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Le plan de Donald Trump pour l’Ukraine bouscule la relation transatlantique

today2025-02-14 2

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Après trois ans de silence, la conversation directe entre le président américain et son homologue russe et l’ouverture de négociations immédiates marquent un virage spectaculaire de la diplomatie américaine.

Depuis l’agression contre son voisin ukrainien, Vladimir Poutine est un chef d’État sanctionné et mis au ban de la communauté internationale par les États-Unis, rappelle notre correspondant David Thomson. Il faut se rappeler qu’au même moment, en Ukraine, les soldats russes sont encore pilonnés par des munitions américaines livrées à l’armée ukrainienne. Mais avec Donald Trump, tout change, et trois semaines après son arrivée à la Maison-Blanche, il fait ce que Joe Biden avait totalement exclu depuis trois ans : un entretien téléphonique de plus d’une heure et demie avec le leader du Kremlin. « Une très bonne conversation, très productive » se réjouit Trump, pour lancer, dit-il, « des négociations de paix immédiates avec l’Ukraine. Nous sommes sur le chemin de la paix, le président Poutine veut la paix, le président Zelensky veut la paix, je veux la paix », lance Donald Trump, qui espère un cessez-le-feu dans un avenir proche. Et qui va jusqu’à offrir une invitation à Vladimir Poutine afin qu’il se rende aux États-Unis, de même que le président russe l’invite en retour en Russie. Jusqu’ici paria, Poutine retrouve son rang de partenaire légitime grâce au président des États-Unis. C’est d’ailleurs lui que Donald Trump a appelé en premier… Et Volodymyr Zelensky en second.

Une victoire de Vladimir Poutine ?

De nombreux commentateurs américains y voient déjà une victoire de Vladimir Poutine : « Le président Trump a capitulé devant Poutine avant même que les négociations ne commencent », selon John Bolton, son ancien conseiller à la sécurité nationale, car au même moment, depuis Bruxelles, le ministre de la Défense américain douchait les espoirs ukrainiens. « Revenir aux frontières d’avant 2014 est un objectif irréaliste » estime Pete Hegseth, ajoutant que les « États-Unis ne pensent pas que l’adhésion de l’Ukraine à l’OTAN soit non plus un objectif réaliste ». Poutine obtient exactement ce qu’il voulait, conclut John Bolton, ce sont les termes d’un accord qui aurait pu être écrit au Kremlin.

La grande oubliée de ce changement de cap : l’Europe, totalement marginalisée par la Maison-Blanche alors que le conflit se déroule sur son sol. Personne n’a prévenu Bruxelles, Paris ou Berlin, qu’une conversation avec Poutine était au programme. Mais CNN rappelle que Trump se fiche de la sécurité des Européens, « Ce qu’il veut, c’est que les États-Unis cessent de payer ». Et on n’entre pas dans une nouvelle ère des relations transatlantiques, remarque le consultant Nicholas Dungan, « On entre dans une nouvelle ère où les rapports entre les grandes puissances en viennent à supplanter les institutions internationales ».

C’est le moment que redoutaient l’Europe et l’Ukraine depuis des mois, voire des années, observe Politico, « mais la soudaineté et l’ampleur du plan dévoilé par Donald Trump ont laissé tout le monde sous le choc ». L’Amérique se retire et renonce au rôle qu’elle a tenu depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale. Désormais, c’est aux gouvernements européens d’assurer seuls leur défense ainsi que celle de l’Ukraine.

Haïti et les trois visages de Kenscoff

Avec notre confrère Frantz Duval, rédacteur en chef du quotidien haïtien Le Nouvelliste, compte-rendu de la peur constante à Pétion-ville, quartier huppé de Port-au-Prince sous la menace d’une attaque de grande envergure menée par les gangs. De nouveaux tirs y ont été signalés hier, ainsi que plusieurs maisons pillées et incendiées

Sur les hauteurs de la capitale haïtienne, on trouve la commune de Kenscoff, très éprouvée par l’assaut meurtrier survenu il y a trois semaines, mais les reportages de Jean Daniel Sénat et Jonasson Odigène montrent que la situation sur place est loin de l’apocalypse décrite par plusieurs commentateurs, et que Kenscoff a plutôt des affaires de refuge.

