Plus d’un mois après l’arrivée du premier contingent de policiers kenyans dans le cadre de la mission multinationale d’aide à la sécurité, et malgré la mobilisation des forces armées haïtiennes, la violence des gangs ne diminue pas dans le pays. Les seuls mois d’avril et juin 2024, l’ONU a recensé 1 379 victimes de meurtres et de blessures et 428 victimes d’enlèvements.
« Les gangs continuent de se renforcer », alerte Le Nouvelliste. « Ils détruisent des commissariats de police, ils kidnappent des membres de la population, ils occupent toujours les principaux axes routiers du pays en toute quiétude. » Le quotidien haïtien rappelle les multiples rencontres organisées par le Premier ministre Garry Conille sur le thème de la sécurité. « Mais rien ne change », pointe Le Nouvelliste, qui résume : « Les forces armées d’Haïti sont sur le pied de guerre, l’état d’urgence est en vigueur dans 14 communes contrôlées par les gangs, plus de 400 policiers kenyans sont déjà sur le territoire, et rien ne se passe. » Et en parallèle, « le Conseil présidentiel de transition, éclaboussé par des scandales de corruption, se barricade derrière un silence assourdissant. »
Dans ce climat de violence, il devient de plus en plus difficile de rendre un dernier hommage à ses proches. Notre correspondante sur place, Marie André Belange, a rencontré des familles qui ne peuvent pas assister aux funérailles en raison de la situation sécuritaire. À Port-au-Prince, les espaces où se tiennent les cérémonies funéraires ont été contraints de fermer. « C’était le 24 décembre, un dimanche, se souvient le journaliste Eloge Milfort. Alors que j’ajustais ma cravate pour me rendre à l’église, mon téléphone a sonné et on m’a annoncé que ma mère était morte. Au-delà de toute la peine qui m’a envahi sur le coup, la plus grande a été le fait que je ne pourrai pas être présent aux funérailles de ma mère. Cela a été extrêmement douloureux. » Menacé de mort et de kidnapping, le journaliste avait quitté Haïti deux ans auparavant, et n’a pas pu rentrer au pays pour faire ses adieux à sa mère, sous peine de mettre sa vie en danger. « Ma mère et moi étions très attachés, c’était viscéral. Quand j’ai dû quitter Haïti, je n’ai pas eu le courage de le dire à ma mère, lui dire que je devais fuir. Car je savais que cela aurait été difficile pour elle de me laisser partir même si c’était pour sauver ma peau. Et c’était avec la mort dans l’âme que j’ai quitté ma mère le jour de mon départ, dans l’espoir que je la reverrai encore. Puis elle est morte, et son fils qui l’aime tant n’a même pas pu assister à ses funérailles. » La seule façon d’assister à l’enterrement a été via un appel vidéo, explique Eloge Milfort. Un reportage de Marie André Belange.
Douze morts dans les manifestations au Venezuela
Les manifestations continuent au Venezuela. Des milliers de personnes se sont rassemblées mardi 30 juillet dans plusieurs villes du pays pour revendiquer la victoire de l’opposition à l’élection présidentielle du 28 juillet 2024. Depuis le début des manifestations, douze personnes sont mortes. Notre correspondante sur place Alice Campaignolle a rencontré un manifestant à Caracas. « Nous sommes réunis car nous pensons que le gouvernement a commis une fraude électorale. Nous demandons pacifiquement que la volonté du peuple soit respectée, c’est la raison de notre présence. Nous voulons du changement, et pour cela, nous avons choisi la voie électorale. Les procès-verbaux des bureaux de vote existent, et grâce à eux, nous aurons la preuve de la victoire d’Edmundo Gonzales Urrutia ».
La tension monte aussi d’un cran à l’ambassade d’Argentine à Caracas. Six membres de l’équipe de Maria Corina Machado, figure de l’opposition au président réélu Nicolas Maduro, s’y réfugient depuis le mois de mars. Ils se disent victimes de persécution de la part du gouvernement en place.
