Haiti – Troisième acte au Ministère de la Santé : le SDP poursuit sa pièce burlesque

L’accord Tonton Noël du 21 décembre et la valse des ministres : une satire des maux haïtiens.

N’est-ce pas une brillante logique haïtienne que de voir le ministre de la Sécurité publique, celui-là même qui a permis aux journalistes et aux policiers de tomber dans le piège tendu par les gangs, se transformer aujourd’hui en sauveur du ministère de la Santé ? Un parcours sans faute, assurément, pour un homme qui sait comment éviter les balles, mais pas les responsabilités !

C’est à croire que le Ministère de la Santé publique en Haïti est devenu un théâtre d’ombres où se joue la farce d’un gouvernement en quête perpétuelle de crédibilité. Hier encore, le Dr. Duckenson Lorthé Bléma, rêvant sans doute d’un rôle de Tonton Noël bienveillant, a été sommairement remercié. Et pourquoi donc ? Pour avoir tenté de distribuer des cadeaux, mais pas ceux qu’on espérait : des promesses creuses emballées dans du papier scintillant, vite déchiré par la réalité crue de l’échec annoncé pour non versement total de l’amende exigée par Izo avant de lancer la « réouverture » de l’HUEH.

L’accord du 21 décembre, ou accord Tonton Noël entre copains-coquins, se voulait un miracle sous le sapin politique Tèt Kale-macouto-Lavalas. Concocté par le Dr. Ariel Harry et ses fidèles acolytes du SDP (Syndicat des Profiteurs Décoratifs), son représentant hautement conseillé par Rosemila Petit-Frère, devait inaugurer une ère de rédemption pour un gouvernement boiteux, accablé par les scandales de braquage de BNC, de milliards comme subvention pour la rentrée détournés. Mais voilà que, quelques semaines seulement après la révocation de son tout premier ministre de la Santé, le SDP (Syndicat des Profiteurs Décoratifs), et le conseiller-présidentiel décrié, Dr Louis-Gérald Gille, se retrouvent à la case départ, avec pour seul cadeau une crise qui refuse obstinément de se déballer.

Le SDP, ce consortium improbable de transfuges politiques, navigateurs entre gauche, droite, et, pour certains, l’au-delà des principes moraux, se voit maintenant chargé de trouver un troisième ministre de la Santé publique. Un poulet, disent certains avec une mordante dérision, destiné à remplacer un autre dans un capharnaüm où les hôpitaux généraux malades et les scandales de corruption se disputent la première place. Après tout, n’était-ce pas ce même SDP qui avait adoubé le Dr. Louis-Gérald Gilles, dont le nom plane encore sur le braquage rocambolesque de la Banque nationale de Crédit (BNC) ?

Le théâtre continue avec Patrick Pellissier, ministre de la Justice, qui aurait dû être le justicier traquant les failles du système. Mais dans un retournement de situation digne des meilleures tragédies, le voilà propulsé ministre de la Santé. Oui, celui qui devait poursuivre les fautifs devient leur successeur. Ah, la logique haïtienne, cet art de l’absurde où l’on confond volontiers la sanction et la promotion !

Le summum du grotesque est atteint lorsque l’on apprend que ce ministre de la Sécurité publique, sous le règne duquel des journalistes furent assassinés à l’intérieur même d’un hôpital, est promu à un poste censé guérir les maux du pays. Peut-être pense-t-on qu’il administrera une potion magique à l’ensemble de la nation, un élixir qui soignera à la fois les hôpitaux en ruine et les consciences gangrénées ?

Et voilà qu’approche la période des étrennes. Au lieu de solutions, c’est la distribution des primes et des postes qui bat son plein. « Des primes, vous en voulez ? Vous en avez ! » pourrait être le slogan officieux de cette mascarade gouvernementale. À ce rythme, le gouvernement haïtien, déjà qualifié du plus corrompu de la Caraïbe, est déterminé à s’octroyer la médaille d’or de l’incompétence festive.

On pourrait en rire si ce n’était tragique. Mais derrière cette farce grotesque se cache une réalité amère : celle d’un peuple qui, lui, ne reçoit ni cadeaux ni primes, mais bien le poids d’un système gangrené où les responsables, entre deux valses ministérielles, continuent de danser sur les ruines d’une nation en souffrance.

cba

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