Haïti : 365 jours de transition inutile — chronique d’une continuité mortifère
Il serait tentant de faire du 3 avril 2024 une date pivot dans l’histoire d’Haïti, comme si la mise en place du Conseil Présidentiel de Transition (CPT) avait marqué un tournant. Mais ce serait une illusion, un mensonge commode. Car cette transition annoncée, voulue, médiatisée, n’a été que la continuation sans déguisement d’un régime déjà à bout de souffle. Le pouvoir du docteur Ariel Henry, en place depuis juillet 2021, n’a rien bâti, rien tenté, rien offert au pays sinon le silence, la paralysie, la corruption institutionnalisée et la résignation. Son gouvernement, désigné dans des circonstances douteuses après l’assassinat du président Jovenel Moïse, a incarné non pas une solution, mais la prolongation d’une crise politique sans fin.
C’est cette même logique d’atermoiement et de désengagement qui a accouché du CPT : un organisme composite, sans vision commune, sans ancrage constitutionnel solide, et sans volonté manifeste de rupture. Il faut le dire avec force : le CPT est la forme institutionnelle de la continuité d’un régime défaillant. Il n’est pas né de la contestation du pouvoir précédent, mais de sa mutation silencieuse. Le PHTK, dans sa troisième mouture — les « Tèt Kale 3 » — n’a pas seulement ruiné l’État ; il a verrouillé les perspectives d’alternative. Transparency International l’a classé parmi les plus corrompus de la région. Le CPT, loin d’inverser la tendance, s’inscrit dans la même dynamique d’échec systémique.
De juillet 2021 à avril 2024, puis d’avril 2024 à aujourd’hui, Haïti n’a pas changé de cap. Elle a simplement changé de façade. C’est la même descente aux enfers qui continue, sous d’autres noms, avec d’autres visages.
« Le CPT n’a ni mandat populaire ni vision politique ; il symbolise le délitement d’un État sous tutelle molle. » — Clarens Renois, ancien candidat à la présidence, Le Nouvelliste, mars 2025.
En effet, e 3 avril 2024, sous la pression de la CARICOM et avec le soutien appuyé de l’administration Biden, un Conseil Présidentiel de Transition (CPT) voyait le jour en Haïti. Formé de neuf personnalités représentant autant de blocs politiques, ce modèle de gouvernance à la carte devait amorcer un retour à l’ordre républicain, restaurer la sécurité et organiser des élections. Un an plus tard, l’expérience tourne à la débâcle institutionnelle.
L’accord qui fonde le CPT n’a jamais été publié dans Le Moniteur, organe officiel de la République. Cette anomalie juridique majeure a fait dire à de nombreux juristes haïtiens que l’entité est dépourvue de toute légitimité. Pour l’avocat Samuel Madistin : « Le CPT fonctionne comme un cartel politique, sans base légale ni reddition de comptes. » (Vant Bèf Info, avril 2025).
La gouvernance promise s’est transformée en un partage de postes et d’influences. Le cabinet ministériel, constitué sous influence mutuelle des membres du Conseil, n’a jamais fait l’objet d’un programme commun ni de priorités claires. Résultat : l’État fonctionne en pilotage automatique, tandis que les crises s’empilent.
Un désastre sécuritaire
La mission centrale du CPT était de rétablir un minimum de sécurité publique. Les faits sont accablants : selon les données du Bureau de coordination des affaires humanitaires de l’ONU (OCHA), plus de 362 000 déplacés internes étaient recensés à la fin mars 2025 – un record absolu. Les bandes armées contrôlent plus de 80 % de Port-au-Prince. L’attaque du pénitencier national le 2 mars 2025, ayant permis l’évasion de plus de 3 600 détenus, a marqué un point de non-retour.
« Il n’y a pas de gouvernement effectif. La sécurité s’est effondrée. » déplore un rapport confidentiel de la BINUH relayé par The Haitian Times (mars 2025).
Le CPT avait promis un référendum constitutionnel en février 2025 et des élections générales en novembre. Or, le référendum – largement contesté car inconstitutionnel selon l’article 284.3 de la Constitution – n’a jamais été officiellement lancé. Les élections sont plus hypothétiques que jamais. Aucun organisme électoral permanent n’a été formé. Le flou stratégique est tel que même les partenaires internationaux s’interrogent sur la poursuite de leur soutien logistique.
Une transition sans horizon
L’échec du CPT révèle une constante de la politique haïtienne contemporaine : des arrangements internationaux imposés sans ancrage populaire ni réflexion sur la souveraineté. Le Conseil n’a pas su, ou pas voulu, construire un pacte de transition avec la nation. Ce qui devait être une sortie de crise devient un facteur aggravant de la crise.
Aujourd’hui, Haïti se trouve à la croisée des chemins : soit une refondation véritable est engagée à partir des forces sociales, locales et institutionnelles encore debout, soit le pays continue son glissement vers l’effondrement étatique.
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