Les réseaux sociaux deviennent antisociaux en Haïti à cause de la vulgarité

À l’origine, les réseaux sociaux ont été conçus pour connecter les gens, diffuser la connaissance, permettre l’échange d’idées et rapprocher les peuples. Mais en Haïti, cette noble mission semble s’être pervertie. De plus en plus, ces plateformes, notamment Facebook et TikTok, deviennent le théâtre d’un effondrement moral et intellectuel, au point de devenir antisociales.

La rareté du contenu éducatif
Combien de fois entre-t-on sur Facebook en espérant tomber sur une vidéo instructive ou une publication qui élève l’esprit ? La réalité est accablante. Le fil d’actualité est saturé de contenus dégradants, parfois choquants, où la vulgarité est banalisée, voire glorifiée. Les vidéos éducatives, sociales ou civiques sont reléguées à l’arrière-plan, noyées sous un flot de distractions dénuées de toute valeur constructive.

Une course aux vues qui détruit la jeunesse
Dans un monde où le nombre de vues est devenu une monnaie, certains influenceurs sont prêts à tous les excès pour attirer l’attention : insultes, obscénités, humiliations publiques, scènes indécentes. Le but : générer de l’engagement pour monétiser leurs comptes. Mais ce gain apparent cache une perte immense : celle de la conscience collective.

Les plus touchés sont les jeunes, souvent sans repères solides, qui consomment ces contenus sans filtre. Ce qu’ils voient tous les jours finit par façonner leur vision du monde, de la réussite, de la morale. Peu à peu, ils assimilent la vulgarité à une forme de popularité, et l’indécence à un moyen d’expression. L’influence devient alors toxique.

Une partie de la diaspora haïtienne, pourtant dotée d’un accès à l’éducation, à l’information et aux technologies, n’échappe pas à cette dérive. Au lieu d’utiliser les réseaux sociaux comme des outils d’éveil, de conscientisation et de mobilisation citoyenne, certains se contentent de surfer sur la vague de l’insignifiance. Au lieu de partager des contenus susceptibles d’éclairer la jeunesse, d’expliquer les droits, les devoirs, les enjeux politiques et sociaux du pays, ils contribuent à nourrir une culture de l’abrutissement.

Cela pose une question de cohérence : peut-on exiger d’être intégré dans les grandes décisions nationales, revendiquer une voix dans les débats politiques, tout en diffusant des contenus qui traduisent une pauvreté intellectuelle ? Une diaspora responsable doit être un modèle, un guide, un vecteur de transformation positive, surtout dans un pays en crise comme Haïti.

Sortir du piège de la décadence numérique
Il est urgent de reprendre le contrôle de nos plateformes numériques. Cela passe par une éducation aux médias, un éveil de la conscience citoyenne et une responsabilisation collective. Les réseaux sociaux ne doivent pas être des zones de non-droit où tout est permis. Ils doivent au contraire devenir des espaces de création, de dialogue, de formation et d’émancipation.

En tant que peuple, nous avons le choix : continuer à nourrir la décadence ou décider de reconstruire un écosystème numérique sain, digne et porteur d’avenir. Ce combat commence par un clic, une publication, un message différent. Utilisons cette puissance pour bâtir, et non pour détruire.

Dans un monde compétitif au niveau de la technologie
Une question se pose : que vaut un citoyen haïtien, à l’étranger et à l’échelle nationale, en termes de productivité ? Au lieu d’être utiles, nous sommes devenus des encombrants pour les autres nations. L’heure est grave, nous devons agir le plus urgemment possible pour sauver notre dignité.

Alceus Dilson: Communicologue, Juriste.

E-mail:

Alceusdominique@gmail.com

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