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Haïti se meurt à la racine : et si tout recommençait à la maison ?

today2025-07-11 2

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Auteur : Ralf Dieudonné JN MARY

Auteur, conférencier, mentor et enseignant haïtien. Ingénieur civil diplômé de la Faculté des Sciences de l’Université d’État D’Haïti.

jeanmaryralf@gmail.com 

Téléphone : (+509) 34520855

Un jour, devant une assemblée attentive, j’ai posé une question simple mais dérangeante :

Avec tout ce qui se passe dans le pays aujourd’hui — l’insécurité grandissante, la misère qui ronge, l’instabilité qui paralyse — que sommes-nous réellement en train de payer à votre avis ?

Ce silence qui a suivi valait mille réponses. Car au fond de nous, nous savons tous que : ce que nous vivons aujourd’hui, ce sont les conséquences d’hier. En d’autres termes, nous payons les conséquences de nos choix.

Et ce n’est ni une fatalité, ni une malédiction. C’est une réalité. Une réalité que nous avons le devoir de regarder en face. Et c’est en commençant par nos foyers, au cœur de chaque famille, que ce changement doit prendre racine, car c’est là que se construit la société de demain. 

 La maison : première école, premier échec.

L’école d’un enfant ne commence pas avec un tableau noir ni un cahier flambant neuf. Elle commence à la maison, dans les bras de ses parents, dans les mots qu’il entend, dans les gestes qu’il observe.

Mais que voyons-nous aujourd’hui dans nos foyers ?

  • Des enfants livrés à eux-mêmes, pendant que les parents fuient leurs responsabilités ou les délèguent à des écrans.
  • Des mots de haine, de mépris, d’indifférence qui remplacent les paroles de respect, de droiture, d’amour du pays.
  • Une culture de la débrouillardise à tout prix, où « se débrouiller » veut souvent dire mentir, voler, tricher.

Et dans ce silence éducatif, c’est la rue, les réseaux sociaux, la violence ou la corruption qui prennent la parole.

C’est là que tout bascule.

Car ce que l’on sème dans nos maisons, c’est ce que le pays récoltera demain.

Un proverbe africain dit : « L’enfant qui n’est pas embrassé par le village finira par le brûler pour ressentir sa chaleur. »

On ne construit pas une nation avec des prières seules.

Je suis croyant. Je crois à la prière. Mais je ne crois pas à la démission.

Dieu ne bénira jamais la paresse morale. Il ne comblera pas les vides que nous refusons de remplir. Il ne sauvera pas un pays abandonné par ses propres enfants.

Nous avons trop souvent confondu foi et fuite.

Nous chantons Haïti pour le ciel, mais nous négligeons Haïti sur la terre.

Aucun pays ne se construit avec des mains croisées. Aucune génération ne s’élève dans l’inaction.

Nous crions notre amour pour Dieu, mais nous méprisons nos devoirs les plus simples :

  •  Respecter les lois.
  • Refuser la corruption.
  • Ne pas jeter nos ordures dans les rues.
  • Protéger les enfants, soutenir les jeunes, défendre les faibles.

Un bon chrétien, un bon citoyen, un bon haïtien… ce n’est pas trois personnes différentes.

Un bon parent, un bon croyant, un bon citoyen… ce n’est pas trois personnes différentes non plus. C’est une seule personne engagée.

Les fondations sont brisées.

Notre société est comme une maison bâtie sur du sable. La moindre pluie emporte ses espoirs.

Pourquoi ?

Parce que les fondations sont fissurées : la famille, l’éducation, la transmission des valeurs.

Pendant que le pays s’écroule, certains prient, d’autres fuient, d’autres encore haussent les épaules. Mais prier sans agir, c’est espérer sans construire.

Il ne suffit pas de lever les mains vers le ciel si nos pieds refusent d’avancer sur cette terre.

Mais une chose est sûre :

Personne ne viendra faire ce travail à notre place.

Une nation ne s’élève pas plus haut que ses familles. Et un peuple ne va pas plus loin que les valeurs qu’il cultive chez lui.

 Reprenons la responsabilité. Maintenant.

Il est encore temps de nous tenir debout. D’assumer nos rôles. De réparer ce qui peut l’être.

C’est dans nos maisons que commence le salut d’Haïti.

Parents : redevenez des enseignants. Faites de votre maison un sanctuaire de valeurs, pas un lieu de reproduction de la violence sociale. Faites de votre maison la première école sociale, morale, et spirituelle pour Haïti.

Jeunes : vous êtes l’avenir, oui, mais aussi le présent. Refusez d’imiter les modèles corrompus. Osez la différence.

Églises, écoles, citoyens conscients : engagez-vous, ne restez pas à l’écart. Le changement n’aura pas lieu en silence.

Haïti a encore une chance.

Pas grâce à une élection.

Pas grâce à un plan international.

Pas grâce à un miracle venu d’ailleurs.

Mais grâce à toi, à moi, à chacun de nous.

Dans chaque foyer, dans chaque quartier, dans chaque enfant que l’on forme à aimer, à respecter, à servir.

Le combat pour Haïti ne se gagnera pas en un jour. Mais il commencera toujours chez nous. 

Ensemble, levons-nous.

Un pas à la fois. Une maison à la fois. Un enfant à la fois.

Car c’est ainsi qu’on rebâtit une nation.

Ralf Dieudonné JN MARY 

Fils de ce peuple, frère de ses douleurs, témoin de son potentiel.

Je crois qu’un mot juste peut réveiller une génération.

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