Le CPT contraint de commercialiser samedi le produit Saint-Cyr d’un HCT déshonoré

M. Laurent Saint-Cyr, étant donné que l’aéroport du Cap-Haïtien constitue actuellement la seule porte ouverte du pays vers l’extérieur, se trouvait-il sur place par hasard pour une brève escale ? S’est-il simplement arrêté en transit vers des affaires personnelles, ou revient-il d’un agenda privé habilement dissimulé sous le vernis d’une opération de communication politique ?

La diffusion tardive, samedi 2 août 2025, d’un communiqué officiel prétendant valoriser la participation de M. Laurent Saint-Cyr à un forum sur la violence communautaire au Cap-Haïtien jeudi dernier, traduit une stratégie communicationnelle précipitée et dénuée de rigueur institutionnelle. Ce document, publié sans preuve photographique ni enregistrement visuel, ne confirme en rien la présence effective du Conseiller à cette rencontre. Dans une République minée par le théâtre politique, l’absence de toute matérialité factuelle soulève une interrogation fondamentale : l’événement a-t-il réellement eu lieu avec sa participation, ou s’agit-il d’une reconstitution à visée opportuniste ?

Ce déficit de vérifiabilité révèle une gouvernance fondée sur le simulacre dès sa genèse en avril 2024. Après plusieurs semaines de silence depuis son retour du forum de la CARICOM à Montego Bay, Laurent Saint-Cyr ressurgit dans l’espace public à un moment précisément où les États-Unis, dans un avertissement diplomatique explicite, dénoncent des tentatives de corruption visant à « saper la stabilité » d’Haïti. Le Département d’État, dans une déclaration diffusée vendredi 1er août, affirme qu’il « tiendra responsables ceux qui perturbent cette coopération ». Dans ce contexte, le communiqué présidentiel prend la forme d’une réponse défensive, instrumentalisée à des fins de repositionnement interne.

L’homme que le CPT cherche à repositionner comme coordonnateur de la transition est pourtant porteur d’un passif politique incontestable. Membre du Haut Conseil de Transition (HCT) ex-nihilo, Saint-Cyr n’a su ni conduire le pays vers des élections, ni mettre auparavant sur pied un Conseil Électoral Provisoire. Son passage à cette instance budgétivore a été un échec manifeste, comme l’avait souligné sur RezoNòdwès, JDr osué Renaud de NERHO, qui rappelle l’incapacité du trio Saint-Cyr–Manigat–Desroches à sortir le pays du vide institutionnel lassant. Ce n’est donc pas un acteur nouveau qui émerge, mais une figure recyclée issue d’un mécanisme discrédité.

À cette trajectoire inefficace s’ajoute un conflit de rôle préoccupant. Alors qu’il sera éventuellement et officiellement investi le 7 aout d’un mandat de coordination politique, Laurent Saint-Cyr figure parallèlement comme Peace Fellow à Jackson School of Global Affairs de Yale. Cette affiliation internationale, aussi prestigieuse soit-elle, entre en contradiction avec les obligations d’un dirigeant de transition, qui, en principe, devrait être un leader accompli et nom émergent. Peut-on prétendre reconstruire une nation à distance, tout en poursuivant un parcours académique étranger ? Cette incohérence révèle une conception erronée de l’engagement public, fondée sur la dispersion et l’ambiguïté.

En tentant de redorer le profil d’un acteur politiquement disqualifié,Le CPT accentue la représentation d’un pouvoir éloigné des standards attendus en matière de responsabilité publique et de rigueur administrative. Le communiqué, saturé de formules incantatoires, ne définit ni orientation claire, ni méthode, ni calendrier. Il ne propose aucune réponse sérieuse aux questions fondamentales de désarmement, de gouvernance ni de souveraineté électorale. Le recours au langage performatif remplace la planification, et l’image remplace l’action.

En définitive, cette opération de communication ne masque pas le vide stratégique de la transition actuelle. Ressusciter une figure discréditée, sans bilan ni cap, dans un pays classé au premier rang de la corruption en 2025 par Transparency International, traduit un cynisme administratif pleinement assumé. Pauvre Haïti, les mêmes viennent, partent et reviennent — et pour quel résultat ? Y a-t-il chez nous une carence d’hommes intègres ?

cba

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