Gonaïves, Haïti – Située au cœur de la ville des Gonaïves, la Place d’Armes est bien plus qu’un simple lieu de rassemblement. C’est le berceau de la liberté haïtienne, l’endroit où, le 1er janvier 1804, l’indépendance d’Haïti a été proclamée, marquant ainsi la naissance de la première République noire libre du monde. Ce lieu, chargé de symbolisme et de mémoire collective, devrait être préservé avec le plus grand soin. Pourtant, ce n’est plus aujourd’hui qu’une ombre de ce qu’il fut autrefois, un espace qui semble avoir été abandonné par ceux qui en ont la charge.
La Place d’Armes des Gonaïves a été reconstruite avec faste à l’occasion du 150e anniversaire de l’indépendance le 1er janvier 1954. Cette rénovation visait à rendre hommage aux héros de la liberté, tels que Jean-Jacques Dessalines, dont la statue trône au centre de la place. Mais aujourd’hui, ce lieu historique est en proie à l’abandon, livré à une dégradation qui en ternit la grandeur des faits accomplis le 18 novembre 1803.
Selon des analystes et plusieurs marchands ambulants interrogés sur place, par Rezo Nòdwès, cette situation découle en grande partie de la mauvaise gestion du marché communal des Gonaïves. Ce marché, autrefois le cœur commercial de la ville, ne parvient plus à répondre à la demande croissante des petits commerçants. En conséquence, la Place d’Armes s’est transformée en une extension informelle du marché, où les vendeurs installent leurs étals faute de place ailleurs. « Le petit commerce est devenu la principale activité des Gonaïviens, car l’État ne répond plus aux besoins de la population, » confie un résident local. « Il n’y a presque pas d’emploi, ni dans l’administration publique, ni dans le secteur privé ou les ONG. C’est pourquoi tant de gens se lancent dans le commerce informel. »
Cette précarité économique est visible partout dans la ville, où même la vente de carburant est devenue un commerce de survie. « On se demande si un jour les autorités vont faire respecter la loi qui interdit la vente de produits pétroliers dans des récipients, » poursuit un autre Gonaïvien interrogé par cba. « On dirait que la ville est restée bloquée dans les années 1950, tant la situation est désespérante. »
La situation n’est pas seulement économique, mais aussi infrastructurelle. « La ville de Gonaïves est plongée dans l’obscurité, » déplore un autre observateur. « Il n’y a pas d’électricité, et la circulation est un véritable chaos. Il y a à peine quelques panneaux de signalisation, et même ceux-là semblent invisibles pour la majorité des conducteurs. »
Les problèmes de communication ne font qu’aggraver la situation. Ni Digicel ni Natcom, les deux principales compagnies téléphoniques du pays, ne parviennent à fournir une couverture fiable, que ce soit pour les appels ou pour l’accès à Internet. La ville semble vivre dans une autre époque, loin de la modernité que l’on pourrait espérer en 2024.
En revenant à la Place d’Armes, la dégradation de cet espace emblématique n’est que le reflet des nombreux défis auxquels fait face Gonaïves. Les marchands qui étalent leurs marchandises jusqu’aux portes de la cathédrale créent une cacophonie où les haut-parleurs, diffusant de la musique à plein volume, rivalisent avec les homélies des prêtres à l’intérieur de l’église. Le vacarme est tel qu’il semble n’y avoir plus personne pour rappeler que « la liberté des uns s’arrête là où commence celle des autres. »
La Place d’Armes, qui devrait être un sanctuaire de la mémoire collective haïtienne, est devenue un lieu où l’histoire est négligée, où la désorganisation règne. Ce n’est pas seulement Gonaïves qu’elle représente, mais toute la nation haïtienne. Il est inconcevable que cet endroit, où l’idée même de la liberté universelle a été proclamée, soit aujourd’hui si peu respecté.
Les Haïtiens doivent absolument prendre conscience de l’importance stratégique de la Place d’Armes des Gonaïves. Ce site nécessite un engagement et un investissement soutenus, au-delà des commémorations annuelles. Nous devons redonner à cet espace sa gloire d’antan, non seulement pour rendre hommage aux héros de 1804, mais aussi pour transmettre aux générations futures l’importance de la liberté et de l’indépendance.
La Place d’Armes des Gonaïves ne peut plus être reléguée à un abri pour les sans-abri ou à un marché informel. Elle doit redevenir un sanctuaire de mémoire, de respect et de fierté nationale. La tâche est immense, mais elle est indispensable pour que cet espace retrouve sa place dans l’histoire d’Haïti, mais aussi à l’échelle mondiale.
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