Le Nouvelliste consacre également un article aux auditions qui se poursuivent dans le dossier de l’assassinat du président Jovenel Moïse, en 2021. Et notamment celle de l’ancien fonctionnaire de l’unité de lutte contre la corruption, Joseph Félix Badio.

Des poursuites contre les personnalités sanctionnées par les États-Unis

Michel Martelly, Laurent Lamothe, Jean Henry Céant, Youri Latortue ? L’ONU, les États-Unis ou le Canada ont déjà gelé leurs avoirs à l’étranger et prononcé des interdictions de voyage. Ils sont accusés de corruption, de soutien à des gangs armés ou encore de trafic de drogue. Radio Métropole rappelle que le gouvernement d’Haïti veut à son tour les poursuivre afin de lutter contre l’impunité des responsables politiques. Mais il reste beaucoup de questions à trancher, « difficile pour la justice de mener ces enquêtes dans un contexte d’instabilité persistante », mais aussi en raison d’un manque de preuves, car Washington et ses alliés n’ont toujours pas fait suivre aux autorités haïtiennes le moindre dossier d’instruction.

Quel sort pour les migrants emprisonnés à Guantanamo ?

Exclusivité du New York Times, qui a obtenu une liste de 53 noms, 53 hommes vénézuéliens détenus à Guantánamo depuis une semaine, dans une aile réservée jusqu’ici aux anciens membres d’Al-Qaïda, et de surcroît, gardés par des militaires en lieu et place des agents de l’immigration qui devraient les encadrer. On ne sait toujours pratiquement rien d’eux, puisque le ministère américain de l’Intérieur n’a pas divulgué leur identité et encore moins ce qu’on leur reproche précisément. Jusqu’à ces révélations, leurs familles n’avaient pas même connaissance certaine de leur présence à Guantánamo. Plusieurs ONG de défense des droits de l’homme, rapporte encore le New York Times, ont saisi la justice, car ces prisonniers doivent avoir accès à un avocat et ont droit à une procédure judiciaire équitable.

Assignation qui a toutes les chances d’agacer encore un peu plus la Maison-Blanche, à l’image de Karoline Leavitt, la porte-parole de la présidence, dans une déclaration au vitriol prononcée hier, le 12 février 2025, devant les journalistes accrédités. Donald Trump et son équipe estiment que décisions de justice qui ciblent ces opérations anti-migrants ou les suppressions de poste dans la fonction publique ne sont plus le fait de magistrats, mais de « militants politiques »qui outrepassent leurs fonctions afin de mettre des bâtons dans les roues de l’administration Trump : « La véritable crise constitutionnelle a lieu au sein de l’autorité judiciaire, où des magistrats locaux et des juridictions locales à tendance progressiste abusent de leur pouvoir pour entraver les actes les plus basiques de l’exécutif, assène Karoline Leavitt. Nous estimons que ces juges se comportent comme des militants judiciaires plutôt que comme des arbitres impartiaux. Nous nous conformerons à la loi et aux décisions de justice. Mais nous aurons recours à toutes les voies légales afin d’infirmer ces jugements extrémistes et de nous assurer que la politique du président Trump puisse être mise en œuvre ».

Au Pérou, le Musée de la mémoire de Lima ravive les rancœurs politiques

Au Pérou, le conflit armé des années 1980 et 1990 reste un enjeu politique. La guérilla maoïste du Sentier lumineux et les forces armées se sont livrées à l’époque à une guerre meurtrière qui a fait près de 70 000 morts. Le Musée de la mémoire de Lima tente de présenter les crimes et les massacres commis par les deux camps, mais cela ne plaît pas à tout le monde et le pouvoir politique essaie de peser dans l’histoire qui y est racontée. Reportage de notre correspondant Martin Chabal à réécouter dans son intégralité dans l’édition du jour.

L’actualité des Outre-mer avec nos confrères de la 1ʳᵉ

Plus de deux semaines après le drame, les corps des deux dernières victimes du crash aérien survenu à la Dominique ont enfin pu être récupérés hier, le 12 février 2025.

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