Haiti – Le président de l’AEA, Pierre Robert Auguste, dénonce l’alignement de Washington sur un pouvoir discrédité et corrompu

Dans un message officiel publié vendredi sur X (anciennement Twitter), le Bureau des affaires de l’hémisphère occidental du Département d’État américain a salué, ce vendredi 2 août, certains membres du Conseil présidentiel de transition (CPT) pour avoir, selon Washington, résisté à des tentatives de corruption destinées à saper la stabilité d’Haïti. Le texte souligne que les États-Unis « réaffirment leur soutien à la collaboration entre ces membres du CPT et le Premier ministre pour stabiliser Haïti, dans notre intérêt national partagé. » Le message, explicite, prévient que « toute personne qui chercherait à perturber cette coopération devra en répondre. » Cette position intervient à quelques jours de la fin du mandat initialement fixé à Fritz Alphonse Jean, président tournant du CPT, et au moment où certaines voix internes dénoncent des tentatives de mainmise étrangère sur les choix institutionnels à venir.

Mais cette déclaration américaine, interprétée par plusieurs observateurs comme un alignement sur l’aile pro-Ariel Henry du Conseil de transition, suscite déjà des réactions virulentes. Pierre Robert Auguste, entrepreneur, président de l’Association des Entrepreneurs de l’Artibonite (AEA), et figure du groupe socio-politique « Gonaïves debout », y voit une ingérence qui foule au pied les principes élémentaires du droit international : « Cette position américaine, qui révèle des contradictions intéressées, est moralement affligeante pour le peuple haïtien que le gouvernement actuel le plus corrompu coince dans des misères abjectes inhumaines », déclare-t-il, tout en dénonçant le plan de soutien humanitaire de l’OEA sur trois ans à hauteur de 900 millions de dollars, qu’il qualifie d’« estimation douteuse ».

Dans ce texte à portée contestataire, Pierre Robert Auguste accuse directement Washington de chercher à subvertir la volonté populaire en soutenant des élites corrompues, politiquement compromises et économiquement incapables de redresser le pays. Il invoque le principe sacré de l’autodétermination et rappelle aux Américains leur propre doctrine constitutionnelle selon laquelle un peuple a le droit de se révolter contre un gouvernement qui viole ses droits fondamentaux.

Ce double positionnement révèle un décalage notable entre les priorités exprimées par certains partenaires internationaux, notamment les États-Unis, et les attentes d’une partie significative de la société civile haïtienne, qui exprime des réserves face à des processus éloignés des réalités quotidiennes et des exigences de transparence et de gouvernance.

Association des Entrepreneurs de l’Artibonite

Cette position américaine, qui revèle des contradictions intéressées, est moralement affligeante pour le peuple haitien que le gouvernement actuel le plus corrompu coince dans des misères abjectes inhumaines au point que l’OEA croit nécessaires des interventions humanitaires futures sur une période de 3 ans pour un montant paradoxalement et curieusement étonnant de plus de 900 millions de dollars américains, alors que le développement économique et social du pays ne parait guère prioritaire dans cette estimation douteuse.

La menace brandie ne saurait vaincre la tenacité de ceux qui souffrent et qui rêvent d’une bonne gouvernance pour leur pays méprisé et avili. Elle constitue en outre une atteinte grave au principe sacré de l’autodétermination en droit international et une remise en question inacceptable des droits de la personne.

Ce sont les américains qui reconnaissent eux-mêmes qu’un peuple a le droit de se révolter si son gouvernement viole ses droits fondamentaux. Les américains feraient mieux de ne pas subvertir la volonté du peuple haitien qui ne veut plus de gouvernement corrompu, socialement insensible, économiquement défaitiste, politiquement et internationalement indigne.

Pierre Robert Auguste
Président de l’AEA

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