les risques d’accidents. De plus, l’éclairage public est insuffisant, ce qui complique davantage la conduite de nuit.

Des véhicules en mauvais état et une absence d’inspection

Un grand nombre de véhicules circulant en Haïti sont en mauvais état. L’absence d’un système efficace d’inspection technique fait que des voitures, camions et motos défectueux continuent de rouler sans aucun contrôle. Freins usés, pneus lisses, phares cassés et moteurs défaillants sont monnaie courante, augmentant considérablement les risques d’accidents. Les chauffeurs, faute de moyens ou par négligence, roulent avec des véhicules dangereux, mettant ainsi en péril leur propre sécurité et celle des autres usagers de la route.

Un manque de réglementation et de sensibilisation

Le non-respect du code de la route est un problème récurrent. Excès de vitesse, conduite en état d’ébriété, dépassements dangereux et absence du port de casque chez les motocyclistes sont des comportements fréquents. Beaucoup de conducteurs n’ont pas suivi de formation adéquate et obtiennent leur permis sans véritable contrôle de leurs compétences. L’absence de contrôle régulier et de sanctions efficaces favorise ces comportements dangereux.

Une prolifération incontrôlée des motos-taxis

Le phénomène des motos-taxis, qui s’est considérablement développé ces dernières années, contribue à l’augmentation des accidents de la route. Ces conducteurs, souvent jeunes et inexpérimentés, roulent à grande vitesse, slaloment entre les voitures et ignorent les règles élémentaires de sécurité. En l’absence de régulation stricte, ces motos deviennent des dangers ambulants, transportant parfois plusieurs passagers sans casques ni équipements de protection.

Un système de transport anarchique

Le secteur du transport en Haïti est largement informel. Les « tap-tap » et les motos-taxis circulent sans réglementation stricte et sont souvent en mauvais état. La surcharge des véhicules, l’absence d’entretien et la conduite imprudente des chauffeurs augmentent considérablement les risques d’accident. De plus, l’absence de gares routières organisées entraîne un chaos dans la circulation, particulièrement dans les grandes villes comme Port-au-Prince.

L’absence de services d’urgence efficaces

En cas d’accident, la prise en charge des victimes est un défi majeur. Le manque d’ambulances, de personnel médical formé et d’infrastructures hospitalières adaptées entraîne souvent des décès évitables. Les temps d’intervention des secours sont longs, et dans de nombreux cas, les victimes sont transportées dans des conditions précaires vers les centres de soins les plus proches, ce qui aggrave leur état.

L’insécurité routière en Haïti est une crise silencieuse qui endeuille de nombreuses familles. Tant que des solutions concrètes ne seront pas mises en œuvre, le bilan humain continuera de s’alourdir sur les routes du pays.

Elensky Fragelus

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