Actualités

La Caricom exprime de vives inquiétudes sur la transition en Haïti

today2024-08-23 1

Arrière-plan
share close

Le 20 août 2024, le Groupe des Éminentes personnalités de la Caricom a exprimé de sérieuses préoccupations après une visite en Haïti du 11 au 16 août. Lors de rencontres avec le Conseil Présidentiel de Transition (CPT), le Premier ministre Garry Conille, et diverses parties prenantes, le Groupe a souligné l’incapacité de l’État à améliorer la sécurité, l’inefficacité des forces kényanes, et l’érosion de la confiance publique dans le CPT, exacerbée par un scandale de corruption. Ces retards menacent la transition et pourraient compromettre l’échéance de février 2026 pour l’investiture d’un président élu.

Déclaration du Groupe des Éminentes Personnalités – Suite à la visite en Haïti, 11-16 août 2024

En réponse à une invitation du Président du Conseil Présidentiel de Transition (CPT) et aux appels des parties prenantes, le Groupe des Éminentes Personnalités de la CARICOM (GEP) a effectué une visite en Haïti du 11 au 16 août 2024, faisant suite à des réunions virtuelles précédentes avec le Conseil Présidentiel, le Premier ministre et les leaders des secteurs de nomination. Le GEP a estimé qu’il était nécessaire d’évaluer les progrès réalisés dans le processus de transition afin de pouvoir faire rapport aux chefs de gouvernement de la Communauté des Caraïbes (CARICOM).

La visite a permis un échange de vues et un dialogue avec des représentants d’un large éventail de la société haïtienne – l’exécutif bicéphale ; le Directeur Général de la Police Nationale d’Haïti ; le Ministre en charge des affaires féminines, les leaders des secteurs de nomination ; la direction des partis politiques non représentés au CPT ni au gouvernement ; le secteur de la société civile, y compris les associations féminines et de défense des droits de l’homme ; les secteurs religieux et privés ; les syndicats ; et un groupe de la diaspora en visite. Le GEP a également rencontré des représentants des principaux partenaires internationaux d’Haïti (Canada, France, États-Unis) ainsi que des représentants du Bureau des Nations Unies en Haïti (BINUH), de l’Organisation des États Américains (OEA) et du Commandant de la Force de la Mission Multinationale de Soutien à la Sécurité (MSSM).

La visite au CPT et au Premier ministre a permis de faire le point sur la situation générale, leurs activités, leurs plans ainsi que leurs préoccupations. Le GEP a été encouragé par le fait que le CPT semblait faire des efforts pour surmonter les retards dans la mise en place de plusieurs institutions et entités clés requises en vertu de l’Accord du 3 avril entre les parties prenantes, telles que le Conseil Électoral Provisoire (CEP), l’Organe de Contrôle de l’Action Gouvernementale (OCAG), le Conseil National de Sécurité et la Conférence Nationale. La question de l’isolement de certains secteurs et de leurs représentants au sein du Conseil, ainsi que la friction qui en résulte, a été soulevée. Le GEP a également discuté de l’inquiétude parmi les parties prenantes en raison de la non-publication de l’Accord du 3 avril, de l’absence des institutions critiques proposées, de l’inaction du Conseil, et de l’impact négatif sur le Conseil de son inaction face aux allégations de corruption visant trois de ses membres.

Une préoccupation majeure exprimée par les institutions de gouvernance était les difficultés rencontrées par la police haïtienne et la force kenyane pour faire face à l’insécurité. Cela reste la principale attente du peuple haïtien. La préoccupation commune exprimée était que la force kenyane était à la fois sous-effectif et sous-équipée et, par conséquent, incapable de maintenir les territoires repris. La nécessité de fournir un financement adéquat pour la MSSM afin de résoudre rapidement ces déficits en équipements et en personnel a été soulignée, ces nécessités étant également requises par la police haïtienne.

Pour sa part, le Premier ministre était bien conscient que la fenêtre d’opportunité ne durerait pas longtemps et que le peuple du pays attendait des résultats. Il a clairement indiqué que le manque de ressources et la défaillance des institutions de l’État constituaient des obstacles, mais que des efforts étaient en cours pour s’attaquer aux problèmes socio-économiques et humanitaires critiques qui assaillent la population. Le Premier ministre a souligné que, à moins que la question de l’insécurité ne soit résolue, les progrès dans d’autres domaines critiques de l’action gouvernementale seraient très probablement compromis.

Lors des réunions avec le large éventail de représentants de la société civile et des partis politiques non représentés au CPT et au gouvernement, il y avait un point de vue commun selon lequel ce qui était nécessaire, c’était un réajustement et une reconfiguration du CPT. Il y avait unanimité quant aux préoccupations et aux problèmes soulevés – l’incapacité de l’État à améliorer la sécurité ; la déception face au manque d’impact de la présence des forces kényanes ; l’érosion de la confiance publique dans le CPT, exacerbée par le scandale de corruption et les demandes véhémentes de retrait des trois conseillers ; l’inquiétude croissante que, en raison des retards, perçus comme de l’inaction, le processus de transition ne respecte pas l’échéance de février 2026 pour l’investiture d’un président élu. Les représentants des partis politiques non liés au CPT ont dénoncé le caractère non inclusif du Conseil des ministres et les avantages pécuniaires et autres susceptibles d’être accordés dans la période précédant les élections aux partis politiques représentés au Conseil par leurs ministres désignés.

Les retards dans l’installation des institutions critiques, la nécessité d’une plus grande efficacité pour atteindre les principaux objectifs dans le délai imparti, et l’impact corrosif des allégations de corruption ont contribué à la fragilité du processus de transition. Les allégations de corruption n’auraient pas pu survenir à un pire moment, et nécessiteront une résolution rapide afin de préserver l’intégrité de l’institution et la confiance du public dans le processus de transition. À cet égard, l’enquête de l’agence de lutte contre la corruption sera d’une importance cruciale. Il est nécessaire de revenir à l’éthique de l’accord de la Jamaïque du 11 mars 2024, qui reposait sur l’inclusivité, le consensus et la responsabilité.

The post La Caricom exprime de vives inquiétudes sur la transition en Haïti first appeared on Rezo Nòdwès.

Écrit par: Viewcom04

Rate it

Articles similaires

Actualités

Lutte contre les gangs en Haïti : après le blocage des fonds américains, le CPT, budgétivore, doit être remplacé et les forces de sécurité nationales renforcées, déclare le Dr Renaud

Tweet La décision de l’administration du président Donald Trump de bloquer le financement de la mission multinationale dirigée par le Kenya en Haïti a suscité un vif débat sur l’efficacité des opérations menées sur le terrain et les perspectives de stabilisation du pays. Cette décision, qui intervient alors que les […]

today2025-02-05


0%