Aux Pâques : une tragédie meurtrière orchestrée par le gang « 103 zombies »
Dans la localité paisible d’Aux Pâques, à Léogâne, le massacre d’une vingtaine de paysans par le gang « 103 zombies » révèle une tragédie où se mêlent mysticisme et représailles violentes. L’implication d’un houngan local, autrefois protecteur des assaillants, soulève des interrogations troublantes sur l’escalade de la terreur dans la région.
Le gang « 103 zombies », connu pour son affiliation à la puissante coalition criminelle « Viv ansanm », a fait irruption dans la localité d’Aux Pâques, laissant derrière lui un sillage de mort et de désolation. Une vingtaine de paysans, incluant des femmes, des enfants et des aînés, ont été froidement abattus. Parmi les victimes figure un houngan local, accusé d’avoir trahi les bandits en divulguant un secret mystique les rendant vulnérables. Ce dernier, autrefois considéré comme un allié des assaillants, serait devenu leur cible principale, selon les propos de l’avocat Raphaël Daniel, notable de la région.
Selon des témoignages recueillis sur place, le massacre serait la conséquence directe d’un enchaînement d’événements mêlant mysticisme et conflit armé. Le houngan aurait, sous la pression de la communauté, divulgué un rituel ou une formule qui aurait affaibli les protections spirituelles des bandits. Privés de cette invulnérabilité supposée, les criminels ont vu plusieurs de leurs membres tomber sous les tirs de civils armés ou dans des affrontements avec les forces de l’ordre. Cette perte aurait poussé le gang à lancer une offensive meurtrière pour réaffirmer son emprise sur la région.
Les témoins décrivent une attaque méthodique, où les bandits ont encerclé la communauté aux premières heures de l’aube, bloquant les principales voies d’évacuation. Armés de fusils automatiques, ils ont fait irruption dans les maisons, tirant sur les habitants sans distinction. Plusieurs blessés par balles ont été transportés dans des hôpitaux voisins, mais leur prise en charge reste difficile en raison du manque de ressources médicales. Des habitations ont été incendiées, réduisant en cendres les maigres possessions des familles.
La lenteur de l’intervention des forces de l’ordre a été vivement critiquée. En dépit des appels désespérés des habitants, les policiers n’ont pu se rendre sur les lieux à temps, invoquant l’inaccessibilité de la zone et le manque d’équipement approprié. « Cela montre une fois de plus l’incapacité de l’État à protéger ses citoyens, notamment dans les régions rurales où l’accès à la sécurité est quasi inexistant », déplore l’avocat Daniel.
Au-delà du lourd bilan humain, cette attaque laisse une population traumatisée, contrainte de vivre dans la peur constante de nouvelles représailles. De nombreux habitants ont déjà quitté la localité, craignant pour leur vie. Pour ceux qui restent, l’avenir semble incertain. Les services sociaux et les organisations humanitaires sont appelés à intervenir pour répondre aux besoins urgents des survivants.
Cette tragédie relance le débat sur la gestion des gangs en Haïti et sur l’efficacité des stratégies actuelles de lutte contre la criminalité. Tandis que les groupes criminels étendent leur influence, souvent avec la complicité de figures politiques ou économiques, les citoyens des zones rurales sont de plus en plus laissés à leur sort. Aux Pâques, le massacre vient rappeler l’urgence d’une réforme globale qui intègre non seulement des actions militaires, mais aussi des solutions économiques et sociales pour réduire l’emprise des gangs.
Hervé Noël
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