Depuis fin avril 2025, la République dominicaine a durci sa politique migratoire, avec plus de 20 000 expulsions de migrants haïtiens, dont de nombreuses femmes enceintes arrêtées dans les hôpitaux. Invité de RFI, le journaliste Miguel Sandoval, de Radio Funglode, évoque la crise migratoire entre les deux pays et esquisse de possibles solutions.
Miguel Sandoval reconnaît que la pression migratoire s’est intensifiée à cause de la crise en Haïti. Il rappelle que le président dominicain Luis Abinader demande une intervention internationale, affirmant que son pays ne peut résoudre seul les problèmes haïtiens.
Miguel Sandoval insiste sur la nécessité de respecter les droits humains, malgré le droit légitime d’un État à faire appliquer ses lois migratoires. Il admet qu’il y a eu des abus lors de certaines expulsions, et appelle à des sanctions contre les agents fautifs. Pour lui, les Haïtiens fuient une tragédie humanitaire et méritent un traitement digne. Il souligne aussi le défi pour la République dominicaine de protéger ses frontières tout en gérant sa croissance économique qui attire les migrants.
Il rappelle également que les Haïtiens jouent un rôle essentiel dans l’économie dominicaine. Le durcissement de la politique migratoire a déjà provoqué des pénuries de main-d’œuvre. Selon lui, il est urgent de mettre en place un cadre clair de régularisation : les entreprises devraient identifier leurs besoins et travailler avec l’État pour encadrer l’emploi des migrants, en s’inspirant de bonnes pratiques internationales – sans reproduire les abus.
Inondations dans le Bas-Artibonite en Haïti: les conséquences d’un conflit autour du barrage de Péligre
Ronen Paul nous emmène dans la commune Desdunes, dans le Bas-Artibonite. Depuis plus d’une semaine, plusieurs sections de la commune sont submergées alors qu’aucune pluie n’est tombée. L’origine se trouve bien plus au sud, dans le Centre : le barrage hydroélectrique de Péligre, à Mirebalais, est au cœur de la crise. Contrôlé par des gangs depuis fin avril, son arrêt forcé par des habitants a entraîné une coupure d’électricité à Port-au-Prince et un relâchement massif d’eau vers les zones en aval.
À Desdunes, l’eau a surpris les habitants en pleine nuit. Des familles entières, comme celle d’Oncira Célestin ou de Benoît Danastor, ont dû fuir en urgence, sans explication. Si aucune perte humaine n’est à déplorer, les dégâts matériels sont énormes : plantations ravagées, bétail emporté, maisons endommagées. Face à l’inaction des autorités, la population tente seule de se relever, en creusant des brèches et canaux de fortune.
Seul représentant local visible sur le terrain, Néhemy François dénonce l’obsolescence des infrastructures, comme un pont vieux de 70 ans qui aggrave la vulnérabilité de la zone. À l’urgence humanitaire, s’ajoute désormais une menace sanitaire : plusieurs cas de grattelle, une infection cutanée, sont apparus après un contact prolongé avec les eaux stagnantes. La population attend toujours une réponse des autorités.
Une ville dans le Massachusetts sous le choc après l’arrestation d’un jeune migrant brésilien
Aux États-Unis, à Milford dans le Massachusetts, un jeune migrant brésilien a été interpellé par la police de l’immigration, puis place en détention. Cette arrestation a provoqué un choc, aussi bien pour sa famille que pour la communauté locale.
« Je suis tombé des nues », confie Joao Gomes Pereira au journal Folha de São Paulo. Son fils Marcelo, 18 ans, a été interpellé le week-end dernier à Milford, alors qu’il se rendait à un entraînement de volley-ball. Joao Gomes Pereira raconte qu’il est arrivé aux États-Unis, il y a douze ans, avec sa femme et son fils, alors âgé de six ans. Ils étaient venus d’abord comme touristes, puis ils ont demandé des visas étudiants, mais ils sont restés même une fois ces visas expirés. Aujourd’hui, le père travaille dans une entreprise de nettoyage. Et il dit se sentir coupable d’avoir choisi de rester dans le pays sans papiers valides. En fait, c’est lui que les agents de l’immigration visaient ce jour-là.
L’arrestation de son fils Marcelo a créé une onde de choc dans la ville, d’après Folha de São Paulo. Un rassemblement de soutien a eu lieu dimanche dernier. La gouverneure démocrate, Maura Healey, a demandé des explications aux services d’immigration. L’avocat de Marcelo réclame sa libération sous caution, comme l’indique la chaîne CBS sur son site.
Pendant ce temps, des agents de l’immigration continuent d’encercler la maison familiale. Joao Gomes Pereira, la personne que les autorités recherchent, ne s’est toujours pas rendue. Ironie du sort, précise Folha de São Paulo : le père soutenait auparavant les discours de Donald Trump sur l’expulsion des immigrés criminels. Mais aujourd’hui, il réalise que la politique migratoire touche aussi des familles sans casier judiciaire.
Le Nicaragua accueille des ressortissants expulsés par les États-Unis
C’est à la Une de plusieurs journaux. Depuis l’arrivée au pouvoir de Donald Trump en janvier 2025, les expulsions de migrants, notamment vers l’Amérique centrale, se sont intensifiées. D’après La Prensa, treize vols ont été affrétés vers le Nicaragua. Et le président Daniel Ortega ne s’en cache pas. Selon le site Confidencial, il a même déclaré que les portes resteraient ouvertes pour les expulsés venus des États-Unis. Mais il leur a aussi conseillé… de ne pas y retourner. Parce que, selon lui, « là-bas, c’est la terreur ; ici, au Nicaragua, c’est la patrie ».
Un discours jugé hypocrite par Confidencial, qui souligne le double langage du régime Ortega. Le média rappelle que plus de 350 000 Nicaraguayens ont été forcés de quitter leur pays, fuyant les persécutions du régime. Des persécutions qui, selon El País, ne s’arrêtent pas aux frontières.
« L’exil ne garantit pas la sécurité », écrit le journal espagnol. De nombreux réfugiés vivent dans une peur constante, se sachant surveillés, harcelés, voire attaqués. El País cite notamment le cas de Joao Maldonado, un opposant au régime, qui a survécu à plusieurs tentatives d’attentat au Costa Rica. Le journal évoque aussi l’assassinat de Luis Ortega en 2024 à Upala, toujours au Costa Rica — un acte attribué à des opérations menées par les services nicaraguayens.
Journal de la 1ère
En Guyane, les corps de quatre victimes portés disparus après le naufrage d’une pirogue ont été retrouvés.