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Lettre ouverte à Mgr Max Leroy Mésidor, Archevêque de Port-au-Prince, ancien élève du Collège Immaculée Conception des Gonaives (CIC)

today2025-02-15 1

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Lettre ouverte à Monseigneur Max Leroy Mésidor, Archevêque de Port-au-Prince, ancien élève du Collège Immaculée Conception des Gonaives (CIC)

Monseigneur,

Qu’il est noble et digne de louange de voir l’un des nôtres, un fils du Collège Immaculée-Conception des Gonaïves, s’élever aux plus hautes sphères de l’Église haïtienne et se poser en vigie spirituelle dans les moments les plus sombres de notre histoire ! Vous qui avez grandi entre les ruelles de Petite-Rivière-de-l’Artibonite et les bancs disciplinés du CIC, votre trajectoire force l’admiration. Aujourd’hui, non seulement archevêque de Port-au-Prince, mais aussi figure éminente de la Conférence épiscopale d’Haïti (CEH), vous incarnez l’héritage d’une Église dont la mission, bien au-delà des autels et des encens, est de défendre la justice et la dignité humaine.

Nous vous saluons avec fierté et respect, Monseigneur. Nous espérons que votre engagement et votre sagesse vous porteront encore plus loin, peut-être même jusqu’aux rangs sacrés du cardinalat, où un prélat haïtien, enraciné dans notre sol martyrisé, ferait entendre la voix de notre peuple dans la grande assemblée des hommes de foi.

Mais aujourd’hui, nous vous écrivons – plutôt Claudy t’écrit – avec une inquiétude profonde.

Vous l’avez dit, vous l’avez dénoncé !

En 2024, dans une déclaration empreinte d’émotion et de gravité, vous avez posé la question qui hante tous les Haïtiens conscients : « Y a-t-il un plan secret pour finir avec les Haïtiens ? » Cette question, Monseigneur, vous ne l’avez pas posée à la légère. Vous l’avez lancée comme un cri, un appel à la conscience nationale, alors que Petite-Rivière-de-l’Artibonite et Pont-Sondé sombraient dans le sang et la désolation. Vous avez exprimé votre frustration, votre colère sainte devant l’indifférence du gouvernement, devant la résignation d’un peuple qui semble s’accoutumer à l’inacceptable.

Ce cri, Monseigneur, résonne encore aujourd’hui. Il interpelle. Il accuse.

Or, en 2025, nous sommes à un tournant encore plus critique. Un Conseil électoral provisoire (CEP) de soumission, dont l’un des membres est délégué par l’Église catholique, se prépare à organiser un référendum-bidon sur une nouvelle constitution. Un référendum qui ne répond à aucune légitimité constitutionnelle, car l’article 284-3 de notre loi fondamentale l’interdit formellement. Un référendum qui, s’il venait à être imposé, ne serait qu’un instrument supplémentaire dans cette entreprise de démantèlement national que vous-même avez ouvertement dénoncée.

Monseigneur, qu’en est-il ?

L’Église, gardienne des âmes et de la vérité, va-t-elle se rendre complice d’un projet qui viole la loi et menace la stabilité d’un pays déjà en lambeaux ? Va-t-elle laisser Patrick Saint-Hilaire, votre propre représentant au sein du CEP, participer à ce qui ressemble à une manipulation destinée à affaiblir encore davantage notre nation ?

Nous ne vous écrivons pas pour vous accuser, Monseigneur, loin de là. Nous vous écrivons pour vous rappeler votre propre parole. Votre indignation d’hier ne peut se dissoudre dans le silence d’aujourd’hui. Vous avez vu, vous avez compris, vous avez parlé. Allez-vous maintenant vous taire alors qu’un membre de l’Église catholique contribue, peut-être sans le vouloir, à ce que vous avez vous-même identifié comme un plan de destruction de l’homme haïtien ?

Vous avez devant vous deux choix :

1. Garder le silence, laisser M. Patrick Saint-Hilaire avancer dans ce processus illégal, et ainsi voir l’Église se compromettre dans une initiative qui trahit à la fois la Constitution haïtienne et les principes de justice que vous avez défendus.
2. Rappeler M. Saint-Hilaire du CEP de soumis à un Exécutif dénoncé de corruption, signifier clairement que l’Église ne saurait cautionner une action illégitime, et affirmer que les lois canoniques qui régissent l’Église catholique ne sont pas plus sacrées que les lois constitutionnelles qui régissent notre chère Haïti que nous vénérons tous.

Monseigneur, l’heure est venue d’agir. L’Église catholique haïtienne, héritière de tant de luttes et de sacrifices, ne peut devenir l’instrument d’un pouvoir fantoche qui se nourrit du chaos. Votre parole a eu un écho profond dans le cœur des Haïtiens. Elle ne peut s’éteindre maintenant.

Recevez nos salutations respectueuses, Pè Wawa.

Nous nous souvenons de vous, du temps où nous nous croisions dans les rues de Gonaïves, dans les vieux lieux de cette ville à Parc-Vincent où vous avez forgé votre foi et votre engagement. Aujourd’hui, l’Histoire vous regarde.

Faites ce qui est juste.

Que Dieu vous éclaire et vous guide.

Claudy Briend Auguste, avocat-journaliste
Rédacteur en chef du journal citoyen Rezo Nodwès
Ex-cadete de la Escuela Navale Militar de Venezuela
CICéen promotion 1978-1985

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