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Kenskof, l’un des greniers de Port-au-Prince, livré aux gangs sous l’œil passif de Fils-Aimé, bien informé au départ

today2025-02-02 1

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minute de la rédaction

Ce chaos généralisé ne profite qu’à une poignée d’acteurs qui trouvent dans cette déliquescence une opportunité pour asseoir leur emprise. L’expansion des gangs ne relève pas du simple hasard, mais bien d’un projet méthodique de démantèlement du pays.

L’extension de la violence des gangs de Port-au-Prince à l’Artibonite accélère le processus de déstabilisation d’Haïti, anéantissant les derniers bastions de production agricole qui alimentaient la capitale. Ce scénario ne peut plus être considéré comme un incident isolé, mais plutôt comme une stratégie bien orchestrée visant à asphyxier économiquement et socialement le pays. Le fait que le gouvernement de facto, sans mandat légitime, envisage d’organiser des « élections » dans huit départements sur dix, malgré la mainmise des groupes armés sur des régions stratégiques, donne la mesure de l’écart entre le discours politique et la réalité du terrain. L’Artibonite, jadis considéré comme étant un grenier à riz pour Haïti, est aujourd’hui sous occupation criminelle, gênant l’acheminement des denrées alimentaires vers la capitale et provoquant l’effondrement des circuits commerciaux.

Quant à la commune de Kenskoff, principal approvisionneur en produits frais des marchés de Port-au-Prince, notamment ceux de Pétionville, elle est aujourd’hui un nouveau « territoire perdu » contrôlé par les gangs « Viv Ansanm » que Claude Joseph et André Michel considère comme un parti politique. Les habitants, pris en otage par la violence, ne parviennent plus à circuler librement, leur quotidien étant rythmé par les incendies, les enlèvements, les viols et les meurtres. L’incapacité de l’État à sécuriser cette région agro-alimentaire a entraîné une flambée des prix sur les marchés urbains, renforçant l’insécurité alimentaire qui frappe déjà durement les classes les plus vulnérables. L’inaction des autorités face à l’expansion territoriale des gangs questionne non seulement la compétence du gouvernement, mais aussi la réelle volonté politique de rétablir un minimum d’ordre dans le pays.

Plus choquante encore est la réaction du Premier ministre qui, loin de prendre des mesures d’urgence, se contente d’avouer qu’il était informé de la situation, tout comme les services de renseignement. Une déclaration d’une extrême gravité, qui atteste d’une normalisation de l’horreur et d’une gestion politique marquée par l’impunité. Une semaine après cette révélation, aucun responsable n’a été sanctionné et aucune mesure exceptionnelle n’a été prise pour endiguer la crise. L’absence de répercussions concrètes conforte l’idée d’une collusion tacite entre les élites politiques et les groupes armés, qui évoluent en toute liberté sous le regard passif, voire complice, de ceux qui prétendent gouverner.

L’aveu par le chef du gouvernement que les services de renseignement étaient au courant de la situation relance un sujet de réflexion majeur : pourquoi une telle inertie face à une menace d’une telle ampleur destructrice ? Loin d’être une surprise, cette déclaration formalise une réalité que la population subit depuis des années : un Etat démissionnaire, où les autorités ne sont plus en mesure d’assurer la sécurité publique et d’administrer le territoire.

Ce chaos profite à certains acteurs qui, dans l’ombre, tirent profit de l’effondrement du pays. Kenskof, symbole de prospérité, est devenu le champ de bataille d’intérêts particuliers, les plus forts profitant de la crise au détriment de la population. En cas d’inertie des autorités, il ne s’agira plus de savoir si Haïti s’effondre, mais combien de temps le pays pourra survivre à cette implosion programmée.

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