L’ENVOYÉ PART ENCORE.
Nous sommes en Haïti, au côté gauche de la vie, en face du temps et au bout des brimades plurielles qui défilent devant le ciel d’une Église cherchant vocation, service et volonté. Alors, après prières et pleurs, le BonDieu a ordonné prêtre un homme qui allait bouger le social. Le social-pluriel est un message gérardiste qui voit lumière là où ténèbres et sécheresses dansent pour maltraiter la vie des brebis égarées comme mode de victoire et de succès.
Il faut dire, en effet, bouger le social est un mouvement générationnel qui a pour but de découvrir talents et pratiques de conscience. La découverte de talents est liée au projet d’éducation et de développement produisant des hommes et des femmes pour la construction d’un pays proprement civique et éthique. De l’autre côté, les démarches conduisant aux pratiques de conscience sont des formes quotidiennes qui impliquent l’évolution d’un demain divers où la vie sera une bougie parfumée et allumée pour embellir chaque pas, à chaque fois que l’alphabet chante futur et espoir.
Le père Gérard Dormevil a écrit les beaux jours en pièces de douleurs et de calamités. Il a pu, par son humilité, construire une idée-pratique d’une opportunité unique : lire et manger ; travailler et comprendre ; servir et vivre. Il a construit la vision d’un « ayez-pas-peur », d’un « ça-va-aller » malgré tout. Nous sommes témoins de la carrière gérardiste marquée par la participation et la vertu.
Le mort qui a fait de la vie un instrument collectif de cris aimables ou le mort qui a transformé la vie en un chant collectif et aimable. Un mort qui a vécu comme le soleil d’un printemps vierge. Un mort au pantalon d’entraide. Un mort qui a su chanter: «Avèk solèy ki tounen leve // Pitit BonDye rasanble».
On pleure et on est fiers. On pleure et on chantera éternellement la victoire d’un mort qui a inculqué l’esprit critique comme moyen de sortie dans un Trou-Sable oublié, dans une ville boiteuse et dans un département en style de faux nageurs. On a vu et entendu le désir du prêtre pour imposer le défi vert à Bassin; il l’a fait.
Allons-nous pleurer ensemble pour embrasser les mots qui nous manquent? Ces mots de remerciement que nous ne pouvons pas qualifier.
Il y a la Savane Désolée, dont nous sommes témoins tout au long de nos vies, et il y a la Savane d’Espoir que le visionnaire empathique a laissé comme héritage. Il y a une liste infinie de choses entre volonté et imperfection.
Le prêtre a voulu agir et s’en est fait le porte-parole et osé croire que demain peut être un sourire sans prix de vente.
Nous avons le BonDieu, le prêtre et sa volonté de servir. Le prêtre n’est plus, le BonDieu est éternel. Y a-t-il un volontaire?
Céïde Joanel, ancien du Collège la Sainte Famille.
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