Une réforme constitutionnelle en porte-à-faux avec les impératifs du moment
La démarche de Gracien Jean, ministre délégué de facto chargé des questions électorales et constitutionnelles-bidon, de transmettre à Enex Jean-Charles, président d’un Comité de pilotage de la Conférence nationale ‘anba tab ak ti zanmi pouvwa a’, les propositions issues des consultations sectorielles, remet en question la relevance et la pertinence d’une réforme constitutionnelle dans le cadre de la situation actuelle d’Haïti. Cette approche, qui prétend enrichir le débat « démocratique » – sans pince de rire – s’inscrit dans un environnement socio-politique marqué par une crise aiguë de la sécurité et une contestation populaire exacerbée. Dès lors, plusieurs éléments sont à prendre en compte : cette action traduit-elle une volonté sincère de modernisation institutionnelle ou s’agit-il d’une manœuvre politique destinée à détourner l’attention des véritables urgences nationales ?
Alors que l’annonce officielle met en avant un processus consultatif, prétendument inclusif et participatif, l’examen des modalités de cette consultation révèle des biais évidents. Ainsi les groupes sollicités – intellectuels, journalistes, religieux et même le « secteur ésotérique » – ne peuvent à eux seuls incarner l’ensemble des voix qui composent la société haïtienne. L’exclusion de segments importants tels que les mouvements sociaux, les organisations de la société civile et les représentants des quartiers les plus vulnérables traduit une approche élitiste, éloignée des préoccupations concrètes des citoyens. Cette sélection restrictive des acteurs interroge la validité du processus : s’agit-il réellement d’un effort collectif de refonte des institutions ou d’une réforme façonnée par un cercle restreint vicieux au service d’intérêts particuliers ?
De plus, la concomitance entre cette annonce et les événements tragiques de la veille – une grande manifestation violemment réprimée par les forces de l’ordre, entraînant la mort d’un manifestant – donne à cette démarche » institutionnelle » un caractère presque provocateur. Alors que la population exprime son exaspération face à l’insécurité galopante « programmée » – M. Gracien Jean en devrait connaitre bien des secrets – et à l’inefficacité de l’État, le gouvernement de doublure a choisi de mettre en avant un débat constitutionnel mort-né totalement coupé des urgences immédiates.
Cette inadéquation des préoccupations populaires à l’agenda politique actuel, imposé aux apatrides avides de pouvoir et ‘l fè ajan fasil sou do malere ak malerèz’, ne peut que renforcer la défiance à l’égard des institutions et alimenter un sentiment de pouvoir en rupture avec les réalités vécues par le plus grand nombre. La réforme constitutionnelle, qui devait être un vecteur de stabilité et de consolidation démocratique, initié par le Parlement. ne risque d’apparaître que comme un écran de fumée pour masquer l’incapacité des autorités à répondre aux attentes fondamentales de la population.
Enfin, il est permis de s’interroger sur la finalité réelle de cette réforme dans un contexte de grande instabilité politique. Alors que le discours officiel insiste sur la nécessité de moderniser le cadre institutionnel en vue des élections prévues fin 2025 en Haïti, le passé historique de notre pays incite à la prudence. En effet, les révisions constitutionnelles initiées en temps de crise, en 1918 par exemple, ont souvent servi de levier à la consolidation des pouvoirs en mal de légitimité, plutôt que de répondre à des impératifs démocratiques. En l’absence d’un consensus national réellement représentatif et d’un climat sécuritaire propice à un débat serein, cette réforme est susceptible d’affaiblir l’architecture institutionnelle plus que de la renforcer. A ce titre, le débat reste ouvert : la priorité de l’Etat haïtien doit-elle être la refonte de ses textes fondamentaux ou la restauration des conditions minimales de sécurité et de stabilité sans lesquelles tout projet institutionnel est voué à l’échec ?
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