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La particularité des sonorités d’Afrique du Sud rappellent les traditions, la lutte et la résilience du pays

today2024-10-01 2

La particularité des sonorités d’Afrique du Sud rappellent les traditions, la lutte et la résilience du pays
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La musique sud-africaine reflète l’héritage culturel complexe du pays

Publié à l’origine sur Global Voices en Français

Groupe musical Dizu Plaatjies & The Ibuyambo Ensemble. Image de Ninara de Flickr (CC BY 4.0 Deed).

[Sauf indication contraire tous les liens mènent vers sites en anglais]

Du tempo entraînant du kwela [fr] au désormais phénoménal  amapiano [fr], l’Afrique du Sud [fr] possède un paysage musical riche qui comprend un kaléidoscope de genres, chacun étant une expression unique de l’identité multiforme du pays.

Les rythmes du pays ont transcendé les frontières, captivant les publics du monde entier avec leur mélange unique d’influences traditionnelles et modernes. Des artistes contemporains comme Ladysmith Black Mambazo [fr], Wouter Kellerman , Brenda Fassie [fr], Mandla Mofokeng , Seether [fr], Die Antwoord [fr], Jeremy Loops , Yvonne Chaka Chaka [fr], Lucky Dube [fr], Goldfish , Freshlyground [fr], Black Coffee , Anatii et Tyla [fr] ont consolidé la place de l’Afrique du Sud sur la scène musicale mondiale, fusionnant divers genres et repoussant les limites de la créativité.

Leur succès a non seulement mis en valeur le talent musical du pays, mais a également contribué à une meilleure compréhension et appréciation de son patrimoine culturel complexe.

Dans cet article, nous nous plongeons dans la riche histoire de certains sons uniques de l’Afrique du Sud avec Mtsotso Avela, un ingénieur du son passionné de musique sud-africaine, comme le montre sa chaîne TikTok . Voici une version abrégée de l’interview de Global Voices avec Avela.

Zita Zage (ZZ) : Parlez-nous de vous et pourquoi vous vous intéressez à la musique sud-africaine. 

Mtsotso Avela (MA) : Je suis un jeune professionnel sud-africain qui se considère comme un spécialiste du multimédia. J’ai une vaste expérience et des qualifications dans plusieurs domaines.

Je suis ingénieur du son, spécialiste du marketing numérique, manager d’artistes, présentateur radio, producteur de contenu et créateur. Je fais cela la plupart, sinon le tout , dans l’industrie des médias et du divertissement. Je suis ce qu’on peut appeler un entrepreneur numérique.

J’ai grandi dans l’est du pays, dans une ville appelée Queenstown [fr], le pays des Xhosa [fr], dont je fais partie, et c’est là que mon amour du divertissement s’est manifesté.

Au lycée, entre 2008 et 2012, j’étais le DJ de l’école. Nous organisions des événements et des journées civiques où je mettais en place le système et tous les groupes soumettaient leurs chansons avant la représentation. Aujourd’hui encore, je continue à faire cela en tant que compilateur de musique pour une émission que je présente sur la radio Sauma HD, une station en ligne qui diffuse 90 % d’artistes inconnus et de musique pop.

Je suis incroyablement passionné par ce que je fais et mon objectif ultime est d’avoir un impact dans l’industrie et d’apprendre continuellement.

ZZ : Pendant la lutte pour la liberté, quel genre musical a émergé et comment a-t-il influencé la lutte cette lutte ?

MA : L’un des genres musicaux qui a émergé était la musique kwela [fr] .

Il s’agit d’un genre musical qui a émergé au début des années 1950 dans les townships de Johannesburg.  Il utilise un instrument important, le  penny whistle [fr], qui est étranger ou d’origine non sud-africaine.

Ce genre musical n’était pas axé sur la protestation ou la lutte contre l’oppression. Il avait plutôt un rythme vif et optimiste qui rassemblait les gens. Il garantissait que tout le monde puisse passer un bon moment et se sentir inclus.

Le mot « kwela » vient des langues zoulou [fr] et xhosa [fr] et a deux significations : la traduction littérale est « grimper, monter, élever ou « monter à bord ».

Le terme fait également référence à la montée à bord des fourgons de la police locale, communément appelés « kwela-kwela ». Les musiciens de rue locaux qui se produisaient dans des shebeens [fr] étaient harcelés par la police et risquaient souvent d’être arrêtés en vertu de la loi de l’apartheid [fr] . Les jeunes hommes qui jouaient du sifflet à un sou aux coins des rues faisaient également office de guetteurs, criant souvent « Voici le kwela, kwela ! » pour avertir ces musiciens de l’arrivée du kwela. Les Blancs, ignorant la signification de kwela kwela, pensaient à tort qu’il faisait référence à la musique.

Un autre genre qui a émergé est le jazz africain :

Le jazz en Afrique du Sud a joué un rôle important en révélant au monde l’état du pays. Bien que je ne puisse pas vraiment donner une date précise de son émergence, on dit qu’il a commencé peu après la Première Guerre mondiale [fr], vers 1918, et cette introduction s’est faite via Cape Town [fr] .

Je peux affirmer avec certitude que le jazz a été utilisé comme un outil et une voix pour s’exprimer contre le gouvernement de l’apartheid. Même le groupe de musique Mahlathini et les Mahotella Queens , qui n’étaient pas ouvertement politiques, faisaient parfois allusion aux souffrances de l’apartheid ou louaient Nelson Mandela dans leurs chansons. Ainsi, de nombreux artistes de jazz ont dû s’exiler ou fait volontairement parce que la police voulait les arrêter pour avoir dénoncé l’apartheid . Par exemple, des artistes comme Chicco Twala , qui a écrit la chanson « Manelo » (en référence à Nelson Mandela ), ainsi que Brenda Fassie ou n’importe quel autre artiste, ne pouvaient pas mentionner le nom de Mandela dans leurs morceaux, car c’était criminel. Plusieurs chansons ont été interdites, notamment la chanson de Johnny Clegg et Savuka, Asimbonanga, dédiée à Mandela.

