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Laurent Saint-Cyr, tout heureux qu’Albert Ramdin (OEA) se préoccupe d’Haïti : mais lui, quelle utilité apporte-t-il au pays ?

today2025-06-10

Laurent Saint-Cyr, tout heureux qu’Albert Ramdin (OEA) se préoccupe d’Haïti : mais lui, quelle utilité apporte-t-il au pays ?
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L’Edito du Rezo

à ire aussi : Ariel Henry installe finalement son Haut Conseil de la Transition. Haïti s’obstine à recycler les mêmes acteurs improductifs, au détriment de son propre développement.

Le dernier communiqué émanant de la Présidence haïtienne, diffusé ce lundi à la suite d’un entretien entre le Conseiller-Président Laurent Saint-Cyr et le Secrétaire général adjoint de l’Organisation des États américains (OEA), Albert Ramdin, s’avère, à bien des égards, plus générateur d’ambiguïtés que porteur de substance. Loin de constituer un document de stratégie diplomatique ou un exposé cohérent des orientations nationales en matière de relations internationales, ce texte révèle un déséquilibre manifeste dans l’expression institutionnelle de l’État haïtien, pris dans les rets d’une crise multidimensionnelle prolongée. Le fait d’accueillir avec empressement, sans nuance ni conditionnalité, la simple évocation de la crise haïtienne à l’agenda d’un acteur multilatéral, sans la moindre élaboration sur les mécanismes de coopération envisagés, témoigne d’un affaiblissement préoccupant de la capacité d’initiative, tant sur le plan politique que diplomatique.

M. Laurent Saint-Cyr, manifestement satisfait d’une reconnaissance de nature protocolaire, semble faire abstraction — volontairement ou non — des antécédents historiques qui lient l’Organisation des États américains (OEA) au contexte politique haïtien contemporain. Il convient en effet de rappeler que cette organisation a exercé une influence déterminante dans le déroulement et l’issue du processus électoral controversé de 2010-2011, lequel a permis l’accession au pouvoir d’un exécutif dont le mandat fut largement associé à l’érosion des structures républicaines et à la banalisation des dérives institutionnelles. Ce passé, encore vif dans la mémoire politique collective, impose une posture de discernement critique. Dès lors, saluer une prise en compte internationale sans procéder à une relecture des responsabilités antérieures ni à une clarification des attentes actuelles pourrait être interprété comme une forme de désalignement vis-à-vis des impératifs de redevabilité démocratique et de cohérence historique.

Au-delà de la dimension protocolaire, se profile une interrogation plus substantielle : celle de la représentation politique en contexte de crise systémique. Que vaut un acteur public qui se limite à relayer les intentions d’acteurs extérieurs, sans esquisser de vision autonome, sans proposer d’orientation stratégique, ni affirmer une position de principe ? Dans une société confrontée à l’effondrement progressif de ses institutions, à la désintégration du contrat social et à l’érosion des repères collectifs, la population attend de ses dirigeants non des applaudissements diplomatiques, mais une parole fondée, structurante, ancrée dans une perspective nationale claire.

Une telle posture communicationnelle, qui privilégie l’effet d’annonce au détriment de l’élaboration d’un contenu normatif, participe d’un processus insidieux : l’intériorisation d’une logique de dépendance. À force d’accueillir passivement les signaux de reconnaissance venus de l’extérieur, sans les inscrire dans un cadre politique propre, les autorités en viennent à déléguer leur pouvoir d’agir. Or, dans un contexte où la souveraineté est menacée non par les seuls impérialismes, mais par l’incapacité endogène à formuler un projet collectif, cette attitude ne relève plus de la diplomatie, mais d’une démission stratégique.

La scène de Nice, où le Conseiller-Président semble avoir trouvé motif à satisfaction, ne saurait occulter les réalités muettes des périphéries nationales. À Cité Soleil, Carrefour-Feuilles ou Gros-Morne ou Mirebalais, ce qui fait défaut n’est pas l’attention internationale, aussi sincère soit-elle, mais une parole politique incarnée, audible et responsabilisée — une parole qui ne parle pas à la place du peuple, mais en dialogue avec lui, dans l’authenticité d’un engagement politique assumé.

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