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Haïti-Observateur. Référendum et élections générales : La charrue placée devant les bœufs

today2025-02-02 2

Haïti-Observateur. Référendum et élections générales : La charrue placée devant les bœufs
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Référendum et élections générales : La charrue placée devant les bœufs

Les différentes équipes, qui ont été mises en place en Haïti, depuis l’assassinat criminel de Jovenel Moïse, pour diriger Haïti, se sont appliquées, sans distinction, à remplir la feuille de route imposée par leurs patrons de la communauté internationale. D’Ariel Henry, dirigeant en solo, à l’équipe multicéphale composée d’une présidence tournante de neuf membres, en passant par celle-ci encore, avec Gary Conille comme Premier ministre, ils se sont tous jetés, tête baissée, dans la logique du double objectif d’élections et de référendum. Sans poser de questions, trop heureux de trouver des créneaux pour s’enrichir à très brève échéance.

Il semble qu’il y ait de quoi séduire n’importe quel patriote ou bien que ceux assumant la « responsabilité de choisir » les dirigeants s’assurent de faire appel à une catégorie spécifique de citoyens haïtiens. En tout cas, si Washington, qui dicte ses choix sociopolitiques à Haïti, « sous tutelle », par le biais des Nations Unies, désenchanté avec son Premier ministre initial, a décidé de s’en débarrasser, le second chef de gouvernement, Garry Conille, dont il avait inspiré le choix, a été mis à pied par le Conseil présidentiel intérimaire (CPT). De toute évidence avec l’assentiment du grand patron.

En effet, bien que l’insécurité fût, dès le départ, à l’ordre du jour, que ce soit sous le régime monocéphale du Dr Ariel Henry, sous le tandem Gary Conille et le CPT de neuf membres, ou encore sous la direction actuelle d’Alix Didier Fils-Aimé à la primature, tous ces gouvernements ne juraient – et ne continuent de jurer – que par le « transfert des pouvoirs à un président élu » à l’issue de la transition. Ces exigences reviennent comme des leitmotivs transmis aux différentes équipes gouvernementales, nommées par les pays membres du CORE Group agissant sous les mots d’ordre du Département d’État américain.

D’un côté comme de l’autre, ces entités donnent l’impression de croire que l’insécurité entretenue par les criminels coexiste avec l’organisation de scrutins crédibles. Aussi, à l’instar des équipes qui l’ont précédée, celle composée du CPT et de Fils-Aimé suit-elle à la lettre le protocole imposé par le Blanc.

On se souvient comment Ariel Henry et ses hommes réitéraient les communiqués et ne rataient jamais une seule occasion, au fort de l’insécurité, sous toutes ses formes, qui sévissait dans les différentes composantes de la société, surtout dans les départements de l’Ouest et de l’Artibonite – notamment à hauteur de 80 % à la capitale du pays – de faire mention de la tenue du référendum national avant d’organiser des élections « justes, crédibles, transparentes et démocratiques ».

Alors que se multipliaient les kidnappings, les assassinats, les viols, les vols, les braquages, sans afficher la moindre volonté de contrecarrer les criminels armés qui gagnaient de plus en plus de terrain, se faisant une force redoutable par rapport aux forces de l’ordre. D’une équipe à l’autre, appelée à prendre le pouvoir par la communauté internationale, le comportement reste inchangé. On eut dit qu’elles ont toutes juré de laisser le champ libre aux gangs armés pour qu’ils s’épanouissent et contrôlent, surtout, la première ville du pays.

Comment peut-on vraiment comprendre la nonchalance, sinon l’inaction, des dirigeants face aux malfrats dont l’emprise sur 80 % de la capitale avait été dénoncée depuis plus de deux ans par l’ONU, sans qu’aucune intervention sérieuse n’ait été lancée avant que la situation ne devienne la crise sans précédent qu’elle est aujourd’hui ?

L’application de la feuille de route, telle que constatée tour à tour avec les équipes Henry et Conille, reste identique par rapport aux présents détenteurs du pouvoir, attaquant le problème encore par le mauvais bout. Comme si Haïti n’était pas sous l’empire des criminels, qui ne font qu’augmenter les actes criminels.

Au fait, les massacres qu’ils perpétraient, dont les nombres se limitaient à des douzaines, ont atteint plus que la centaine. Avec le déploiement de la Mission multinationale d’appui à la sécurité (MMAS), lancée depuis juillet 2024 avec un premier contingent de 300 policiers du Kenya, sous la direction du général policier kenyan Godfrey Otunge, qui a été rejointe par près de 600 autres, en deux voyages. Puis des Jamaïcains et des Bahamiens, en sus des Guyanais au nombre de 75.

Il y a à peine trois semaines, un autre groupe de 150 militaires du Guatemala est arrivé à la capitale haïtienne. Un dernier contingent d’environ 400 Kenyans est venu grossir l’effectif de la Mission multinationale d’appui à la sécurité voilà seulement une semaine. Bien que le nombre de troupes, désormais déployées sur le terrain, atteigne ou soit proche de celui annoncé par les parties prenantes de cette mission, soit 1 000, rien ne laisse constater une amélioration dans la question sécuritaire en Haïti. Car les criminels continuent d’occuper le haut du pavé.

Il faut attirer l’attention sur les préoccupations exprimées dans certains milieux internationaux, notamment aux Nations Unies, par rapport aux insuffisances dangereuses de la MMAS. Comme le secrétaire général des Nations Unies, Antonio Guterres, se faisant l’écho des inquiétudes de l’organisation qu’il dirige, en ce qui concerne cette force appelée à aider à mettre fin à l’emprise des gangs armés sur plus de 80 % de la capitale haïtienne. Il ne rate jamais l’occasion de dénoncer ce qu’il dit être une force sous-équipée, d’effectif insuffisant et sous-financée.

Aussi ne cesse-t-il d’appeler les États membres à participer au financement de la MMAS. Mais un appel qui passe par une oreille et sort par l’autre, car aucun pays, à part les États-Unis et une poignée de ses alliés, ne s’est laissé émouvoir par un tel discours.

Au moment où le pays reste aux abois, sous la férule des criminels, le gouvernement tourne le dos à toute initiative menant à la disparition de ces derniers et au rétablissement de la sécurité, de la paix et de la sérénité.

Les autorités mettent résolument le cap sur la tenue d’un référendum avant de lancer les opérations électorales. Jouant le geste à la parole, elles ont créé un Conseil électoral qui, à son tour, met en place les institutions connexes.

Dans cette perspective, l’équipe dirigée par Alix Didier Fils-Aimé dit avoir franchi une nouvelle étape dans le lancement du processus de révision de la Constitution, visant à doter le pays d’« une Constitution plus moderne et représentative », soulignant sa volonté de placer « les forces vives de la nation au cœur des débats ».

Mais peut-on réellement organiser des élections générales dans quelques enclaves sécurisées alors que le pays tout entier est en proie au chaos ? En mettant la charrue avant les bœufs, les autorités risquent de ne récolter qu’un simulacre de démocratie, sans base légitime ni stabilité durable.

Veuillez lire le texte original sur Haiti-Observateur
Edition du 29 janvie- 5 févier 2025.qxp_HO 1/29/25 6:55 AM Page 10

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