Et voici juste une chanson de jazz qui décrit les états d’alors :

Comme le dit la chanson : « Tu nous manques Manelo (Mandela). C’était à l’époque où il était en prison avec d’autres camarades et la musique a rendu le combat plus fort.

En mars 1960, le massacre de Sharpeville [fr], premier d’une série de petits soulèvements, eut lieu . Le gouvernement de l’apartheid augmenta considérablement la censure, ce qui entraîna la fermeture de tous les lieux et événements qui accueillaient ou employaient à la fois des personnes noires et blanches. Les rassemblements de plus de 10 personnes furent également déclarés illégaux. Il en résulta un exode massif de musiciens de jazz qui quittèrent l’Afrique du Sud à la recherche d’un emploi. Parmi eux se trouvaient le trompettiste Hugh Masekela [fr] et les chanteuses  Miriam Makeba [fr](surnommée « Mama Africa »), Letta Mbulu [fr] et Dorothy Masuka [fr] .

ZZ : À l’époque de Makeba, Masekela, comment les chansons de protestation ont-elles contribué à galvaniser le mouvement anti-apartheid ?

MA : Je vous suggère de regarder un film intitulé Sarafina [fr].  Il est disponible sur Netflix et DSTV, et de faire une recherche sur YouTube pour  Sarafina Broadway .

Quand j’étais enfant, j’ai grandi en écoutant cet enregistrement. De plus, regarder des films comme When We Were Black m’a donné une idée de la situation à l’époque. Sans avoir recours à la technologie, les jeunes de l’époque utilisaient leur voix pour se battre. Ce n’étaient pas seulement les jeunes qui se battaient, mais aussi les femmes qui étaient contre l’utilisation du dompass [fr] (le document utilisé pour faire respecter les lois de l’apartheid).

En juin 1976, lors du soulèvement de Soweto [fr], plus de 20 000 femmes de toutes origines ethniques ont défilé jusqu’aux Union Buildings de Pretoria pour présenter une pétition contre le port de laissez-passer par les femmes au Premier ministre, JG Strijdom. Les femmes ont chanté un chant de liberté : « Wathint’ abafazi wathint’ imbokodo » (« Tu frappes une femme, tu frappes une pierre »). Et des personnalités comme Lillian Ngoyi [fr], Helen Joseph [fr], Rahima Moosa [fr] et Sophia Williams-De Bruyn [fr] étaient en première ligne de la marche. Lors de toutes ces marches, elles chantaient haut et fort pour que tout le monde les entende et rejoigne le mouvement de libération.

Ces chansons n’étaient pas seulement chantées, mais elles étaient aussi un message et une direction ou un appel à l’action sur ce qui doit se passer à ce moment-là. « iGwijo » ou des chants qui disent « Une blessure à un est une blessure à tous » suggéraient que nous n’allions nulle part et que je me battrais. Une chanson : « Asiwafuni amagwala sifuna amaqabane ka Thambo, ka Mandela » (« Nous ne voulons pas de lâches, nous voulons des camarades d’OR Thambo et de Mandela et des héros de la lutte »).

ZZ : Quel genre musical est populaire actuellement et quel impact a-t-il eu sur l’industrie ?

MA : L’Amapiano est le plus populaire en ce moment.

Apparu au milieu des années 2010, l’amapiano est un sous-genre de musique kwaito [fr] et house [fr], mélangeant deep house, jazz, soul et musique lounge [fr]. Il se distingue par son utilisation de synthétiseurs, de larges lignes de basse percussives et du son de batterie distinctif lancé par MDU TRP .  L’essor du genre a vu des changements importants dans la scène musicale, illustrés par Major League DJz , qui sont passés du New Age Kwaito (NAK) à des artistes amapiano [fr] en tournée mondiale.

L’amapiano est devenu un phénomène, avec de nouveaux hits et des défis de danse qui émergent régulièrement et gagnent en popularité dans le monde entier. Par exemple, le défi de danse Tshwala Bam a vu la participation de célébrités comme Chris Brown [fr] et Jason Derulo [fr] :

@tresori_25 Chris brown dansant sur du rythme tshwala bam 🔥🔥🔥🔥 ——-.————————————-.————.———-#1111tour #chrisbrown #chrisbrownofficial #chrisbrownexclusives #chrisbrownworld#teambreezy #chrisbreezybrown #chrisbrownconcert #chrisbrowntiktok #chrisbrownfans #chrisbrownfanpage #chrisbreezy #teambreezy #chrisbrownvibes #chrisbrownvideos #rnbvibes #rnbmusic#teambreezy4life #breezyseason #breezyera #fyp #foryou #fypシ #viral #viralvideo #viraltiktok #foryoupage #f #explor #explorepage #foryou #foryourpage ♬ original sound – 𝕀𝕥’𝕤 𝕓𝕣𝕖𝕖𝕫𝕪

L’influence du genre est vaste, catapultant des artistes comme Tyla, qui est devenue une superstar mondiale quelques années seulement après la sortie d’une seule chanson :

 

Des tons provocants des chansons de protestation aux rythmes irrésistibles de l’amapiano, la musique sud-africaine témoigne de l’esprit indomptable du pays et de sa capacité durable à captiver le monde avec la créativité sans limites de son peuple.

Écrit par: Viewcom04

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