Pagina 12 relaie une note officielle du ministère des Affaires étrangères vénézuélien, qui demande au personnel de l’ambassade de quitter le pays avant 72h. Selon El Pais, si la diplomatie vénézuélienne a garanti aux diplomates argentins un retour en toute sécurité dans leur pays, les six opposants doivent rester au Venezuela. Mais sans la protection de l’Argentine, leur arrestation est quasiment inévitable. Le porte-parole de la présidence argentine, relayé par El Pais, soutient que leur situation est étudiée « minute après minute » et qu’il n’y a « d’autre décision que de continuer à les protéger. »
Plusieurs scrutins en Arizona
Mardi 30 juillet, les électeurs de l’Arizona, État de l’ouest américain, étaient invités aux urnes pour plusieurs scrutins, dont des doubles primaires pour choisir les candidats de chaque parti pour le Sénat. L’élection se tiendra le 5 novembre, le même jour que la présidentielle. Chez les démocrates, c’est le représentant Ruben Gallego qui a été désigné, et du côté des républicains, il s’agit de Kari Lake, connue pour ses positions extrêmes et pour ce que la presse appelle « son négationnisme électoral ». Le média progressiste The Hill rappelle que cette ancienne présentatrice de télévision n’a jamais reconnu sa défaite, en 2022. Elle se présentait alors au poste de gouverneur de l’Arizona. Elle n’a jamais reconnu non plus la défaite de Donald Trump à la présidentielle en 2020, souligne le New-York Times. Et Kari Lake n’est pas seule, souligne The Hill. Trois autres profils similaires sont arrivés en tête d’autres scrutins locaux qui se jouaient en Arizona. « La soirée a souligné à quel point ce négationnisme électoral s’est installé à la base du Parti républicain de l’Arizona », à trois mois de l’élection.
The Hill remarque également que « l’Arizona met beaucoup de temps à compter les bulletins de vote ». En cause, une loi récente permettant le vote par courrier. L’Arizona est un swing state, un État bascule qui pourrait faire pencher la balance d’un côté ou de l’autre à la présidentielle. « Si le contrôle de la Maison Blanche ou du Sénat finit par dépendre de l’Arizona, note The Hill, il faudra peut-être plusieurs jours pour connaître les résultats. »
Un rappeur engagé fait bouger les lignes au Mexique
Le 1er octobre, pour la première fois, une femme, Claudia Sheinbaum, prendra ses fonctions de présidente. Elle a été maire de Mexico pendant 5 ans, et c’est sous son impulsion que certains quartiers dangereux ont connu une transformation. L’un des meilleurs exemples est l’arrondissement d’Iztapalapa, dans l’est de la capitale, qui compte près de 2 millions d’habitants. Il est souvent comparé au Bronx à New York, à cause de son taux de criminalité élevé. Mais les choses ont commencé à bouger, notamment grâce à des personnes comme Oscar Flores, un rappeur engagé. «J’ai une histoire un peu compliquée. Dans ma jeunesse, j’étais un vrai emmerdeur, j’étais une catastrophe, mais aujourd’hui ça va, les choses s’arrangent petit à petit. Tout cela est lié au fait que j’ai ouvert mon esprit et que j’ai pu voir d’autres horizons, j’avais envie de changer. Je n’avais plus envie de continuer dans la même direction qu’avant. J’avais envie d’aider les gens d’ici à comprendre les mêmes choses que moi… ces choses que malheureusement, je n’avais pas comprises à l’époque ». C’est grâce à la musique, au rap, que Oscar Flores est parvenu à s’en sortir. Désormais, il se considère comme un exemple de la transformation qu’a traversé ce quartier, réputé pour avoir été l’un des plus dangereux de Mexico. Mais il milite aussi pour que cette transformation réussisse, et s’engage en faveur de l’intégration des jeunes et soutient la politique sociale de la mairie de gauche d’Iztapalapa. Un reportage d’Achim Lippold.
Journal de la 1ère
En Guyane, la mobilisation se poursuit pour venir en aide aux victimes de l’incendie du squat de Baduel, samedi.