Cayes, vendredi 26 juillet 2024
Il y a exactement un mois depuis que la nouvelle ministre des affaires étrangères Madame Dominique Dupuy avait annoncé en grande pompe sur son compte X (anciennement Twitter) qu’elle va entamer une grande réforme dans la diplomatie haïtienne. Et pour commencer , elle a ajouté qu’après évaluation des profils elle a donné l’ordre de rappel ,selon la procédure, de plus de quatre-vingt (80) diplomates en poste à l’étranger dont une quarantaine de Chefs de mission. Comme toujours, on avait applaudi des deux mains une telle mesure lorsqu’on sait que la diplomatie haïtienne a été récemment l’objet de nombreux scandales sur plusieurs cas de corruption avérés dans les Missions diplomatiques à l’étranger. Et sans parler en plus de ce grand scandale médiatique honteux qu’avaient offert auparavant à la population deux anciens titulaires du MAE qui s’accusaient l’un, l’autre de corrompu sur les ondes d’une station de radio de la capitale et dont l’un d’entre eux avait présenté la candidature de madame Dupuy comme membre du Conseil présidentiel de transition qui devrait représenter son parti politique . Comme on le voit de nos jours , nos dirigeants ne finiront pas de salir l’image de notre pays à la face du monde avec leurs envies effrénés de gain facile .
Mais , revenons plutôt à cette fameuse réforme tant vantée par madame Dupuy. Au moment où nous écrivons ces lignes, nous avons la confirmation que la majorité des diplomates rappelés sont encore bloqués dans les pays où ils étaient accrédités puisqu’ils n’ont pas encore reçu les frais de rappel équivalents à deux mois de salaires ni les billets d’avion pour leurs conjoints et enfants qui vivent avec eux. Ces diplomates de carrière se voient aujourd’hui sans statut légal dans ces pays étrangers et sans un toit pour y loger avec leurs familles puisqu’ils sont obligés de remettre les résidences qu’ils occupaient à leurs nouveaux remplaçants. Il arrive même pour certains d’entre eux que le MAE leur doit plusieurs mois d’arriérés de salaire et de frais de représentation ainsi que d’autres montants pour des dépenses qu’ils ont effectuées avec leurs fonds personnels pour des travaux utilitaires soit dans les bâtiments logeant les représentations diplomatiques d’Haïti ou soit dans les résidences privées des chefs de mission.
Et pourtant , questionnée justement sur les frais de rappel lors de son fameux cri de réforme , la ministre avait donné la ferme garantie qu’ils sont déjà disponibles pour les concernés. Donc , on voit bien aujourd’hui que la vérité est loin d’être collée à sa veste . Madame Dupuy, a-t-elle au moins pensé que si son choix comme ministre des affaires étrangères n’était pas agréé par le CPT elle aurait pu se retrouver aussi aujourd’hui dans cette liste de diplomates rappelés, sans considération aucune , et pour la plupart des anciens collègues ou collaborateurs avec qui elle se plaignait souvent des mauvais traitements des administrations passées ? Il faut dire qu’on a la mémoire très courte en tant qu’haïtien lorsqu’on devient chef dans ce pays et qu’on veut exercer son pouvoir sur ceux qui n’ont pas les moyens adéquats pour se défendre.
La ministre Dupuy avait parlé de réforme n’est-ce pas ? Mais , est-ce qu’elle sait vraiment ce que c’est et comment s’y prendre pour la réaliser ? Car, une réforme, cela se prépare et il faut un plan et des moyens disponibles pour l’appliquer. Tel n’est pas le cas pour le moment d’après ce que lon constate en tout cas . Cela ne se fait jamais à partir de coups de tête et ni dans l’improvisation amateuriste. Et si on veut prêter foi aux informations qui nous parviennent, il semblerait que cette soit-disante réforme entamée par madame Dupuy s’assimile plutôt à cette pratique traditionnelle de chasse aux sorcières » retire lòt moun poum mete moun pam ak moun pa zanmim « , puisqu’il est grand bruit que les nouveaux diplomates promus ou nommés par madame Dupuy sont en majorité des pions du même ancien ministre et Premier ministre qui l’avait nommée elle-même dans la diplomatie à la mission de l’Unesco qu’elle dirigeait avant d’occuper la fonction de ministre des affaires étrangères. Très bonne manière, peut-on dire, de protéger les corrompus et de perpétuer la corruption dans ce secteur. Il serait plus sage pour madame Dupuy qui fait ses premiers pas dans la politique d’apprendre plutôt à appliquer la loi avec équité et à rapprocher davantage vers elle ses anciens alliés au lieu de créer de nouveaux ennemis car le pouvoir depuis quelques temps en Haïti est très éphémère. L’histoire récente est là pour nous le rappeler
Encore une fois, nous demandons instamment à madame Dominique Dupuy , ministre des affaires étrangères de son état , de se pencher avec tout le sens de responsabilité que lui commande son poste sur la situation de nos frères et sœurs diplomates abandonnés à leur sort en terre étrangère et qui , pour la plupart , sont beaucoup mieux qualifiés et expérimentés qu’elle . Ce faisant, elle évitera ainsi à la population haïtienne un nouveau camouflet et la grande déception de s’être laissée une fois de plus berner par une jeune politicienne au langage mielleux mais remplie de malice tout comme ses mentors qui lui ont mis le pied à l’étrier.
Ne vous méprenez pas, Madame, la nation haïtienne demande toujours des comptes , tôt ou tard , à tous ceux et celles qui s’amusent à violer les droits de ses vrais enfants !
Jean Guérard Métilus
Les Cayes , le 24 juillet 2024.
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